Enquête

Junior-entreprise : un investissement gagnant

En plus de leurs études, Alexandre, Leo, Manon, Mélodie et Victor (de gauche à droite et de haut en bas) s'impliquent dans une junior-entreprise.
En plus de leurs études, Alexandre, Leo, Manon, Mélodie et Victor (de gauche à droite et de haut en bas) s'impliquent dans une junior-entreprise. © Photos fournies par les témoins
Par Marie Roy, publié le 25 juillet 2023
5 min

S'impliquer dans une junior-entreprise (JE) pendant ses études est une bonne manière de se familiariser avec le monde professionnel. Néanmoins, il est parfois difficile de se faire une idée de ce que cela demande en termes d'investissement avant d'en faire partie. L'Etudiant a mené l'enquête.

C'est une structure, peu connue, mais qui regroupe 25.000 collaborateurs. Cette vaste nébuleuse, ce sont les étudiants membres de l'une des 200 junior-entreprises (JE), existantes dans les établissements du supérieur, en France. Le chiffre est impressionnant et donne la mesure du développement depuis la naissance du concept, en 1967, à l'Essec.

À l'époque, l'école de commerce décide de créer une association fonctionnant comme une entreprise et permettant aux étudiants de mettre en pratique leurs enseignements. Ils pourront ainsi réaliser des missions professionnelles pour des clients réels. Depuis, les JE ont largement essaimé à travers tout le territoire.

La junior-entreprise, un "énorme engagement" pour les plus impliqués

Si ces structures sont une bonne façon de mettre un pied dans le monde du travail, il n'en reste pas moins qu'elles représentent "un énorme engagement en termes de temps. Et pendant un an, forcément, on fait des sacrifices", indique Leo, président de la JE d'HETIC, une école du numérique et également président de JE Europe.

Le jeune homme précise avoir consacré 35 heures par semaine pour la junior-entreprise de son établissement. Et, parmi les étudiants en responsabilité, il est loin d'être le seul à dédier autant de temps à cette activité.

À Bretagne Conseil, la JE de Rennes School of Business, Manon confie dédier une quarantaine d'heures hebdomadaires à son activité associative. Pour Victor Wartel, vice-président de Junior ESSEC, le chiffre monte à "50 heures au minimum" par semaine.

Alexandre, président de la Confédération nationale des junior-entreprises (CNJE), relativise : "C'est un fonctionnement très libre, on peut s'investir seulement cinq ou dix heures par mois si on le souhaite."

Le statut national d'étudiant-entrepreneur pour moduler son emploi du temps

Car il existe deux manières de s'impliquer dans une JE. Lorsque l'on est membre du conseil d'administration ou du bureau de la structure, l'engagement – bénévole - nécessite bien souvent de ne pas compter ses heures.

Pour ceux qui s'impliquent le plus, il est possible, depuis novembre 2021, de bénéficier du statut national d'étudiant-entrepreneur. L'étudiant peut alors moduler son emploi du temps en fonction de son activité entrepreneuriale. "Pour moi, il est logique qu'il y ait ce statut, car si on travaille pour la JE, ce n'est pas comme si on séchait des cours. On réalise des choses qui s'intègrent dans nos apprentissages", appuie Leo.

Des missions rémunérées dans le cadre de la junior entreprise

À côté de cela, d'autres étudiants pourront choisir de ne réaliser que des missions ponctuelles. Elles diffèrent selon l'école et le domaine d'expertise : un étudiant en école de commerce pourra, par exemple, établir un business plan ou faire du conseil en stratégie. Dans une école d'ingénieurs, il pourra s'agir de s'occuper du prototypage d'un produit.

Pour la réalisation d'une étude, l'étudiant est payé. "La rémunération se calcule par rapport au temps qu'on y passe, au niveau de l'étudiant et de l'enveloppe pour chaque mission", explique Alexandre.

À l'université, un engagement pas toujours simple à articuler avec les études

Malgré l'intérêt pédagogique du dispositif, les établissements ne peuvent pas tous loger leurs étudiants à la même enseigne.

"À l'université Dauphine, les cours sont obligatoires. Il est donc très complexe d'obtenir une dispense de la part de l'administration. On ne demande pas à avoir une plage aménagée pour la JE, mais simplement de pouvoir ponctuellement aller à un rendez-vous client ou à un événement", déplore Mélodie Segond, présidente de la JE de Dauphine et étudiante en licence des sciences des organisations.

Quant au statut d'étudiant-entrepreneur, "on nous a dit que l'administration ne pouvait pas nous donner un traitement de faveur par rapport aux autres associations, même si le projet est professionnalisant." 

La jeune femme pointe d'autres différences entre université et école. "Nous avons la chance d'avoir des locaux à nous, mais quand on compare avec les JE des écoles de commerce, ce n'est la même chose."

Vers une reconnaissance plus globale de l'engagement étudiant ?

La CNJE a conscience de ces spécificités. "L'expérience va être différente qu'elle soit réalisée en école de commerce, en école d'ingénieurs, en université ou en école spécialisée", abonde Alexandre. "La reconnaissance de l'engagement étudiant n'est pas la même partout. On cherche justement à améliorer cette situation."  

Pour lui, si les universités sont parfois un peu à la traîne, c'est qu'elles ont "moins en relation avec les entreprises. Une JE dans une université aura plus de mal à développer des partenariats".

Entre les écoles de commerce elles-mêmes, les disparités peuvent être grandes. À l'Essec, les membres de la JE bénéficient d'une année de césure pour se consacrer à leur structure. Ce qui n'est, par exemple, pas le cas de Rennes School of Business où l'implication se déroule en parallèle des cours.

"Mon implication dans la JE a sauvé mon année"

Malgré ces différences, les étudiants s'accordent sur un point : le bénéfice que leur apporte la junior-entreprise.

"Mon implication dans la JE a sauvé mon année : ça m'a vraiment boosté. J'apprends plein de choses et je rencontre des clients supers aux projets parfois géniaux. J'ai trouvé ce que je venais chercher, c'est-à-dire du concret et une vision business", conclut Manon. Avis aux aspirants entrepreneurs !

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