Découverte des métiers de la joaillerie : "Les collégiens ont les yeux qui brillent"
Et si on s'orientait en faisant, en créant et en dessinant ? C'est le pari de l'événement "De mains en mains", organisé par l'École des arts joailliers et la maison de bijouterie Van Cleef & Arpels, à Lyon. Pendant quelques heures, des collégiens ont pu y découvrir des métiers qu'ils ne soupçonnaient même pas.
Bien loin de l'image que l'on a des ateliers de joaillerie où la concentration et les chuchotements pourraient être de mise, à l'hôtel InterContinental de Lyon (69), l'effervescence est au rendez-vous ce mardi 30 novembre. Dans les salles, de petits groupes de cinq élèves s'activent en blouse blanche. Outils en main, on les entend gratter, frotter, polir…
Toutes les 20 minutes, les groupes changent d'atelier pour découvrir, au fur et à mesure, six métiers de la joaillerie : dessinateur, expert pierre, joaillier, sertisseur, polisseur et concepteur 3D. Le parcours, organisé par la maison Van Cleef & Arpels et l'École des arts joailliers, a justement pour but de donner une autre image de la bijouterie et des métiers manuels, des métiers vers lesquels les collégiens n'osent peut-être pas s'orienter.
"Ça veut dire quoi le cabochon ?"
"C'est quoi cette machine, monsieur ?", "Ça prend combien de temps de faire le bijou ?", "Ça veut dire quoi le cabochon ?", "Mais madame, j'arrive pas, c'est coincé"… Curiosité est bien le maître-mot de cette journée de découverte. Sirine, Lina, Mylïss, Yasmine et Ayoub sont tous les cinq en quatrième au collège des Battières à Lyon. S'ils n'ont pas tous envie de s'orienter vers les métiers de la joaillerie, tous sont contents de participer à cette sortie scolaire.
Il faut dire qu'ils la préparent depuis quelques semaines maintenant. "On a été choisis par le rectorat pour se joindre au projet, explique Valérie Randu, professeure de mathématiques au collège des Battières. Je suis en binôme avec la professeure d'arts plastiques pour faire un travail sur le design bijou."
S'initier aux différentes étapes de la création des bijoux
Les élèves de quatrième ont ainsi participé à quatre ateliers pour créer des bijoux (collier, boucles d'oreille ou broche). "Pour qu'il y ait des mathématiques, j'ai exigé de la symétrie dans les bijoux", précise la professeure. En fin d'année, les collégiens passeront un oral pour présenter leur création aux professeurs. Des artisans viennent donc, depuis la rentrée scolaire, rencontrer les élèves pour leur parler de leur métier et des techniques de réalisation.
Ici, la théorie devient concrète. Accompagnés par des professionnels de la maison Van Cleef, ils s'initient aux différentes étapes de la création des bijoux. "On travaille beaucoup sur l'orientation professionnelle au collège, comment choisir la bonne orientation et là, c'est l'occasion de leur faire découvrir des métiers auxquels ils n'avaient même pas pensé. Ils ne savaient même pas qu'ils existaient", confirme l'enseignante qui, en passant dans les groupes, leur rappelle comment on calcule un diamètre d'une bague.
S'orienter en faisant
À chaque nouvel atelier, les collégiens découvrent une autre facette de la joaillerie. Après quelques explications de la part des artisans, les élèves passent à l'action. "On a limé de l'or, on a fait du dessin et c'est ce que j'ai préféré parce qu'on créé, c'est mieux !" explique Sirine, 13 ans. Tous s'appliquent, comme Ayoub, qui tente d'insérer une pièce dans un petit écrin. "Tu y es presque", l'encourage l'artisan. "Oui, mais c'est dur", répond le collégien.
En plus du collège des Battières, les élèves de quatrième et troisième du collège Jules Michelet de Vénissieux, à Lyon, participent aussi à l'événement toute la semaine. "Ils sont là pour expérimenter les gestes très concrets du joaillier. L'objectif est qu'ils puissent se rendre compte en quoi ça consiste et qu'ils puissent aussi voir les bijoux finis en visitant l'exposition pour faire le lien entre les métiers et le résultat final", détaille Marie-Aude Stocker.
Des métiers ouverts à ceux qui aiment le travail manuel
Avec cet événement, la directrice des ressources humaines de Van Cleef & Arpels aimerait créer un élan chez les plus jeunes qui ont encore beaucoup d'a priori. "On veut leur montrer que ces métiers ne sont pas réservés à un milieu particulier, mais au contraire qu'ils sont à la portée de n'importe quel jeune qui aime le travail manuel. Et si cela peut leur ouvrir des portes vers d'autres métiers, pourquoi pas ?"
Mylïss, lui, très minutieux, a déjà envisagé de poursuivre ses études en plomberie, mais a adoré découvrir un univers qui le sort du collège. L'année dernière, une collégienne a même eu le déclic pour intégrer un CAP joaillerie. "On voit déjà le résultat : les élèves ont les yeux qui brillent, c'est formidable", conclut la professeure de mathématiques.
