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Les chantiers de la rentrée pour Pap Ndiaye

Le ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye.
Le ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye. © Thierry STEFANOPOULOS/REA
Par Thibaut Cojean, publié le 29 juin 2022
5 min

Inégalités scolaires, écologie, revalorisation du métier d'enseignant… Dans une lettre adressée aux enseignants et une interview au Parisien, le ministre de l'Éducation nationale donne enfin les grandes lignes de sa feuille de route.

Après trois années scolaires marquées par la crise sanitaire, la situation de l'école avant la rentrée 2022 préoccupe parents et enseignants, en raison notamment de la pénurie de professeurs et des incertitudes concernant la place des mathématiques dans le tronc commun du lycée général.

Plusieurs dossiers importants attendaient Pap Ndiaye le 20 mai dernier, jour de sa nomination comme ministre de l'Éducation nationale à la suite de Jean-Michel Blanquer. Un peu plus d'un mois après sa prise de fonction, l'enseignant d'histoire aux visions parfois très différentes de celles de son prédécesseur, notamment sur la laïcité, a esquissé sa feuille de route pour la rentrée 2022.

Dans une interview accordée au journal Le Parisien le 26 juin, et dans une lettre adressée aux enseignants le 27, le ministre donne quelques indications sur les dossiers qu'il compte traiter en priorité depuis la rue de Grenelle.

Les inégalités scolaires

Le chantier identifié comme le plus important par le nouveau ministre est celui des inégalités scolaires. "Nous savons que l'École peine à donner à tous les mêmes chances de réussir", reconnaît-il dans sa lettre aux enseignants. Pour rattraper cette "promesse non tenue", il promet de "renforcer ce qui existe déjà, innover quand il le faut, pour que les inégalités de naissance soient mieux combattues par l'école".

Les savoirs fondamentaux

Pap Ndiaye se rapproche de Jean-Michel Blanquer sur la nécessite de renforcer les savoirs fondamentaux des élèves. "La priorité sera donnée au français et aux mathématiques (…) jusqu'à la fin de la sixième", écrit-il. Concernant le lycée, il confirme aux enseignants avoir "décidé dès cette rentrée de d'introduire les mathématiques dans le tronc commun en classe de première générale".

Dans son interview au Parisien, il reconnaît toutefois que peu d'élèves sont inscrits dans l'option mathématiques offerte dès cette rentrée, car elle a été "annoncée trop tard" et que la communication autour de ce sujet est "floue". Les maths reviendront de façon obligatoire dans le tronc commun au lycée à la rentrée 2023.

Le bien-être des élèves et la revalorisation des professeurs

En lien avec les inégalités sociales, le ministre entend également faire de l'école un lieu qui "doit permettre à toutes les personnalités de s'épanouir et bannir toute forme d'intolérance". "Chaque enfant doit pouvoir se sentir accueilli, préservé des discours dévalorisants, encouragé", écrit le ministre dans sa lettre, et promet qu'il sera "très attentif aux élèves en situation de handicap".

La situation des professeurs fera également partie des dossiers les plus brûlants de la rentrée. "Oui, il y aura un prof devant chaque classe à la rentrée", assure Pap Ndiaye, tout en reconnaissant un "problème de recrutement". Pour redonner envie aux étudiants de devenir enseignant, il compte notamment sur "la revalorisation du métier". Aux enseignants, il concède que "le statut de professeurs dans la société, l'autorité du savoir et leur rôle irremplaçable dans l'instruction et l'élévation de nos élèves (…) doivent être réaffirmés avec force".

Pour cela, il promet notamment de mieux rémunérer les enseignants, et précise que le salaire de départ des jeunes sera "au-dessus des 2.000 euros nets" en 2023. Dans sa lettre aux enseignants, il promet également de "mieux les former tout au long de leur carrière".

L'écologie

De manière plus surprenante, le ministre mentionne l'écologie dans ses chantiers prioritaires. Il entend s'occuper de cette question "urgente et cruciale" à travers deux axes principaux. D'abord celui des bâtiments scolaires, "mal équipés pour résister aux vagues de chaleur".

Ensuite, celui des "contenus pédagogiques". "Je viens de saisir le Conseil supérieur des programmes, pour que les différentes disciplines intègrent de façon beaucoup plus substantielle les thématiques liées au réchauffement climatique et à l'environnement", développe-t-il auprès du Parisien.

Améliorations et changement de méthode

Enfin, le ministre indique qu'il n'opérera pas de "virage à 180 degrés" après cinq années de Jean-Michel Blanquer. "Je suis dans la continuité, clame-t-il. On retouche, on améliore, mais on ne change rien fondamentalement sur Parcoursup, la réforme du lycée…"

Un virage plus sérieux pourrait toutefois être pris concernant les relations avec le corps enseignant. Il souhaite ainsi "renouer un dialogue sincère et respectueux, mais qui s’était distendu ces dernières années, avec les organisations syndicales et la communauté enseignante" et entend "aller à la rencontre de la communauté éducative, car ce n’est pas dans le bureau du ministre qu’on échange avec les enseignants".

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