Reportage

Rockeur ou ingénieur ? Ces lycéens et musiciens font face à leur orientation

Plusieurs dizaines de lycéens-musiciens se préparent au concours première Seine.
Plusieurs dizaines de lycéens-musiciens se préparent au concours première Seine. © L'Etudiant
Par Léo Braillon, publié le 10 mai 2024
1 min

Rap ou rock, guitare ou piano, le monde de la musique professionnelle, aussi varié soit-il, peut faire peur du fait de son caractère incertain. Des lycéens-musiciens livrent leur état d’esprit quant à l’optique de se lancer dans une carrière musicale.

"Il y a forcément des périodes de troubles, des moments où on se demande si on a vraiment choisi la bonne voie." Ces lycéens rêvent d'une carrière dans la musique mais misent sur les études pour assurer leurs arrières. L'Etudiant les a rencontrés dans le cadre du dispositif première Seine, un concours qui vise à sélectionner six groupes de musique lycéens d’Ile-de-France pour les faire participer au festival Rock en Seine.

Jeudi 2 mai, plusieurs dizaines de lycéens-musiciens ont ainsi rencontré la chanteuse Pomme, marraine de cette édition. Avant de devenir une artiste professionnelle, elle-même a été confrontée à ce choix cornélien de choisir entre les études et la passion de la musique.

Les études, choix de la "sécurité"

Pomme raconte quel était son état d’esprit au lycée : "Comme j’étais très bonne élève, je ne pouvais pas dire que je voulais faire de la musique." Dans les représentations qu’elle et son entourage se faisaient, il fallait absolument exploiter ce capital scolaire.

Certains lycéens se reconnaissent dans cette logique de réflexion. La musique rime parfois avec risque. C'est pourquoi Léon, en terminale au lycée Hélène Boucher dans le 20e arrondissement de Paris, a choisi des spécialités scientifiques. "Pour moi, c’est moins risqué que pour d’autres puisque j’ai les sciences", estime le guitariste, avec l'idée que les matières scientifiques offrent plus de débouchés que les artistiques.

Même logique pour Leïla, en terminale au lycée international de Noisy le Grand (93), qui a choisi les spécialités physique et maths, option maths expertes. "La musique c’est un milieu pas très sécurisant, on a tous préféré jouer la sécurité et aller dans un cursus normal", explique la chanteuse, qui se projette dans des études d'ingénieur. Lisa, membre du même quatuor que Leïla, concède cependant que "la musique restera toujours avec nous, et si une occasion se présente, bien sûr que l’on sautera dessus !"

La tentation de la musique : un sacré défi

Les lycéens ont donc bien conscience de la difficulté de percer dans le milieu de la musique. Bien que parfois, ce sont les parents qui censurent cette possibilité. "Dans mon environnement familial, faire de la musique un métier n’a jamais été une option, raconte Maël. Si ça tenait qu’à moi j’aurais tout arrêté pour aller dans la musique, même en sachant pas ce qui m’attend. Mais là, c’est la dernière année de lycée, il faut terminer."

Avec Jules et Antoine, ses camarades du lycée spécialisé dans les arts du spectacle Paul Poiret dans le 11e arrondissement de Paris, ils forment le groupe Jamca. Et bien que le milieu reste flou pour eux, leur participation au concours Première Seine montre leur volonté de réussir dans la musique. "C’est un challenge, un saut dans le vide. On ne sait pas trop où on va mais on a envie d’aller plus loin parce que notre groupe matche bien. Ce n’est pas donné à tout le monde."

Ainsi, malgré le défi qui les attend, certains lycéens sont galvanisés par leur passion. C’est le cas de Daneel, qui a eu son bac l’an dernier. Le jeune batteur vient d’arrêter les études pour se lancer pleinement dans la musique. "J’étais parti vers des études de lettres et d’arts, mais je me suis rendu compte que cela ne me correspondait pas. J’ai décidé de tout lâcher. Je pense qu’il faut un sacré courage pour arrêter les études mais ensuite il faut assumer."

Daneel est désormais livré à lui-même et admet que son égo en prend un coup depuis qu’il est confronté à ce milieu, mais sa motivation ne faiblit pas. "Je sens parfois que je ne suis pas au même niveau que d’autres, cela amène à des moments de tourments assez importants, mais j’espère que ça va le faire !"

L'alternative, concilier études et musique

Pour d’autres lycéens enfin, la passion de la musique influence directement les choix d'orientation. Julien, en terminale au lycée Hélène Boucher, aimerait ainsi faire un métier qui mélange les sciences et la musique, comme ingénieur du son par exemple.

De son côté, Eva, lycéenne en Seine-et-Marne (77), espère rejoindre une licence en médiation culturelle afin de travailler pour des salles de concerts. Mais quelques soient leurs vœux sur Parcoursup, ni l’un ni l’autre ne compte pas laisser tomber son groupe de musique !

Vous aimerez aussi...

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !