Décryptage

Les mentions au bac ont-elles encore de la valeur en 2023 ?

2020 et 2021 ont vu une explosion du nombre de mentions au bac avec plus de 470.000 mentions attribuées.
2020 et 2021 ont vu une explosion du nombre de mentions au bac avec plus de 470.000 mentions attribuées. © Adobe Stock/ pict rider
Par Thomas Leduc, publié le 15 juin 2023
4 min

En 2021, presque deux candidats au bac sur trois ont été récompensés d'une mention "assez bien", "bien" ou "très bien", et jusqu'à trois sur quatre pour le bac général. Un accès à la mention qui interroge.

En 2001, 78,6% des candidats au bac ont décroché le précieux sésame, dont un sur quatre (25,5%) avec mention. Vingt ans plus tard, en 2021, le rapport s'est presque inversé : le taux de mention a atteint 64,1%, soit une étape franchie par près de deux candidats sur trois. Les "sans mention" sont devenus minoritaires.

Si l'augmentation du nombre de mentions a été régulière depuis les années 2000, leur nombre a explosé à partir de 2020. Une année marquée par la crise sanitaire et l'annulation des épreuves du bac, et suivie du premier bac nouvelle formule. Ces deux années ont signé des records, avec plus de 470.000 mentions attribuées à chaque session.

Des lycéens mieux préparés

"Ce n’est pas vraiment une hausse de niveau directe, mais plutôt le signe d'un investissement accru, entraînant de fait cette hausse de niveau", explique Antoine, qui a obtenu son bac avec mention "très bien" en 2021.

Pour cet étudiant de Sciences Po Aix, (13) la mention n’est pas plus "simple à obtenir maintenant". Les élèves sont surtout "mieux préparés, et plus motivés pour cela". Cela s’explique notamment par le fait que les lycéens peuvent désormais choisir leurs spécialités. "Cela a permis aux élèves d’étudier des sujets qui les intéressent vraiment, et ils sont donc forcément plus investis", poursuit Antoine.

Le jeune homme ajoute que les programmes sont potentiellement "mieux conçus" et que le développement des cours particuliers a pu aider bon nombre d’élèves.  

Un avis partagé par Margaux*, qui a également obtenu son bac mention "très bien" en 2021. Pour elle, la réforme du bac "a permis la valorisation du contrôle continu qui permet d’obtenir plus facilement une mention".  

La mention, une fierté personnelle

Il y a près de 20 ans, Elisabeth a décroché son bac S avec mention "très bien". À l'époque, moins de 10.000 bacheliers généraux (ES, S et L) atteignaient ce niveau, contre plus de 50.000 aujourd'hui. Elle y a accordé "une grande importance" : "C’était pour moi une distinction personnelle et une démonstration de mon sérieux et de ma recherche de réussite".

Un accomplissement qui aurait représenté la même fierté si elle avait passé son bac en 2023. "Je ne sais pas si elle aurait eu autant de valeur d’excellence avec l’augmentation du nombre d’élèves obtenant des mentions, mais j’y aurais accordé autant d’importance", affirme-t-elle.

Un aspect non déterminant pour les formations

Si la valeur d’une mention reste subjective, ce qui importe surtout les lycéens aujourd’hui, c’est son utilité. Alors que la grande majorité des formations du supérieur ont intégré le calendrier de Parcoursup, elles sélectionnent leurs étudiants sans connaître leur mention au bac. C'est notamment le cas des classes préparatoires. "La question des mentions ne se pose pas, puisque les élèves reçoivent leurs propositions d’admission avant le résultat du baccalauréat", explique-t-on au lycée Blaise Pascal à Orsay (91).

Du côté de Sciences po Paris, la mention "très bien" au bac permettait auparavant d’accéder au cycle bachelor sans passer par les concours, mais cela a été supprimé en 2014. Intégrée au calendrier de Parcoursup, l’admission des étudiants se fait désormais avant les résultats du bac.

Cependant, la mention reflète encore le niveau des élèves admis dans ces filières sélectives. D’après les chiffres communiqués par Sciences po Paris, "97% des élèves des lycées français admis à Sciences po par la voie générale ont obtenu leur bac avec mention très bien".

Pour Antoine, même si cela reste un "gage de qualité", la mention est donc devenue "inutile pour beaucoup de formations". Margaux est du même avis : "Ce ne sont plus que les notes qui comptent aujourd’hui, et la mention perd sans doute de son utilité. Je pense qu’elle sert surtout à fournir une satisfaction personnelle par rapport au travail fourni pendant toutes ces années". 

*Le prénom a été modifié

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