Reportage

"Ma thèse en 180 secondes" : un étudiant de l’Université confédérale Léonard de Vinci remporte la finale nationale

Paul Dequidt reçoit le 1er prix du concours "Ma thèse en 180 secondes" des mains de Frédérique Vidal.
Paul Dequidt reçoit le 1er prix du concours "Ma thèse en 180 secondes" des mains de Frédérique Vidal. © PU-CNRS – David Pell
Par Amélie Petitdemange, publié le 16 juin 2021
6 min

Le doctorant Paul Dequidt a reçu, jeudi 10 juin, le 1er prix du concours "Ma Thèse en 180 secondes" pour ses recherches sur l’intelligence artificielle applicable à la médecine. Le jeune homme représentera la France lors de la finale internationale du concours en septembre.

Jeudi 10 juin. C'est le grand soir pour les 16 finalistes du concours "Ma Thèse en 180 secondes". Ces doctorants ont été sélectionnés parmi plus de 600 participants et ont passé l'étape de la demi-finale en avril dernier. Le challenge est corsé : en seulement 180 secondes et une diapositive, il faut expliquer de façon claire son sujet de thèse à un public novice. Les participants sont chronométrés : une seconde de trop et ils sont disqualifiés.

Dans un contexte de crise sanitaire, cette 8e édition n'accueille pas de public. Seul le jury est présent, les spectateurs suivent l'événement en ligne.

Un algorithme au service des radiologues

Mathieu Rouault, journaliste scientifique du média Grand Labo, appelle un par un les doctorants à monter sur scène. C'est au tour de Paul Dequidt, dont il annonce le sujet de thèse : "Analyse de données RMN multimodales par intelligence artificielle pour la discrimination binaire du grade du gliome". Un intitulé bien abstrait pour le commun des mortels, mais Paul relève le défi de la vulgarisation avec brio.

"J’ai un problème : j’adore faire des blagues. Mais mon sujet de thèse est très très loin du fun…. Je travaille sur des tumeurs cérébrales…. qui tuent des enfants. Des jeunes qui, parfois, ne savent pas qu’ils sont malades. Car cette tumeur touche le cerveau sans symptômes", explique l'étudiant de l'Université confédérale Léonard de Vinci. "Quand le patient arrive à l’hôpital, on lui fait passer un IRM pour savoir s’il est encore temps de l’opérer. Mon objectif, c'est de créer un algorithme qui prévoit l’état du patient, basé sur les critères utilisés par les radiologues. Mais attention, je ne veux pas remplacer les radiologues ! En croisant l’analyse du radiologue et celle de l’intelligence artificielle, je suis plus précis et je gagne jusqu’à 20 ans de survie", affirme le doctorant.

“Simplifier sans trahir"

La présentation est claire, le sujet passionnant. Cette prestation a valu à Paul Dequidt le 1er prix du jury remis par Frédérique Vidal. La ministre de l'Enseignement supérieur a remercié tous les participants pour leur "capacité à simplifier sans trahir". "Vous avez été excellentissime !" a-t-elle lancé.

Le public a aussi eu son mot à dire, avec un Prix des internautes basé sur les votes en ligne. Il a lui aussi été séduit par Paul Dequidt, ovationné une seconde fois.

Un prix pour un projet de médicaments pour femme enceinte

Les honneurs ne reviennent pas seulement au lauréat du concours, qui représentera la France à la finale internationale de "Ma Thèse en 180 secondes" le 30 septembre 2021 à Paris.

Un 2e prix et un 3e prix du jury ont récompensé deux autres doctorants. Le 2e prix a été remis à Louise Fliedel de l’Alliance Sorbonne-Paris-Cité pour sa thèse "Conception, caractérisation de nanovecteurs et évaluation de leur interaction avec la barrière placentaire".

La jeune femme tente de développer des médicaments adaptés aux femmes enceintes. Actuellement, le placenta laisse passer les médicaments dans le corps du bébé. Louise fabrique des liposomes, une sorte de gras qui peut contenir n’importe quel principe actif. Il libère le principe actif dans les cellules sur lesquelles il s’accroche au lieu de le diffuser dans tout le corps. Grâce à ses recherches, les femmes enceintes pourraient bientôt avoir accès aux médicaments.

De gauche à droite : Paul, Louise et Peter Stephen, respectivement 1er, 2e et 3e prix.
De gauche à droite : Paul, Louise et Peter Stephen, respectivement 1er, 2e et 3e prix. © CPU-CNRS – David Pell

Une thèse sur la violence faite aux femmes dans la région des Grands lacs africains recompensée

Peter Stephen Assaghle a quant à lui reçu le 3e Prix du jury pour sa thèse "Vulnérabilité des femmes et violences dans la région des Grands Lacs africains : cas des femmes du Grand Kivu". Le jeune homme, qui prépare le concours du barreau pour devenir avocat, explique son thème de recherche avec retenue et conviction.

"Je vous invite dans une région où #MeeToo n’existe pas. Une société où 'Balance ton porc' n’existe pas, car la société toute entière est une porcherie pour les femmes. Elle les enferme dans des coutumes rétrogrades qui les exposent à d’innombrables violences en temps de paix, qui atteignent leur paroxysme quand la guerre survient. Pendant ces guerres, les corps des femmes sont devenus des champs de bataille et le viol une arme de guerre", entame le doctorant d’Aix-Marseille Provence Méditerranée.

Dans le cadre de sa thèse, Peter Stephen convoque les standards internationaux humanitaires pour les appliquer à cette région du Congo, le Grand Kivu. Il étudie les droits des femmes, les coutumes, les droits humains internationaux… pour cerner la vulnérabilité des femmes de l’est du Congo et peut-être l’endiguer.

L'ambition de sensibiliser le grand public

Pour tous les participants qui n’ont pas décroché un prix, cette soirée était aussi l’occasion de sensibiliser le grand public sur leur sujet de recherche.

"Ces derniers temps, on a beaucoup entendu 'Je ne suis pas épidémiologiste mais je pense que'. Ce soir, vous avez montré la différence entre opinion et connaissance scientifique. Nous avons besoin de remettre ce lien de confiance entre la science et la société", a conclu Frédérique Vidal.

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