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Médecine : les étudiants marocains en guerre contre le service médical obligatoire

Les étudiants en médecine marocains se mobilisent contre le service médical obligatoire (marche de septembre 2015).
Les étudiants en médecine marocains se mobilisent contre le service médical obligatoire (marche de septembre 2015). © BDE de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Marrakech
Par Virginie Bertereau, publié le 01 octobre 2015
1 min

Les déserts médicaux : un problème dans de nombreux pays. Le Maroc en fait partie. Comme solution, son gouvernement propose un service médical obligatoire de 2 ans aux jeunes médecins diplômés. Les étudiants protestent.

Et si le gouvernement imposait un service obligatoire aux étudiants en médecine fraîchement diplômés pour pallier les déserts médicaux ?

En France, l'idée a déjà été évoquée par le Sénat. Au Maroc, elle sera peut-être une réalité en 2016. Un projet de loi, présenté officiellement en avril 2015 et toujours en discussion, pourrait imposer aux jeunes diplômés issus des 5 facultés publiques 2 ans de service dans des zones rurales du pays. En cas de manquement à leurs obligations, ils pourraient être interdits d'exercer. "Le Maroc compte 22.000 médecins. Nous en aurions besoin de 9.000 en plus", indique le ministère de la Santé marocain. La densité médicale s'élève à 6 praticiens pour 10.000 habitants contre 30 en France.

2 ans de service, et après ?

Pour protester contre ce projet de loi, les étudiants et les externes ont entamé le boycott de leurs cours et stages hospitaliers à partir du 1er septembre 2015. Des manifestations ont eu lieu dans tout le pays. Ce 1er octobre, ils doivent être rejoints dans leur mouvement par les internes et les résidents. À l'exception des urgences, les services devraient être vides d'étudiants en médecine.

Pourquoi ce boycott ? "Nous ne sommes pas contre travailler dans ces régions, d'où une grande partie d'entre nous sont originaires. Mais la clause d'obligation de ce projet de loi nous prive de tous nos droits. Nous ne serions pas employés par l'État et nous n'aurions aucune garantie d'emploi au bout de ces 2 ans. De plus, un médecin seul, sans aucune infrastructure ni matériel médicaux ne peut pas fournir des soins de qualité", expliquent Charaf Zian et Rania Dardane, tous deux étudiants à Marrakech.

Le ministère rétorque : "Pendant les 2 ans de service, les diplômés pourraient toujours passer les concours de recrutement ou de spécialité pour travailler ensuite. S'ils ne seraient pas fonctionnaires, ils auraient néanmoins le droit à l'assurance maladie et seraient payés le même salaire qu'un médecin débutant (800 € par mois)."

Le spectre d'une année blanche

Pour les étudiants marocains, le mouvement est également l'occasion de revendiquer d'autres points : l'organisation de plus de concours, à des dates fixes, menant à la création de plus de postes, une meilleure reconnaissance du doctorat médical (considéré comme un master) et la rémunération qui va de pair, une augmentation des bourses des externes (aujourd'hui à 110 dhs, soit 10 €, par mois) et de meilleures conditions de formation. S'ils n'obtiennent pas satisfaction, les étudiants marocains, soutenus par la Coordination nationale des professeurs des facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire, menacent de faire une année d'études blanche.

Les études de médecine au Maroc
Il existe 5 facultés publiques de médecine au Maroc (Fès, Oujda, Rabat, Casablanca et Marrakech) et 2 établissements privés qui viennent d'ouvrir. On recense 15.000 étudiants. Les études durent de 8 à 13 ans. Les étudiants sont présélectionnés sur les notes obtenues au lycée. Ils passent ensuite un concours d'accès dans 4 matières : mathématiques, physique, chimie, et science de la vie et de la Terre. On compte environ 8 à 12 % d'admis.

Après leur deuxième cycle (6e année), mêlant cours, stages et gardes, ils peuvent commencer à préparer leur thèse. En passant des concours, ils deviennent médecins généralistes ou spécialistes fonctionnaires. Sans cela, ils peuvent exercer dans le privé.

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