Décryptage

Saint-Joseph, Notre-Dame et Jules Ferry : découvrez les noms les plus donnés aux établissements scolaires

Le lycée Jules Ferry de Paris.
Le lycée Jules Ferry de Paris. © Alexandra BREZNAY/REA
Par Manon Pellieux, publié le 21 juillet 2022
6 min

INFOGRAPHIE. Les écoles primaires, collèges ou lycées sont très nombreux à porter les mêmes noms. Bien souvent des références historiques ou culturelles, ils ont évolué avec le temps.

Saint-Joseph, Notre-Dame ou encore Jules Ferry : qui n'a pas connu un établissement scolaire affublé de ce patronyme ? Rien d'étonnant puisque ces trois noms sont les plus donnés aux écoles primaires, collèges et lycées en France.

Dans ce paysage, Saint-Joseph fait la course en tête avec environ 700 établissements. Ce nom est logiquement surreprésenté au sein des établissements privés. Du côté du public, c'est Jules Ferry qui arrive en tête. Un nom assez vite trouvé : plusieurs fois ministre de l'Instruction publique (l'ancien nom de l'Éducation nationale) au XIXe siècle, il a rendu l'école laïque et obligatoire de 6 à 13 ans.

École primaire, collège ou lycée : les noms les plus utilisés

Parmi les noms les plus répandus, celui de l'homme politique Jean Jaurès est fortement plébiscité. Si ses poésies sont souvent récitées dans les salles de classe, Jacques Prévert figure aussi régulièrement sur le fronton des écoles primaires. Enfin, alors que beaucoup se creusent la tête pour trouver un hommage original, une petite centaine d'établissement se contentent de prendre le nom d'"école du centre".

La nature inspire aussi beaucoup. On compte une cinquantaine de référence aux "tilleuls" et une vingtaine aux "marronniers". Et il n'y en a pas que pour les plantes. Car en plus de faire le printemps, les hirondelles donnent leur nom à une trentaine de structures.

"Entre ici" à Jean Moulin

Du côté des collèges, une figure historique se dégage particulièrement : le résistant français Jean Moulin. Au-delà de son importance historique, un autre facteur explique cette popularité. Ses cendres ont été déplacées au Panthéon en 1964. Or, c'est durant cette décennie qu'un nombre important de collèges se sont construits.

Justement, ce sont surtout des personnalités de l'après-guerre qui sont mises en avant par les collèges. Le biologiste Jean Rostand prête son nom 70 fois environ. S'il a écrit "L’Étranger", l'écrivain Albert Camus est loin de l'être auprès des collégiens puisqu'il donne son nom à une soixantaine d'établissements.

Les lycées font eux la part belle aux scientifiques : Léonard de Vinci, les mathématiciens Blaise Pascal et Nicolas de Condorcet, et l'ingénieur Gustave Eiffel figurent parmi les noms les plus récurrents. Mais également Marie Curie, qui avec Jeanne d'Arc ou l'artiste Camille Claudel, témoignent d'une certaine forme de féminisation des noms de lycée.

Peu d'établissements scolaires au nom féminin

Cette féminisation concerne surtout la dernière décennie et ne rattrape pas beaucoup le retard sur les patronymes masculins. Si dans le privé, la Pucelle d'Orléans permet de maintenir un certain équilibre, le public est plus frileux.

La femme qui prête le plus son nom aux écoles primaires, collèges et lycées publics est Simone Veil, mentionnée sur 181 frontons. La scientifique Marie Curie arrive en deuxième position, devant Louise Michel, une figure féministe de la Commune de Paris.

L'influence locale ou politique peut aussi jouer sur le choix des noms. De nombreux établissements le long de la Méditerranée sont, par exemple, nommés en hommage à l'écrivain provençal Marcel Pagnol. Léon Blum, président du Conseil des ministres sous la Troisième République et chef de file du Front populaire, est quant à lui surtout représenté dans d'anciennes communes communistes, comme Armentières (59) ou Villemoustaussou (11). Parfois, ces écoles et collèges Léon Blum se trouvent tout simplement dans une rue qui porte le même nom.

Et aujourd'hui ?

Depuis 2012, un nom d'établissement sort particulièrement du lot : Simone Veil. Ils sont plus d'une cinquantaine sur les plus de 1.300 qui se sont créés.

Nelson Mandela, ancien président d'Afrique du Sud, prix Nobel de la paix est aussi plébiscité par une vingtaine d'établissements. Il fait partie des rares étrangers choisis. Enfin, Aimé Césaire, homme politique et poète martiniquais est choisi par 10 établissements.

Parfois, donner un nom permet aussi de rendre hommage. Une école primaire et un collège consacrent Samuel Paty, le professeur d'histoire-géographie assassiné à Conflans-Sainte-Honorine (78) en 2020. Arnaud Beltrame, le gendarme également assassiné dans l'attentat terroriste de Trèbes (11) en 2018, est cité trois fois. Caroline Aigle, première femme pilote de chasse dans l'Armée de l'air décédée en 2007 à 32 ans, est quant à elle mentionnée six fois.

Mais être mort n'est pas une condition pour donner son nom à un établissement scolaire. Le chanteur Pierre Perret peut en témoigner, tout comme Thomas Pesquet. Trois écoles primaires et un lycée professionnel empruntent le nom de l'astronaute.

Et malgré ses nombreux mois passés en orbite autour de la terre, Thomas Pesquet ne rencontre pas autant de succès que son fameux voisin de fiction de l'astéroïde B612 : six écoles primaires font le choix "du Petit Prince" depuis 2012. En effet, quoi de mieux que de porter le nom du livre que tout élève lira au moins une fois dans sa scolarité.

Les noms d'établissements les plus donnés depuis 2012

Méthodologie
Pour établir cette analyse, l'Etudiant n'a pris en compte que les écoles primaires, collèges et lycées. Les écoles maternelles ne figurent pas dans ces données, de même que les établissements privés hors contrat.

Parmi cette catégorie, on constate que depuis 2012 le nombre d'écoles alternatives sont nombreuses à éclore. On compte par exemple plus de 200 nouveaux établissements "Montessori" depuis 2012.

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