Décryptage

Coronavirus : l'enseignement supérieur limite sa capacité d'accueil à 50%

REA
Difficile de respecter la distanciation sociale dans des amphithéâtres et des salles de classe bondés. © Fred MARVAUX/REA
Par Amélie Petitdemange, mis à jour le 16 octobre 2020
4 min

Depuis le 6 octobre, les écoles, universités et instituts de formation situés en zones d'alerte "renforcée" et "maximale" doivent se limiter à la moitié de leur capacité d'accueil.

La jauge des 50% maximum contraint les établissements d'enseignement supérieur situés en zone d’alerte renforcée et en zone d’alerte maximale à limiter leurs capacités d'accueil. Elle concerne toutes les zones d’accueil : espaces d’enseignement, de restauration et bibliothèques universitaires.

Amphis bondés

La maire de Paris, Anne Hidalgo, avait constaté dimanche 4 octobre, une situation "catastrophique dans les facs", alors que des photos d'amphis bondés circulent sur les réseaux sociaux depuis des semaines.

En plus de la jauge de 50%, la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a demandé aux établissements des zones d'alerte renforcée et maximale de réaliser un point quotidien avec leur recteur.

Mesures anticipées

À l'université d'Aix-Marseille, ces mesures sont déjà appliquées depuis fin septembre, lorsque la métropole est passée en zone d'alerte maximale.

"Nous avons anticipé cette situation dès la rentrée. Quand les étudiants pouvaient suivre à distance, c'est ce qui était privilégié. Quand la ville est passée en zone d'alerte maximale, j'ai renforcé les mesures de distanciation en donnant la possibilité aux directeurs de facultés de passer les grands amphis en distanciel. En licence, seuls les étudiants en fracture numérique et les TP sont accueillis sur le campus. En master, nous pouvons faire du présentiel quand les promos sont plus petites, d'autant que les grandes salles sont disponibles", explique Eric Berton, président d'Aix-Marseille Université.

Même situation à Toulouse, où les établissements d'enseignement supérieur avaient souvent mis en place ces mesures. "La règle n'était pas posée de manière aussi claire, donc toutes les composantes de l'université ne la respectaient pas, mais c'était le cas pour la majorité", affirme Philippe Raimbault, président de l'Université fédérale Toulouse-Midi-Pyrénées.

Isolement des étudiants

Les chefs d'établissements souhaitent cependant un retour des étudiants sur le campus le plus vite possible. "Les universités sont aussi des lieux de sociabilité, quand on se retrouve tout seul dans sa chambre, ça peut mettre des étudiants en situation de mal être", explique Philippe Raimbault. L'université Toulouse-Midi-Pyrénées essaie par conséquent de maintenir des événements étudiants, même à distance.

"De plus en plus d'étudiants ont besoin d'un soutien psychologique", ajoute le président d'Aix-Marseille Université, Eric Berton.

Risque de décrochage

Les universités craignent par ailleurs une hausse du décrochage. "C'est important d'avoir une relation entre enseignants et étudiants. Il y a des étudiants de première année qui ne sont pas allés en cours depuis mars", souligne Eric Berton.

Certains étudiants manquent par ailleurs d'une connexion internet ou d'un ordinateur. "Le problème de cette mesure, c'est qu'elle n'est pas accompagnée de moyens. Beaucoup d'étudiants n'ont pas accès aux outils numériques pour suivre les cours en ligne", affirme Melanie Luce, présidente du syndicat étudiant Unef.

Si ces nouvelles mesures sanitaires ne sont pas assorties d'un budget de l'Etat, les universités piochent souvent dans les aides de la région ou de la métropole. L'université de Toulouse-Midi-Pyrénées a par exemple donné 1.500 ordinateurs et des clés 4G en mars dernier. Un nouveau recensement est en cours pour déceler les étudiants en situation de fracture numérique.

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