Comment rédiger une dissertation de philosophie : les meilleurs conseils de profs

Vous passez l'épreuve de philosophie au baccalauréat cette année, et vous souhaitez avoir toutes les clés pour rédiger une bonne dissertation ? Découvrez des conseils de profs avec notre partenaire Superprof !
De la méthodologie, voilà ce qu’il vous faut pour réussir cette épreuve de philosophie qui fait peur à tant d’élèves.
Reprenons les bases de la dissertation de philosophie pour vous préparer au baccalauréat.
Vous profiterez en plus tout au long de l’article des conseils des professeurs de philosophie, Thibault Montoroi et Albane Delesque (enseignante titulaire de l’Education Nationale et correctrice au bac), aussi disponibles sur Superprof.
1ère étape de la dissertation de philo : déterminer le problème à résoudre
Pour Albane Delesque, le plus important c’est « de prendre le temps de réfléchir à la question posée. En faisant ceci, on effectue une analyse philosophique rigoureuse de la question posée et de comment s'orienter dans le sujet. On peut ainsi : préciser le sens d'une notion, s'interroger sur une alternative, sur la portée d'une proposition ou sur les raisons de celle-ci. »
La définition des termes du sujet
Commencez par bien lire votre sujet. Au bac, plusieurs sujets vous seront proposés, en général deux sujets de dissertation (ou trois comme en 2021).
Vous devez d’abord choisir l’un d’entre eux, celui que vous avez le plus travaillé, sur lequel vous vous sentez le plus à l’aise.
Attention : même si vous avez l’impression d’avoir traité la question pendant l’année scolaire, chaque sujet est différent et comportera ses spécificités. Vous ne pourrez pas ressortir tel quel un plan que vous avez en tête. Il est indispensable de progresser étape par étape.
La violence : recours à la force brutale, agressivité, contrainte physique ou morale, brutalité dans les propos ou le comportement, force destructrice
Discuter : s’entretenir avec quelqu’un, négocier, parlementer, examiner une question pour l’approfondir, la régler ou prendre une décision, débattre, remettre en question quelque chose (discuter les ordres)
Renoncer : ne plus faire quelque chose, abandonner quelque chose, cesser d’envisager quelque chose comme possible.
Non seulement, cette première étape vous permettra de savoir dans quelle direction mener votre réflexion mais en plus la définition des termes est importante pour la rédaction de votre introduction.
Le brainstorming
A cette étape, continuez d’analyser le sujet en essayant d’aller de plus en plus loin.
Par exemple : « Discuter, est-ce renoncer à la violence ? »
Une discussion peut être très violente
Les mots peuvent être aussi blessants qu’un coup
Échanger peut permettre de faire redescendre l’accès de violence
Est-il toujours possible de renoncer à la violence (verbale ou physique) ?
La violence est-elle parfois bénéfique ?
Le langage est source d’autres formes de violence et de domination
Renoncer à la violence permet-il de mieux vivre en société ?
Les notions auxquelles rattacher le sujet : l’Etat, le langage.
Etc.
L’écriture de la problématique : comment faire ?
Définir les termes du sujet et faire un brainstorming vous permettront de mettre au jour votre problématique.
La problématique doit reformuler le sujet selon vos propres termes sous la forme d’une question. Vous devez apprendre à faire naître le paradoxe de votre sujet.
Vous pouvez commencer votre question par « en quoi » pour exposer différents arguments ou par « est-ce que » si vous préférez un plan sous la forme d’une thèse et de ses limites.
Sujet : « Discuter, est-ce renoncer à la violence ? » Problématique : « En quoi la discussion permet d’éviter le recours à la violence ? » ou « est-ce que les Hommes sont moins violents lorsqu’ils se parlent ? »
2e étape de la dissertation de philo : la rédaction du plan
Après avoir déterminé la problématique et grâce au brainstorming que vous aurez mené, vous devez maintenant être capable de rédiger un plan qui viendra appuyer votre argumentation.
