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Internat de médecine : pourquoi l'appel à la grève des hospitalo-universitaires menace la tenue des ECOS ?

Les ECOS sont importants pour le classement de l'internat en médecine.
Les ECOS sont importants pour le classement de l'internat en médecine. © Kzenon / Adobe Stock
Par Amandine Sanial, publié le 17 mai 2024
1 min

Le syndicat des hospitalo-universitaires a appelé à la grève lors des ECOS, qui se tiendront les 28 et 29 mai prochains. Le président de la Conférence des doyens de médecine voit cette grève comme "un poids que les élèves n’ont pas à supporter". De son côté, le président du syndicat assure que les étudiants "ne seront pas pris en otage".

"Ce qui me pose problème, ce n’est pas que les hospitalo-universitaires fassent grève : c’est qu’ils fassent grève sur le dos des étudiants." Pour Benoît Veber, le président de la Conférence des doyens de médecine, le message est clair : la grève annoncée par le SHU, syndicat représentatif des personnels hospitalo-universitaires, risque bien de perturber, voire d’annuler les premiers ECOS organisés en France.

Les ECOS, un examen qui "participe au classement de l'internat"

Réforme des études de médecine oblige, les étudiants de sixième année de médecine doivent désormais passer un examen oral, sous forme de mise en situation avec de "faux" patients. Lors de ces ECOS, organisés en dix sessions de huit minutes, l’étudiant doit établir un diagnostic clinique en présence d’observateurs. L’examen permet ainsi d’évaluer tant les connaissances médicales que les capacités relationnelles du futur interne.

"C’est un examen très important pour eux car il va participer au classement de l’internat. D’un point de vue éthique pédagogique, [la grève] ne me convient pas", poursuit Benoît Veber, interrogé par l’Etudiant. Les ECOS sont en effet décisives pour l’avenir des étudiants car l’épreuve compte pour 30 % de la note finale, et peut donc leur faire perdre de nombreuses places au classement de l’internat.

Une grève contre la réforme des retraites des hospitaliers-universitaires

À l’origine de la polémique : un appel à la grève du SHU pour les jours d’examen, qui vise à dénoncer la réforme des retraites des personnels. Les enseignants-chercheurs hospitalo-universitaires (HU) travaillant à la fois à l’université et à l’hôpital, ils sont donc payés par les deux structures. Cependant, leur retraite n’est calculée que sur leur activité à l’université, mais pas à l’hôpital.

Pour pallier ce problème, une réforme menée par le gouvernement entend affilier les titulaires à l'Ircantec, une caisse de retraite complémentaire des fonctionnaires, afin de mieux prendre en compte leurs activités hospitalières dans le calcul de leur retraite. Un recul plus qu’une avancée pour Guillaume Captier, président du SHU.

"Cette réforme dégrade le statut des fonctionnaires d'État en dissociant les rémunérations universitaires et hospitalières." Selon lui, cette dégradation du statut risque de rendre la carrière des HU encore moins attractive, car elle entraînerait notamment une baisse de salaire, en particulier sur les plus jeunes.

"Il y a une inquiétude qui est réelle et palpable, reconnaît le président de la Conférence des doyens de médecine. Le monde hospitalo-universitaire connaît une crise d’attractivité importante. Mais ce n’est pas aux étudiants de payer le prix fort d’une grève qui porte sur nos retraites."

Un impact de la grève sur l'organisation des ECOS

Cette grève va jusqu’à menacer la tenue des ECOS, car ce sont ces enseignants-chercheurs et hospitaliers qui sont chargés d’examiner et noter les étudiants. "L’épreuve est très structurée, mais elle demande une logistique forte : il faut deux observateurs, dont un provenant d’une autre université. [...] Si la grève est suivie par un nombre important d’observateurs, cela peut annuler l’épreuve", explique Benoît Veber.

Pour l’heure, impossible de savoir si la grève sera suivie ou non, bien que selon un sondage mené par le SHU entre le 16 mars et le 1er avril, 45,2 % des personnels ont déclaré faire grève lors des ECOS de mai. "Si le gouvernement n'ouvre pas de négociation d'ici là, cela peut avoir un impact sur le déroulement, mais les étudiants ne seront pas pris en otage", promet Guillaume Captier, président du SHU.

Reprogrammer ou annuler simplement les ECOS ?

Reste la possibilité de reprogrammer l’épreuve, qui reste une alternative "compliquée", pour Benoît Veber. "Il y a d’autres concours prévus dans les prochains mois, et les ECOS sont complexes à organiser."

Impossible également d’évaluer certains candidats et pas d’autres, puisqu’il s’agit d’une épreuve classante : soit elle est maintenue pour tous, soit elle est annulée. Une autre possibilité serait alors de diminuer le nombre de cas évalués, pour passer de dix cas à huit ou cinq, "mais ce n’est pas confortable pour les étudiants", estime Benoît Veber.

Une dernière solution se présente : annuler purement et simplement les ECOS, et classer les étudiants en fonction des résultats des EDN , le concours écrit en début de sixième année.

"C’est théoriquement possible, explique Benoît Veber, mais injuste pour les étudiants", en particulier ceux qui aurait tout misé sur les ECOS. Le président de la Conférence des doyens de médecine veut toutefois rassurer les étudiants : "Nous faisons tout pour que les examens se passent bien."

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