Décryptage

Coronavirus : que se passe-t-il en cas de cluster dans un établissement ?

Le port du masque est actuellement obligatoire dans les établissements et une distance physique d’un mètre doit être respectée dans la mesure du possible.
Le port du masque est actuellement obligatoire dans les établissements et une distance physique d’un mètre doit être respectée dans la mesure du possible. © Simon LAMBERT/HAYTHAM-REA
Par Amélie Petitdemange, publié le 16 septembre 2020
6 min

Plus d’une dizaine de clusters ont été identifiés dans les établissements d'enseignement supérieur. La décision d'isoler des étudiants ou de fermer un campus se fait au cas par cas.

La rentrée commence tout juste dans les établissements d'enseignement supérieur, et plus d’une dizaine de clusters ont déjà été identifiés. Certains ont dû fermer et passer aux cours à distance avant même la rentrée, comme les campus de Sciences po à Paris et Reims (51). À l’Icam de Toulouse (31), ce sont tous les étudiants de première et deuxième années qui sont désormais en distanciel, après la découverte de 15 cas positifs.

D’autres, comme l’université de Nantes (44), ont demandé aux étudiants contaminés et aux cas contacts de rester chez eux. À l’université d’Amiens (80), 500 étudiants ont aussi été isolés après la découverte de 20 cas.

Des amphis bondés

"Les professeurs nous ont dit que des étudiants de médecine avaient été isolés, mais ce n’est pas allé plus loin. On ne nous demande pas de nous faire dépister, c’est sur la base du volontariat", raconte Camille, étudiante en première année de psychologie à l’université d’Amiens. La jeune femme suit ses cours à distance pour les travaux dirigés (TD), mais en présentiel pour les cours magistraux (CM), à 250 par amphi. "Les groupes ont été divisés par deux. Nous sommes 500 dans la promo", explique-t-elle.

Actuellement, le port du masque est obligatoire dans les établissements et une distance physique d’un mètre doit être respectée dans la mesure du possible. Lorsque des cas de coronavirus sont détectés dans l’établissement, cette distance devient obligatoire, a rappelé la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, lors d’une conférence de presse le mardi 15 septembre.

La décision de fermer un établissement ou d’isoler quelques étudiants se fait en lien avec l’Agence régionale de santé (ARS), le rectorat et le ministère de l'Enseignement supérieur. Plusieurs réalités sont prises en compte, comme la taille du campus, la façon dont les salles sont conçues, le nombre d’étudiants… "Ce sont très rarement des établissements entiers qui sont fermés, mais souvent des campus ou des facs", a précisé Frédérique Vidal.

Le campus rémois de Sciences po Paris a été fermé au public avant même que la rentrée ne débute. "Lorsqu'il y a des cas, nous les transmettons à l'Agence régionale de santé. Elle prend contact avec les étudiants et réfléchit à la possibilité de les faire tester et de fermer le campus", explique Bénédicte Durand, directrice des études et de la scolarité de l'établissement.

Dans le cas de Reims, tous les étudiants ont été encouragés à se faire tester. "Le directeur de campus communique quasiment tous les jours par mail avec les étudiants et leur a demandé de s’isoler dans l’attente du dispositif de test et de faire remonter leur éventuelle positivité", explique Bénédicte Durand. Les cours ont débuté lundi dernier comme prévu mais à distance, grâce au système de "double campus" de Sciences po, qui permet de suivre tous les cours en ligne. Une campagne de test a ensuite été lancée mardi et mercredi sur une partie réservée du campus.

Sensibiliser aux gestes barrières hors des cours

"Les contaminations ont majoritairement lieu en dehors des cours, lors de retrouvailles familiales ou amicales", relève cependant la ministre. Frédérique Vidal a donc rencontré les associations étudiantes lundi dernier, afin de réfléchir aux moyens de communication les plus efficaces pour sensibiliser les étudiants au respect des gestes barrières en dehors des établissements.

"Les jeunes sont souvent asymptomatiques et pensent donc qu’il peuvent moins transmettre la maladie. Il y a un travail de terrain à mener avec les associations étudiantes. Ils doivent comprendre que mieux ces gestes barrières seront respectés, plus vite on reviendra à la normale", a-t-elle expliqué.

"Je ne nie pas que les étudiants se fassent contaminer en dehors des cours, mais la situation est aussi intenable dans les universités. Les étudiants se scandalisent des amphithéâtres bondés, où certains sont assis sur les marches, sans aucune distanciation physique. Quant aux masques, certains les ont depuis plusieurs jours, car ils ne sont pas pris en charge par l’État", réagit Mélanie Luce, présidente de l’association étudiante Unef (union nationale des étudiants de France).

Des étudiants isolés sans cours à distance

Selon elle, la rentrée n’a pas été assez bien préparée par le gouvernement. "Lorsque une promotion est touchée, les cours passent en distanciel. Mais quand il s’agit de cas isolés, les étudiants sont invités à rester chez eux, sans solution pour accéder aux cours qui se déroulent en présentiel", affirme la responsable syndicale.

L’Unef demande par conséquent une titularisation de tous les contractuels pour dédoubler les classes et des consignes sanitaires plus claires. Le syndicat pointe également le manque de budget des universités et la précarité de certains étudiants. "Près de 42% des étudiants renoncent à se soigner faute de moyens. S’il n’y a pas de mesures concrètes, la communication ne suffira pas. Il faut par exemple réaliser des tests à la fac et distribuer gratuitement des masques", réclame la présidente de l'Unef.

À ce stade, aucune action concrète n’a été annoncée par le ministère, et une autre rencontre avec les associations est prévue la semaine prochaine.

"Ce que je peux faire concrètement, c’est appeler à leur responsabilité. Cela fonctionne, ce sont des adultes capables de comprendre. Il faut faire confiance aux étudiants", a ajouté Frédérique Vidal.

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