Témoignage

Grand oral : une édition 2022 sans créativité

Cette année, plus de 700.000 élèves ont passé le grand oral du baccalauréat.
Cette année, plus de 700.000 élèves ont passé le grand oral du baccalauréat. © plainpicture/plainpicture
Par Marion Allard-Latour, publié le 01 juillet 2022
4 min

Du 20 juin au 1er juillet, tous les élèves de terminale générale et technologique ont passé l’ultime épreuve du baccalauréat : le grand oral. Deux professeurs d’HGGSP reviennent sur ce cru 2022.

Ces deux dernières semaines, l'épreuve du grand oral a été la dernière des candidats au bac. Pendant vingt minutes, plus de 700.000 élèves ont dû exposer et répondre à une question en lien avec leur enseignement de spécialité. Entre le stress et une préparation à l’exercice parfois insuffisant, Léa Lescoeur et Marie-Aimée Romieux, toutes deux enseignantes de spécialité HGGSP (histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques) et examinatrices cette année, reviennent sur cette expérience intéressante, malgré quelques aléas.

Peu d'originalité dans les sujets

"Je pense que les candidats étaient mieux préparés que l’an passé", estime Léa Lescoeur, jurée pour la première fois au grand oral. Une préparation encore incomplète : "Mais pour l’entretien de dix minutes, ils ont souvent manqué de précision. Ils s’attendaient à des questions plus générales." Même avis du côté de Marie-Aimée Romieux : "Les élèves sérieux ont travaillé l’oral mais il reste d’importantes lacunes en termes de préparation".
Après avoir fait passer une cinquantaine d'oraux, Léa Lescoeur regrette ainsi le manque d’originalité dans le choix des sujets. "J’ai notamment eu deux sujets sur la conquête spatiale indienne très similaires, observe l’enseignante. Sinon, j’ai trouvé que les questions proposées n’étaient pas vraiment créatives. Les lycéens sont restés assez classiques avec par exemple un sujet sur 'Thomas Pesquet et les réseaux sociaux'". Néanmoins, un sujet a retenu l’attention de l'examinatrice : "Comment parler de la Shoah aux enfants ?" "L’exposé était bien étayé", poursuit-elle.
Pour Marie-Aimée Romieux, "il y a eu assez peu de questions originales" mais certains ont joué le jeu grâce à leurs centres d’intérêts : "Le conflit au Sahara occidental, les enjeux géopolitiques de la Coupe du monde au Qatar… Cette technique leur a permis d’augmenter les points." À l'inverse, "nous voyons bien ceux qui ont juste appris par cœur et ne sont pas en capacité de répondre à des questions plus pointues".

Pas assez d'heures dédiées à l'oral ?

Pour expliquer ce manque de préparation, les enseignantes avancent le report des épreuves écrites de spécialités au mois de mai, qui n’a pas permis un bon suivi. "Il manque des heures de cours pour leur apprendre à s’entraîner à l’oral. Mais les programmes sont tellement lourds qu’on mise tout sur l’écrit (coefficient 16, NDLR)", explique Marie-Aimée Romieux.

Certains établissements proposent toutefois des cours d’éloquence. "Des élèves ont l'habitude de parler devant la classe depuis la première", confirme Léa Lescoeur. Pour eux, les cinq minutes dédiées à l’exposé ne posent donc pas de difficulté particulière : "Ils savent argumenter". Cependant, la partie entretien de dix minutes reste à améliorer. "Je suis contente d’avoir été convoquée car je vais reprendre cela à la rentrée", analyse l'enseignante.

Reste la dernière partie, la problématique liée à l’orientation, où "ils s'en sortent mieux", sourit Marie-Aimée Romieux, qui rappelle que "s’ils ont choisi une question sans rapport avec la suite de leurs études, cela n’est pas pénalisant". "La moitié des candidats avait préparé un petit pitch pour expliquer leur vocation, raconte Léa Lescoeur. Quelques-uns étaient surpris de nos interrogations et se sont laissés porter par les questions."

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