Décryptage

Parcoursup : ce que cela change de pouvoir s'inscrire partout en Île-de-France

Francilien, vous pouvez tenter votre chance en présentant votre dossier à la Sorbonne sur Parcoursup.
Francilien, vous pouvez tenter votre chance en présentant votre dossier à la Sorbonne sur Parcoursup. © Augustin LE GALL/HAYTHAM-REA
Par Pauline Bluteau, publié le 05 février 2019
6 min

Candidat sur Parcoursup en Île-de-France, vous pouvez désormais postuler dans n’importe quelle université de la région, quelle que soit votre académie d’origine. Comment allez-vous faire vos choix ? Quelle stratégie pourrez-vous adopter ? Certains d’entre vous seront-ils privilégiés ? Voici des éléments de réponse.

Jusqu’à présent, sur Parcoursup, le secteur de référence pour entrer en licence était l’académie. Ainsi, les candidats pouvaient postuler dans toutes les facs de leur choix, mais ils avaient plus de chances d’être pris dans celle de leur académie. Cela valait d’autant plus s'ils avaient choisi des licences en tension comme le droit ou les STAPS (sciences des activités physiques et sportives). Ces formations, aux places limitées, ont dû respecter des quotas et favoriser certains candidats plutôt que d’autres.

En 2019, la procédure a été modifiée, mais seulement en Île-de-France. Désormais, les trois académies – Versailles, Créteil et Paris – sont réunies. Les candidats peuvent postuler dans n’importe quelle université sans distinction géographique. Un élève habitant en Seine-Saint-Denis (93) a donc autant de chance d’intégrer l’université de Nanterre (92) ou de Paris Descartes (75) qu’un élève habitant dans le XIIe arrondissement de la capitale.

La nouvelle a été annoncée le 16 janvier 2019, quelques jours avant l’ouverture des inscriptions sur Parcoursup. Un changement de taille pour les Franciliens qui ont parfois réajusté leur liste de vœux.

Élargir ses horizons

"Cela a forcément influencé mon choix. Avant, j’étais enfermé dans mon académie. Maintenant, je peux aller où je veux", explique Adel, en terminale ES à la Celle-Saint-Cloud (78). À l’origine, le lycéen avait orienté son choix vers une prépa économique située dans l’académie de Versailles. "Finalement, j’ai aussi fait des demandes de prépa à Paris et une double licence éco-droit à la Sorbonne", détaille-t-il.

Au contraire, pour Anaëlle, également en terminale ES dans un lycée des Yvelines, la fin de la sectorisation en Île-de-France n’a presque rien changé. "Je comptais déjà postuler dans des universités parisiennes comme Assas et la Sorbonne. Au moins, maintenant, je suis un peu plus rassurée sur mes chances d’y accéder. C’est un rêve pour moi", résume-t-elle.

Une concurrence accrue

Mais qui dit plus de choix, dit aussi plus de concurrence. "C’est ce qui m’inquiète le plus, confie Adel. J’ai un bon dossier, mais je suis loin d’être le seul." Un avis partagé par son professeur, Maxime Barré : "Je ne sais pas si les élèves ont pris conscience de cette disposition. Cela risque d’accroître la demande à Paris et donc la concurrence."

"D’après François Germinet, le président de l’université de Cergy-Pontoise (95), cette mesure va effectivement avantager les bons dossiers. "Mais cela ne veut pas dire que tous les bons élèves vont se retrouver à Paris, car il n’y aura pas assez de places pour tout le monde." Le président de l’UCP imagine aussi qu’il y aura beaucoup plus de dossiers à traiter et donc peut-être des temps d’attente plus longs pour les candidats.

Pour autant, avec déjà 15.000 demandes pour 700 places en 2018, l’École de droit de la Sorbonne ne paraît pas vraiment inquiète. "Notre processus de recrutement sera le même que l’année dernière mais cette fois, nous n’aurons plus à nous préoccuper des quotas, précise François-Guy Trébulle, son directeur. Je ne pense pas qu’on ait beaucoup plus de demandes même s’il est vrai que maintenant, il n’y a aucun élément dissuasif. C’est très bien comme ça."

Proximité géographique ou prestige ?

Alors quelle est la meilleure stratégie à adopter ? "Je vais quand même faire quelques vœux dans des facs de mon académie, comme la licence de droit de Nanterre et celle de Versailles Saint-Quentin, parce que j’ai peur de ne pas être prise à Paris", admet Anaëlle. D’ailleurs, même si elle rêve de vivre dans la capitale, la lycéenne compte privilégier le cursus à la réputation des établissements. "La spécialité en droit international de Nanterre me plaît beaucoup. Les facs parisiennes me font plus envie, mais je choisirai certainement cette option."

Pour François Germinet, cette attitude prend tout son sens. "Certains étudiants vont privilégier le cadre plus familial et plus encadré d’une université comme Cergy-Pontoise. C’est à nous de nous différencier pour attirer nos élèves", prévient-il.

François-Guy Trébulle tient quant à lui à se montrer rassurant. "Toutes les universités de la région forment de la même manière leurs étudiants. À la fin, le diplôme obtenu est bien une licence de droit mais il y a quelques critères qui peuvent faire la différence pour les étudiants." Par exemple, les conditions de travail, les transports en commun, la qualité des intervenants, le taux de réussite et surtout le master auquel l’établissement prépare ses étudiants. "S’ils étaient déjà en licence à la Sorbonne, ils auront plus de chances d’intégrer le master. Mais mieux vaut être sûr de bien réussir sa licence en périphérie pour ensuite poursuivre ses études à Paris que l’inverse", admet-il. Faites vos vœux !

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