Décryptage

Comment vivre avec l'éco-anxiété ?

59% des 16‑25 ans dans le monde, dont 58% des jeunes Français, souffriraient d'éco-anxiété.
59% des 16‑25 ans dans le monde, dont 58% des jeunes Français, souffriraient d'éco-anxiété. © Adobe Stock/ Antonio Rodriguez
Par Marine Ilario, publié le 25 mai 2023
5 min

Alors que l’éco-anxiété touche de plus en plus de jeunes dans le monde, ce phénomène n’est pas une fatalité. Il favorise la conscience écologique et l'engagement en faveur du climat.

Paris, 20 heures, le 27 avril dernier. La pluie n’a pas découragé une centaine de personnes de venir à l'Académie du Climat, assister au "Greenwashing Comedy Club". Ce collectif de stand-uppers propose des sketches sur de nombreux sujets comme l’écologie ou le climat. "Sans trace d’anxiété !" assure l’Académie sur son site. "Il n’y a pas qu’une seule manière de parler d’écologie et l’humour permet de faire passer des messages", explique Rafaela, co-organisatrice de l’événement.

L’éco-anxiété touche de plus en plus de personnes, et particulièrement les jeunes : 59% des 16‑25 ans dans le monde en souffriraient, dont 58% des jeunes Français, selon une étude de la revue The Lancet Planetary Health en 2021 qui a interrogé 10.000 jeunes dans dix pays. Les médias parlent même de "mal du siècle". Peut-être bien à tort.

Comment savoir que l’on est éco-anxieux et surtout comment limiter le stress que l’avenir de notre planète peut provoquer en nous ? Voici quelques conseils.

Des émotions difficiles à gérer au quotidien

Si initialement l’éco-anxiété désigne la peur, l’angoisse ou l’inquiétude provoquée par les dérèglements climatiques, "aujourd’hui, il est communément admis qu’il s’agit d’un ensemble plus vaste d’émotions qui comprend aussi la colère, la culpabilité, la tristesse ou encore le désespoir", explique Hélène Jalin, psychologue et chercheuse spécialisée dans les questions liées à l’éco-anxiété.

Pour Marie, 21 ans, ces émotions sont difficiles à gérer. "J’y pense tout le temps. Depuis quelques mois, je fais des insomnies et je ressens de l’anxiété au quotidien, raconte-t-elle. J’ai toujours été sensibilisée à ces questions. Je suis née avec ça ! Mais en grandissant, je prends davantage conscience des enjeux et c’est dur à surmonter."

"L’éco-anxiété est quelque chose de sain"

Si, comme Marie, vous vous sentez submergé d’émotions quand il s’agit des questions climatiques, vous êtes peut-être éco-anxieux. Mais pas de panique ! Vous ne souffrez d’aucun mal puisque l’éco-anxiété n’est pas une maladie mentale.

En revanche, "une fois que l’on est éco-anxieux, on n’arrête pas de l’être, affirme Hélène Jalin. L’enjeu est donc d’apprendre à mieux vivre avec".

Pour la psychologue, pas de doute : "L’éco-anxiété est quelque chose de sain". Elle est le signe d’une forte empathie pour le vivant. Et les émotions que l’on va ressentir vont pousser les éco-anxieux à s'engager collectivement, à changer leurs habitudes.

S’engager pour limiter les effets de l’éco-anxiété

"Il ne faut pas confondre éco-anxiété et fatalisme, explique Marie. Le fait d’être anxieux nous rend encore plus motivé pour faire changer les choses."

S’engager est souvent présenté comme la réponse à l’éco-anxiété. Une manière de se sentir utile et de voir "que ça bouge autour de nous", explique Hélène Jalin.

Marie a fait le choix de s’engager au niveau local, et de documenter son engagement sur son compte Instagram. "J’ai choisi des causes de préservation des espaces naturels parce que c’est très concret. Cela me permet de voir ce pour quoi je me bats. Je me reconnecte au vivant et ça me redonne espoir."

Trouver des idées d’actions

L’association "On est prêt" a lancé la campagne "Tu flippes ?" qui propose d’envoyer quotidiennement pendant 14 jours une idée pour prendre soin de soi et de la planète. Vous pourrez aussi mesurer votre niveau d’éco-anxiété.

Ne pas rester seul

S’engager collectivement permet aussi de rencontrer d’autres personnes sensibilisées aux questions environnementales et surtout de se sentir moins seul. Marie le reconnaît : "C’est compliqué de sortir de l’éco-anxiété si on est tout seul."

L’engagement peut prendre plusieurs formes : s’engager auprès d’une association, participer aux manifestations pour le climat ou encore s’engager de manière individuelle.

"On peut s’engager ponctuellement ou sur le long terme, développe Florence Clément, rédactrice du guide Comment agir pour ma planète de l’Ademe (agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie). On peut ramasser des déchets un week-end ou participer à une action de nettoyage d’une plage, par exemple."

Ou alors aller rire au Greenwashing Comedy Club, comme Justine, qui a participé à une représentation. "C’est fondamental de pouvoir rire de ces questions. Ça permet de relâcher la pression et ça n’allège pas la thématique, mais l’émotion qui y est attachée, ce qui la rend plus accessible."

Mesurer son impact écologique

Pour s’engager de manière individuelle, il peut être intéressant de connaître son empreinte carbone. Si pour certaines personnes, les voyages pèseront lourds dans la balance, pour d’autres, il s’agira de l’alimentation ou du logement. Et pour vous ?

L’Ademe a développé le simulateur "Nos gestes climat" qui, en quelques questions, vous permet de connaître votre empreinte écologique.

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