Ecoles de commerce : les écrits aux concours post-prépa reportés, les oraux annulés
Alors que l’épidémie de coronavirus est toujours aussi forte, contraignant la France au confinement, les écoles de commerce adaptent l’organisation de leurs concours post-prépa et AST. Conséquence : les écrits sont reprogrammés à fin mai ou mi-juin et les oraux sont annulés.
Après une période de flou, la décision est tombée le 24 mars 2020. Les concours et examens nationaux sont reprogrammés "à une date ultérieure", annoncent le ministère de l'Enseignement supérieur et celui de l'Education nationale. Les écoles du Chapitre annoncent par ailleurs l'annulation des épreuves orales.
Report des écrits BCE et Ecricome entre fin mai et mi-juin
Dans ce cadre, les écoles classeront les candidats à partir des 30 coefficients traditionnellement attribués aux épreuves écrites par la BCE (25 pour Ecricome). Le SIGEM 2020 (système par lequel les candidats classent selon leurs préférences les écoles auxquels ils sont déclarés admis à l'issue du concours) se tiendra donc sur cette base uniquement.
Pour Alain Joyeux, président de l’APHEC (association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales), la décision de reporter les écrits était "inéluctable, les circonstances l’imposaient".
Félix Papier, directeur du programme Grande Ecole de l’ESSEC, voit déjà pour sa part surgir des questions concernant la barre d’admission 2020. "D’ordinaire, nous établissons une barre d’admissibilité sur la base des résultats aux écrits. Puis la barre d’admission est fixée au moment des jurys finaux, après les oraux".
indique sur son site que "les écoles membres travaillent activement sur les nouvelles modalités des concours prépa dans une perspective de report des épreuves et en coordination avec la BCE."
Delphine Manceau, présidente de la banque Ecricome et directrice de Neoma Business School, se dit "solidaire de la décision prise par l’ensemble des écoles du Chapitre, qui vise avant tout à préserver la sécurité sanitaire de tous dans ces circonstances exceptionnelles et à stabiliser l’organisation des concours dans cette période inédite."
Le Chapitre des écoles de commerce annonce une réduction de 50% sur les frais de concours que ce soit pour les admissions post-bac, post-prépa ou en admissions parallèles. "Nous souhaitons contribuer à l'effort que les familles devront consentir dans une période économique qui peut s'avérer complexe", précise le Chapitre.
L’annulation des oraux, une "surprise"
La décision a été collective rappelle Delphine Manceau, présidente d'Ecricome. "Elle a été prise par l’ensemble des écoles et NEOMA est solidaire de cette décision. L’objectif était de respecter les impératifs sanitaires et il a semblé qu’organiser un grand tour de France pour les candidats n’était pas raisonnable dans les circonstances actuelles."
Par ailleurs, l’idée d’organiser les oraux en visioconférence a aussi été écartée pour une question d’équité de traitement : "nous avions une inquiétude sur la capacité du réseau internet à tenir face à la demande très importante actuellement et nous avons perçu un risque d’engendrer une rupture d’égalité dans les zones blanches – sans oublier les inégalités entre les étudiants en matière d’équipement technologique", indique Delphine Manceau.
Cependant, Alain Joyeux se dit surpris de l’annulation des oraux, notamment parce que cette annulation ne concerne pas les concours d’écoles d’ingénieurs : "Si les circonstances exigent une annulation des épreuves orales, comme la ministre le souhaitait vraiment, nous n’avons rien à dire. Cependant, que des écoles d’ingénieurs puissent maintenir leurs oraux, comme cela semble être le cas à ce jour, cela pose question. Professeurs et élèves ne comprennent pas pourquoi tout le monde n’est pas logé à la même enseigne et la colère est présente. Je suis en train de rédiger un courrier qui sera adressé à la présidente de la CGE, Anne-Lucie Wack."
"Petites prépas" et les "petites écoles" pénalisées ?
L’annulation des oraux peut par ailleurs "pénaliser les petites prépas", estime Alain Joyeux : "des candidats moins forts aux écrits pouvaient gagner beaucoup de points grâce aux épreuves orales et rattraper des centaines de places. Cela risque aussi de pénaliser les candidats bons à l’oral en langues."
Alain Joyeux estime aussi que "l’annulation des oraux pénalise les petites écoles qui comptent beaucoup sur la période des entretiens d'admission pour séduire les candidats."
Delphine Manceau dit comprendre que l’annulation des oraux puisse "générer du stress" et assure que les écoles seront "présentes pour accompagner les candidats dans les semaines qui viennent". Pour les écoles, "les oraux constituent une période précieuse de sélection mais aussi de rencontre des candidats, et c’est très important pour eux comme pour nous." NEOMA réfléchit, comme d’autres écoles, à d’autres formats d’échanges avec les candidats, comme l’organisation de visite virtuelle de l’école.
"Nous gardons les mêmes équipes d’admisseurs pour contacter les candidats et les aider dans leur choix. Nous savons que les oraux sont habituellement un moment clé de choix réciproque, nous travaillons donc à mettre en place les mêmes types de dispositifs pour aider les étudiants à faire ce choix", précise Delphine Manceau.
Les concours en admissions parallèles
le Chapitre des écoles de management de la CGE a tranché, le mardi 31 mars. La sélection des candidats en admissions parallèles sera réalisée sur dossier.
. A priori, "tous les concours seront transformés en examen des dossiers, mais cela suppose des changements de règlement du concours pour pouvoir le faire dans un souci d’équité de traitement", précise Jean-François Fiorina.
Les concours évaluent la possibilité de maintenir les écrits du Tage-Mage dans de "bonnes conditions", même si la décision n’est pas encore prise sur ce point.
Les évolutions prévues pour permettre ces nouvelles modalités de sélection impliquent d’adapter les règlements pédagogiques et celui des concours. C’est une demande faite par le Chapitre des écoles de management (Conférence des grandes écoles). Ces évolutions devront être validées par la CEFDG (Commission d'évaluation des formations et diplômes de gestion).
Mais ces changements, notamment l'annulation des oraux, sont sources de mécontentement pour les candidats comme pour les professeurs de CPGE...
Le BDE d'HEC Paris a lancé une pétition pour un maintien des oraux au concours des grandes écoles de commerce le 25 mars qui a recueilli 4.501 signatures. Fermée depuis, la pétition demande le report des épreuves orales et non leur annulation. L'annulation des oraux "va à l’encontre de l’essence même de l’école de commerce : préparer les étudiants aux métiers du management dont la dimension orale est prépondérante", estiment les représentants d'élèves d'HEC.
Selon eux, cela "dévalorise aussi la sélection" : "les oraux ont l’effet d’un révélateur après les épreuves écrites. Comment sélectionner 400 candidats sur les 6.000 qui se présentent uniquement à travers des copies ? Ce panel est bien trop large, l’oral est nécessaire pour une sélection juste. Les oraux ont en outre l’avantage d’être tous dispensés dans les différentes écoles, donc les biais de différences de correction possibles sont gommés."
Ils estiment aussi que cette annulation revient à anéantir deux années de travail des préparationnaires. L'APHEC s'est aussi fendu d'une lettre adressée à la CGE pour manifester son mécontentement et son incompréhension concernant l'annulation des oraux.
Le Chapitre des écoles de commerce annonce une réduction de 50% sur les frais de concours que ce soit pour les admissions post-bac, post-prépa ou en admissions parallèles. "Nous souhaitons contribuer à l'effort que les familles devront consentir dans une période économique qui peut s'avérer complexe", précise le Chapitre.