Éducation à la sexualité : une urgence à revoir les programmes ?
Sujet aussi intime que sociétal, la sexualité peine à trouver sa place dans les programmes scolaires. Deux rapports parus en septembre 2022 recommandent de renforcer et diversifier les enseignements en la matière, en allant au-delà des enjeux biologiques et sanitaires.
Les mots des quatre sénatrices ne sont pas tendres. "Tous les intervenants entendus par la délégation [aux droits des femmes du Sénat] se sont accordés pour dénoncer l'échec de l'éducation à la sexualité en France aujourd'hui", affirment les autrices du rapport "Porno : l'enfer du décor", publié le 27 septembre 2022.
Selon elles, cela se limite "bien souvent" à "quelques cours de SVT (sciences de la vie et de la Terre) dédiés à l'enseignement de la reproduction en classe de 4e". Ceci alors que la loi Aubry de 2001 prévoit au moins trois séances par an consacrées à l'éducation à la sexualité, de l'école primaire jusqu'au lycée.
De la sexualité au sexisme : recentrer le programme
Un autre rapport, également publié en septembre 2022, abonde en ce sens. Remis au ministère par deux inspectrices générales de l'éducation en juillet 2021, il propose de renommer l'éducation à la sexualité en intégrant l'enjeu du sexisme. Les inspectrices recommandent ainsi d'inclure au programme les violences et discriminations sexistes et sexuelles.
Élargir à d'autres disciplines
Un tel élargissement nécessiterait de ne pas aborder le sujet seulement en SVT et en enseignement moral et civique. Les deux inspectrices générales proposent donc d'intégrer les notions d'éducation à la sexualité et au sexisme dans les programmes des autres disciplines concernées, côté sciences humaines, économiques et sociales. L'objectif est notamment de limiter les éventuelles "réticences de ces enseignants à participer à des séances" sur ces thématiques.
Les professeurs ne sont d'ailleurs pas les plus concernés par l'éducation à la sexualité. Ils en donnent 15% des cours dans les collèges et 20% dans les lycées, d'après une enquête de la direction générale de l'enseignement scolaire sur l'année 2018-2019. Loin derrière les infirmiers scolaires (40% dans les deux cas) et même moins que des intervenants extérieurs à l'établissement (30% dans les deux cas), comme des représentants d'associations.