Décryptage

Quel niveau pour entrer en classe prépa ?

Les classes prépa ne sont pas réservées uniquement aux tout meilleurs élèves.
Les classes prépa ne sont pas réservées uniquement aux tout meilleurs élèves. © DEEPOL by plainpicture/suedhang
Par Oriane Raffin, publié le 01 février 2024
5 min

Contrairement aux idées reçues, les classes prépa (CPGE) ne sont pas une formation réservée à une élite. Les profs encouragent les candidats à ne pas s’auto-censurer !

Le message est clair : "Il n’est absolument pas nécessaire d’être dans les meilleurs pour postuler en CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles). Il existe des prépas pour tous types d’élèves - "en général le recrutement descend jusqu’en milieu de classe", prévient Loris Robin, professeur de mathématiques en MPSI au lycée Vaugelas, à Chambéry.

"On a tout un éventail d’établissements, avec certains qui ne sont pas meilleurs mais qui sont plus sélectifs que les autres", confirme Denis Choimet, président de l’Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques.

Pour les plus sélectifs, qui croulent sous les demandes, effectivement, mieux vaut faire partie des tout premiers de sa classe. Mais pour les autres, le recrutement est beaucoup plus ouvert. Rien que les prépas scientifiques proposent environ 20.000 places sur tout le territoire.

Au-delà des notes, avoir un dossier "équilibré"

En termes de notes, dans les prépa scientifiques, ce sont évidemment les notes des matières scientifiques qui sont observées. "On va regarder dans une moindre mesure ce qu’il se passe en français, philosophie et LV1, car ce sont des matières importantes aux concours et en CPGE", précise cependant Denis Choimet.

La spécialité maths en première et terminale est indispensable. Et selon les filières on recommandera physique, Numérique et sciences informatiques (NSI) ou sciences de l’ingénieur.

Pour les prépas économiques (ECG), "on va rechercher avant tout des dossiers équilibrés, où il n’y a pas de points faibles", précise Alain Joyeux, président de l’APHEC. Maths, philo, histoire-géographie, langues, etc. : tout est regardé. Sans pré-requis en termes de spécialités.

Une attention particulière aux appréciations

"Le recrutement n’est pas purement algorithmique, il a certes une composante informatique, mais à celle-ci s’ajoute une composante humaine", précise Denis Choimet. Les dossiers vont donc être lus attentivement par des humains, qui vont observer tous les détails pour déceler les éléments qualitatifs, en dehors des notes.

Cela passe par un examen précis des appréciations des enseignants du lycée et notamment des fameuses Fiches avenir, transmises via Parcoursup. On y apprend le niveau général de la classe mais aussi la perception de l’élève par ses enseignants. Des éléments centraux pour la prise de décision.

Certains éléments sont complètement rédhibitoires pour les jurys : l’absentéisme injustifié ou les comportements non propices au travail (manque de sérieux, d’implication ou d’organisation, bavardages incessants, etc.).

Personnaliser la lettre de motivation sur Parcoursup

"On va rechercher aussi la personnalisation de la lettre de motivation, détaille Philippe Tamisier, proviseur du lycée Berthollet, à Annecy. Repérer une appétence pour les disciplines scientifiques avec la participation à un concours, un challenge, des clubs internes à son établissement, ou pour les littéraires, une appétence envers l’écriture ou la lecture, via des prix ou des concours, etc."

"On peut aussi se servir de la lettre de motivation pour justifier un parcours atypique", précise Damien Framery, président de l’APPLS. N'hésitez pas à expliquer son projet.

Des prépas sélectives mais ouvertes

Attention à ne pas s’autocensurer en raison des statistiques qui peuvent être mal interprétées ! "On donne parfois aux élèves des informations un peu effrayantes : par exemple, dans mon établissement, il y a 48 places pour 1.200 demandes… ça les fait partir en courant, avertit Alain Joyeux. Mais chaque lycéen a plusieurs vœux, qui ne sont pas hiérarchisés. Certains refusent les admissions. Pour remplir une classe, on dit oui à 500 dossiers. C’est donc beaucoup moins sélectif que ce que l’on peut croire."

"Il est évident que plus l'on a de bons résultats, plus l'on sera facilement sélectionné, tempère Damien Framery. Mais il reste des places. C’est moins sélectif que hiérarchisé : on classe plutôt qu’on trie. Au final, assez peu d’élèves n’obtiennent pas satisfaction."

Et rien ne présage de la suite. "Il n’y a pas de prépa magique, avertit Loris Robin. Les profs sont les mêmes partout, les enseignements similaires." Et tous préparent les mêmes concours. "Il faut que les élèves se sortent de la tête qu’une prépa qui a de bons résultats pourrait mieux les faire réussir."

Les enseignants sont unanimes : les cartes sont souvent rebattues pendant les deux années de prépa. Ce ne sont pas forcément ceux qui sont entrés en tête de classement qui obtiennent les meilleurs concours. "A partir du moment où on a retenu votre dossier, c’est qu’on a estimé que vous pouvez réussir", appuie Philippe Tamisier. Chacun a ses chances !

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