Décryptage

Education à la sexualité : comment former tous les élèves ?

Depuis la loi du 4 juillet 2001, trois séances par an d'éducation à la sexualité sont obligatoires, du CP jusqu’à la terminale.
Depuis la loi du 4 juillet 2001, trois séances par an d'éducation à la sexualité sont obligatoires, du CP jusqu’à la terminale. © Adobe Stock/Visual Generation
Par Charlotte Mauger, publié le 25 août 2023
1 min

Bien qu’elle soit obligatoire, seuls 10% des élèves français reçoivent une éducation à la sexualité à l’école. Alors que le conseil supérieur des programmes s’est saisi du sujet en juin dernier, différents spécialistes donnent des pistes d’amélioration.

L’année dernière, avez-vous assisté à trois séances d’éducation à la sexualité ? Ces moments d'échanges autour de la contraception, du consentement, du genre… Et l’année d’avant ?

Sûrement peu d’entre vous répondront oui à ces questions. En janvier dernier, lors de son audition auprès de la délégation des droits des enfants de l’Assemblée nationale, l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, le reconnaissait : seuls 10 % des élèves ont pu suivre des séances en 2021-2022. Pourtant, depuis la loi du 4 juillet 2001, trois séances (au moins) par an sont obligatoires, du CP jusqu’à la terminale.

"Face à ce constat, j'ai réuni un groupe de travail pour identifier les freins et proposer des aménagements pour la tenue effective des séances", a écrit Pap Ndiaye en juin 2023. Il a saisi le Conseil supérieur des programmes (CSP) pour élaborer une proposition de programme pour chaque niveau.

Quel programme en éducation à la sexualité ?

Tous le disent, ces séances sont pourtant importantes. "Pour beaucoup, l'éducation à la sexualité reste encore taboue. Mais la 'sexualité' ne se résume pas aux rapports sexuels, et on n’aborde jamais l’intimité des jeunes lors des séances collectives !" insiste Véronique Baranska, infirmière et sexologue, co-autrice de L’éducation à la sexualité. Respect, égalité, altérité (In Press, 2021).

Un constat partagé par Sébastien Brochot, formateur et président de l’association de protection de l’enfance Une Vie : "L’objectif est d’aider les adolescents à devenir des individus et citoyens épanouis, à se respecter et à respecter les autres".

Cela passe par plusieurs choses : prévenir les stéréotypes de genre, aborder la notion de consentement, permettre de verbaliser ses émotions, connaître des éléments de droit et de loi, respecter l’autre, connaître son identité, être bien dans son corps, lutter contre toute forme de discrimination

Des créneaux dédiés et des personnes formées

Que faut-il faire pour renforcer cette matière ? Pour certains, il faut commencer par réserver des créneaux. "Car il n’y a pas de temps dédié, alors que les professeur(e)s ont déjà un programme à tenir pour l’année", note Jihenne Tliba, qui travaille au Centre régional d'information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes (Crips).

L’intervention - donnée par un membre du personnel éducatif ou extérieur - doit être faite par une personne formée à l’éducation à la sexualité. "Et il faut intervenir en binôme : une personne face aux élèves et une autre en retrait, qui peut notamment voir si un élève pourrait avoir besoin d’aide", recommande Sébastien Brochot.

Pas des cours mais des séances d'échange

Si on ne parle que de "séance" et pas de "cours", c’est qu’il doit s’agir d’un moment d’échange. "Les jeunes découvrent un réel espace de discussion autour de leurs représentations dans lequel leurs questions ne sont pas jugées", recommande Véronique Baranska.

Pour cela, "on doit s’adapter au public en face de nous : l’âge, les connaissances, les besoins, les préoccupations actuelles… Ensuite, on discute, on débat et on oriente, si besoin, les élèves vers des structures", explique Jihenne Tliba. Établir un programme permet justement d’identifier quels sont les sujets à aborder en fonction de l’âge des élèves.

"Et il est important que ces séances soient tenues à l’école pour que tous et toutes y aient accès. Mais aussi parce que c’est le rôle de l’école d’assurer le bien-être des élèves pour qu’ils soient en situation de réussite éducative", insiste-t-elle.

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