Les classes préparatoires scientifiques s'engagent en faveur de l’égalité des chances. Les CPGE mettent en place de nombreuses initiatives pour combattre l’autocensure et promouvoir la filière auprès des lycéens. Focus sur des dispositifs d'ouverture sociale en prépa scientifique.
Les classes préparatoires scientifiques cherchent à favoriser une plus grande diversité sociale parmi leurs étudiants. Aux côtés des écoles d'ingénieurs, elles souhaitent ainsi lutter contre l'autocensure dans les projets d'orientation des lycéens. Bourses, information, lutte contre les idées reçues, proximité, accueil de bacheliers technologiques, les actions et modalités pour développer l'ouverture sociale en prépa scientifique sont diverses. On fait le point.
Des bourses pour étudier en classes prépas scientifiques
Des freins financiers peuvent empêcher un étudiant de choisir des études longues mais il est bon de rappeler que la scolarité en classe préparatoire est gratuite dans les lycées publics. De plus, les étudiants de classe préparatoire peuvent prétendre au même titre que tous les étudiants aux bourses de l'enseignement supérieur.
Près de 27% des étudiants de classe préparatoire scientifique bénéficient ainsi d’une bourse. "Ce taux de boursiers est significativement plus élevé que celui des classes préparatoires intégrées mais moins que les premiers cycles universitaires. On en est très conscient et on essaye d’améliorer la situation", certifie Denis Choimet, président de l'UPS (Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques).
Certains organismes privés attribuent des bourses pour encourager les bacheliers à se diriger vers des études scientifiques. Le fonds de dotation Anne et Frédéric Potter se donne ainsi pour mission d’accompagner financièrement des élèves issus de milieux modestes et de zones défavorisées, pour les encourager à choisir des études en classes préparatoires scientifiques.
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Les classes prépas scientifiques accueillent des bacheliers technologiques
Les filières technologiques des classes préparatoires scientifiques accueillent un nombre important d'étudiants boursiers et des profils plus diversifiés que les filières générales. Le taux de boursiers peut atteindre jusqu'à 40%.
Lilian a obtenu un bac STI2D en 2020. Il est désormais étudiant en deuxième année de classe prépa filière TSI (Technologie et sciences industrielles) au lycée Richelieu, à Rueil-Malmaison (92). "Ce choix n’était pas évident au départ. Mais j’ai pu y réfléchir car j’ai fait ma scolarité dans ce lycée. J’étais plutôt un bon élève et mes professeurs m’ont poussé à faire de longues études. Mais la décision m’est toujours revenue."
Les classes préparatoires demeurent sélectives mais les résultats scolaires ne sont pas uniquement pris en compte. Elles sont particulièrement attentives au projet de formation motivé du candidat, sa lettre de motivation sur Parcoursup. "Il faut savoir que certains élèves ont été sélectionnés en ayant entre 10 et 12 de moyenne au lycée et réussissent très bien en prépa. C'est surtout une question de motivation", confirme le jeune homme.
De la même manière, de grandes écoles d'ingénieurs ouvrent leurs portes aux étudiants issus de ces filières technologiques. CentraleSupélec recrute ainsi des étudiants venant de la filière TSI. L'établissement organise un accompagnement personnalisé à destination de ces étudiants. "Nous proposons un suivi pour ces élèves et nous mettons en place des cours de rattrapage en mathématiques. Nous refusons de les envoyer dans le mur", intervient Olivier de Lapparent, chef de cabinet du directeur général de CentraleSupélec.
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Une meilleure diversité sociale dans les prépas dites de proximité
Les classes préparatoires scientifiques ne se résument pas uniquement aux prépa ultra sélectives. Les prépas dites de proximité sont situées dans les villes de taille moyenne ou en périphérie de grandes villes. Ces prépas sont souvent moins sélectives mais accueillent une diversité sociale plus grande.
Elles font néanmoins face à un défaut d’attractivité de la part des candidats et sont rarement demandées en premier vœu sur la plateforme Parcoursup. "Les prépas de proximité sont des structures qui recrutent plus difficilement mais en contrepartie sont de nature à intensifier la promotion sociale", assure Denis Choimet.
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Mieux informer sur les filières scientifiques au collège et au lycée pour encourager la diversité sociale
Les classes préparatoires scientifiques sont conscientes des enjeux dus à la réforme du lycée, et de son impact sur le choix des spécialités. Les chiffres montrent que les élèves issus de milieux sociaux favorisés ou très favorisés sont surreprésentés en spécialités mathématiques et en maths expertes. "Nous recrutons dans un vivier déjà filtré socialement. Mais il n'y a vraiment pas de raison pour que les élèves issus de milieux moins favorisés ne puissent pas envisager des études longues ", explique le président de l'UPS.
Les classes préparatoires scientifiques mais aussi les écoles d’ingénieurs organisent des actions à destination des collégiens et des lycéens pour leur faire découvrir les études scientifiques. Nombreux sont encore les lycéens issus de milieux sociaux défavorisés qui ne connaissent pas les écoles d'ingénieurs.
Certains jugent à tort les prépas et écoles d'ingénieurs inaccessibles en raison d'un niveau scolaire trop exigeant ou du coût élevé des études. "Il faut agir en amont et soutenir les élèves issus de milieux défavorisés. Il faut repérer les gens qui ont du potentiel", soutient Olivier de Lapparent.
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Lutter contre les idées reçues sur les classes prépas scientifiques
Parmi les initiatives, on peut citer le dispositif des Cordées de la réussite dans lequel les élèves bénéficient de modalités d'accompagnement diversifiées et sur mesure. L'offre de formation dans l'enseignement supérieur est présentée dans sa diversité aux élèves. Ce dispositif concerne les collégiens et les lycéens et principalement les élèves scolarisés en éducation prioritaire ou en quartier prioritaire politique de la ville (QPV) et en particulier dans les cités éducatives.
Un certain nombre de prépas scientifiques proposent aux lycéens volontaires des journées d’immersion. Ces élèves suivent quelques séances de cours, travaux dirigés et travaux pratiques de première ou deuxième années. Les classes préparatoires demandent une généralisation des dispositifs d’immersion afin de permettre au plus grand nombre de découvrir les classes préparatoires scientifiques et technologiques, en cassant les clichés et les idées reçues sur ces formations. Avec en ligne de mire une plus grande ouverture sociale.