Il est généralement conseillé de faire un plan en trois parties et deux sous-parties mais vous pouvez aussi envisager un plan en deux parties et trois sous-parties.
Dans tous les cas, Thibault Montoroi vous conseille d’oublier une bonne fois pour toutes la formule « thèse-antithèse-synthèse » :
Pour le sujet « discuter, est-ce renoncer à la violence », voici un exemple de plan possible :
I.Le langage est un outil de communication : il est à l’opposé de la violence
a.La discussion repose sur l’utilisation du langage, qui est immatériel (donc non violent)
b.Les paroles sont opposées aux actes donc la discussion s’oppose à la violence
II.Discuter n’est pas forcément synonyme de non-violence
a.La discussion peut aussi servir à asseoir une domination
b.Des rapports de force préexistent, même si la discussion n’est pas nécessairement polémique
III.Discuter, c’est échanger des informations mais aussi partager une expérience commune avec l’autre
a.Une vraie discussion permet de partager une expérience avec l’autre et donc de renoncer à la violence
b.La discussion est indispensable dans la sphère politique et démocratique dont le but est d’exclure la violence
3e étape de la dissertation philosophique : rattacher des arguments et des exemples à votre plan
En réalité, tout est lié. Vous pouvez très bien commencer par utiliser vos arguments et exemples pour trouver votre plan.
Dans tous les cas, chaque argument doit correspondre à un paragraphe et se découper de cette manière :
Explication de votre argument
Exemple(s) précis
Phrase de conclusion.
Si on reprend l’exemple du sujet « discuter, est-ce renoncer à la violence », voici ce que vous pourriez rattacher au premier argument (I, a), « la discussion repose sur l’utilisation du langage, qui est immatériel (et donc non violent) » :
1. Explication de l’argument : la violence se caractérise par sa dimension physique. La discussion semble a priori exclure la violence.
2. Exemple précis : pour le linguiste Ferdinand de Saussure et le philosophe Friedrich Nietzsche, le langage est immatériel et n’est que pure convention
3. Phrase de conclusion : la discussion, c’est seulement la transmission d’informations à l’aide de mots et cela ne semble pas faire intervenir la violence.
Faites de même avec chacune de vos sous-parties et votre dissertation se dessinera au fur et à mesure.
4e étape de la dissertation de philo : l’introduction, la conclusion et les transitions entres les parties
Une fois ces étapes terminées, vous êtes prêt à passer à l’introduction, la conclusion et à réfléchir aux transitions entre vos parties.
L’introduction : comment faire pour la rédiger ?
L’introduction de votre dissertation permet de présenter le sujet et la problématique que vous allez traiter.
Comptez une page pour votre introduction : il ne faut qu’elle ne soit ni trop longue, ni trop courte.
Voici ce qu’elle doit comporter idéalement :
Une amorce, souvent sous la forme d’une citation
La définition des termes et la reformulation du sujet (d’où l’intérêt d’y passer un peu de temps au début)
La problématique choisie
L’annonce du plan
Comment faire une bonne conclusion dans une dissert de philo ?
Comme son nom l’indique, elle vient conclure votre dissertation. Il s’agit d’une synthèse de vos arguments étayés tout au long de votre développement.
Vous devrez donner une réponse claire à votre problématique.
Il est éventuellement possible d’ajouter une ouverture qui étend la réflexion à un autre angle du thème.
La conclusion n’est pas très longue : comptez 5 à 10 lignes maximum.
Les transitions
Les transitions sont très importantes dans une dissertation de philo. Ce sont elles qui lient les parties entre elles.
On les retrouve entre chaque grande partie, et dans une moindre mesure, entre chaque sous-partie.
Pour réussir votre transition, pensez-là en trois points :
Une mini-conclusion de la partie qui précède
Une critique d’un point faible de la partie précédente
L’annonce de la partie suivante
Vous pouvez la formuler sous forme de questions ou d’affirmations.
Par exemple pour la transition entre la partie I et la partie II selon notre plan pour le sujet « discuter, est-ce renoncer à la violence » :
1. Mini-conclusion : « nous avons mis en exergue que le langage permet de renoncer à la violence. »
2. Critique : « néanmoins, nous ne nous sommes pas encore intéressés aux rapports de force qui se jouent lors d’une discussion. »
3. Annonce : « nous allons maintenant nous intéresser à la discussion comme instrument de domination. »
5e étape de la dissertation de philo : la rédaction à proprement parler puis la relecture
Dernière étape : la rédaction et la relecture.
Si vous avez bien soigné votre brouillon, cette étape devrait se dérouler sans anicroche.
Attention : ça ne veut pas dire que vous devez tout écrire au brouillon mais votre plan détaillé doit être écrit, les éléments importants de l’introduction et ceux de la conclusion également.
Dans la partie précédente, nous vous avons même conseillé de réfléchir à vos transitions. Ainsi à l’étape de la rédaction, il ne vous reste plus qu’à formuler vos arguments et exemples avec des phrases et le tour est joué !
N’oubliez pas de garder du temps en fin d’épreuve pour relire votre dissertation et corriger les éventuelles fautes d’orthographe.
5 conseils supplémentaires pour réussir votre dissertation le jour de l’épreuve de philosophie
1- Tout le monde peut y arriver !
Pour Thibault Montoroi, aucun doute, tout le monde peut réussir à rédiger une dissertation de philo : « ce n'est PAS une loterie, même si vous n'avez pas lu tous les auteurs du programme.
Néanmoins, cela ne veut pas dire que vous pouvez arriver les mains dans les poches le jour de l’épreuve comme le rappelle Albane Delesque : « il est indispensable de connaître les notions, les perspectives, les repères philosophiques et les auteurs incontournables, de savoir produire une réflexion construite, identifier et formuler un problème, raisonner rigoureusement et rédiger méthodiquement et clairement. Tous ces items rentrent en ligne de compte dans la notation de l'examinateur, ce sont là ses critères d'évaluation. »
2- La dissertation n’est pas une récitation de cours
Selon Thibault Montoroi, « Trop d'élèves se laissent aller à réciter leur cours comme une récitation de poésie en primaire.
3- Ne vous attardez pas sur les finitions (l’accroche et l’ouverture)
4- Ayez des repères dans le temps et dans l'espace
Pour Albane Delesque, mal gérer son temps est aussi un écueil à éviter à tout prix. « Il faut bien se chronométrer :
Lecture et analyse du sujet : 15 minutes
Travail au brouillon : 1h30/45
Rédaction : 1h45/2h
Relecture : 15 minutes. »
Thibault Montoroi insiste également sur le fait de savoir se repérer dans l’espace (sur votre copie) : « avec l'habitude, vous saurez combien de place prend pour vous l'introduction, une grande partie, une transition, un chapeau, etc. sur votre copie. Ça vous permettra d'éviter de faire un grand I de 5 pages et de ne pas réussir à finir. Visez la régularité, des introductions toujours à peu près de la même taille, de même pour vos parties et sous-parties. Un bon ordre de grandeur est une page pour l'intro et 7-8 pages pour l'ensemble de la copie. »
5- La dissertation est pour le correcteur, pas pour vous
Gardez en tête que vous écrivez pour avoir une note de la part du correcteur. Thibault Montoroi vous met en garde à ce sujet : « Faites-vous plaisir en réalisant un travail bien mené, ne vous faites pas plaisir en plaçant vos références préférées juste parce que vous les aimez bien. Vous écrivez pour quelqu’un, votre but est de lui faire passer le message, pas de vous écouter parler. »
Si vous avez besoin d’aide pour assimiler la méthodologie de la dissertation philosophique et obtenir une bonne note au bac, n’hésitez pas à vous faire accompagner par un professeur de philosophie. Thibault Montoroi et Albane Delesque sont disponibles sur le site de Superprof.