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Paris Dauphine-PSL fait évoluer ses frais d'inscription pour plus d'équité

université Paris Dauphine
université Paris Dauphine © Aurélien Guéry
Par Clémentine Rigot, publié le 24 mai 2023
6 min

Paris Dauphine-PSL revoit ses frais d’inscription pour plus d'équité, en faisant davantage porter la charge financière sur les très hauts revenus.

Etudiants de Paris Dauphine, la rentrée 2023 pourrait bien avoir un goût de nouveauté pour vous – et votre porte-monnaie. Promesse de campagne de la présidence de l’université, c’est aujourd’hui acté : la grille des droits d’inscription évolue.

L’objectif ? Aller vers plus d’équité et de justice sociale. Cette nouvelle grille "garantit à chacun, quelle que soit son origine sociale, un accès à la formation d’excellence qu’offre notre université", explique El Mouhoub Mouhoud, président de l'université Paris Dauphine-PSL.

Des droits d'inscription modulaires depuis 2010 mais avec des effets de seuil importants

Dauphine ayant reçu, en 2004, le statut de Grand Etablissement, elle peut donc déroger à la loi générale en matière de sélection et a également la possibilité d'avoir des droits de frais d’inscription qui lui sont propres. "Nous avons donc mis en place, depuis 2010, des droits d'inscription modulaires en fonction des revenus des parents, précise El Mouhoub Mouhoud. Pour les diplômes de Grand Etablissement, l’on applique des droits progressifs et pour les diplômes nationaux, on applique des droits nationaux."

A cette époque cependant, la méthode de calcul n’est pas infaillible : "nous suivions le barème du Crous qui donne des tranches de revenus plafonnées assez rapidement et donc peu redistributives, se souvient le président. Les effets de seuil étaient très importants : d’une tranche à l’autre, on pouvait passer de 450 à 1.700 euros". Nécessaire donc, en pleine période d’inflation et d’explosion de la précarité étudiante, de ressortir les calculatrices.

Qui est concerné par l'évolution des frais à Paris-Dauphine ?

Pour l’heure, sont concernés les étudiants de l’école de journalisme de Dauphine, l’IPJ, ainsi que ceux de licence mathématiques informatique, et de la filière sciences des organisations (licence et master).

Concrètement, qu’est-ce que ça change ? Si vous êtes élève de l’IPJ et que le revenu brut de votre foyer fiscal se situe entre 40.000 et 50.000 euros, vous payiez cette année 2.344 euros, qui passeront, dès la rentrée 2023, à 1.604 euros. Et si votre foyer fiscal se situait entre 140.000 euros et 160.000 euros ? Pour votre inscription en master Sciences des organisations, vous devrez vous acquitter non plus de 6.822 euros mais de 8.195 euros.

"Nous avons fait en sorte d'avoir une progressivité qui permette plus de justice et plus de redistributivité : les droits de scolarité médians baissent aujourd'hui de 6% en licence des sciences des organisations par exemple et près de 60% des étudiants voient leurs droits diminuer", souligne El Mouhoub Mouhoud.

Faire davantage payer les très riches

Nouveauté cette année : la création de trois tranches supplémentaires de revenu, au-delà de 160.000 euros annuels, "de façon à faire jouer la progressivité avec une courbe presque exponentielle qui fasse payer plus les riches et moins les classes moyennes", précise le président, rappelant que les étudiants issus des classes les plus modestes (boursiers) sont déjà de facto exonérés. "L’effort est porté sur les tranches de revenus les plus hautes, ce qui nous parait souhaitable ", analyse El Mouhoub Mouhoud.

Si au niveau national, le système de bourse permet d’atténuer, de manière plus ou moins efficace, les inégalités de revenus au sein des différents foyers, la question des frais d’inscription reste une source de déséquilibre entre les différents milieux sociaux, selon le président de l'université. "Faire payer 170 euros à tout le monde (droits nationaux) est inégalitaire. Ça veut dire que l’on fait porter plus l'effort sur les classes de revenus moyens et faibles plutôt que sur les hauts revenus, abonde-t-il. Nous voulons rester dans des droits d’inscription qui permettent de corriger des inégalités et d’avoir des effets redistributifs forts que la fiscalité globale n'autorise pas toujours".

Les effets de seuil dans le viseur

Cette nouvelle réforme doit aussi servir à atténuer les fameux "effets de seuil", que le gouvernement lui aussi se promet d’éradiquer dans sa réforme des bourses, dont le second volet devrait être discuté prochainement. A Dauphine aussi, on a tenté de les nuancer, en mettant en place des écarts progressifs entre les différentes tranches, "afin de lisser les effets de seuil mais aussi à faire porter les droits sur les tranches les plus élevés."

Et pour les plus précaires ? L’établissement ne les oublie pas. "Tout cela va nous permettre d’avoir plus de boursiers exonérés, des étudiants internationaux qui ne voient pas leurs droits augmenter et qui peuvent être exonérés au cas par cas en fonction des situations dans leurs pays d’origine et de leurs spécificités", assure El Mouhoub Mouhoud.

Une grille test des frais d'inscription qui pourrait évoluer

"Nous voulons expérimenter pendant une année l'effet de droits d'inscription modulaires pour évaluer leur impact sur la politique recrutement et l'attractivité de notre université", détaille le président. L’année universitaire 2023-2024 servira donc d’expérimentation.

En pleine crise sociale marquée notamment par la précarisation des étudiants, Dauphine se veut garante d’un accès plus juste aux études supérieures : "cette grille absorbe aujourd’hui l’inflation et va même au-delà, puisque si l’on n’avait fait que répercuter les taux d'inflation, les étudiants auraient payé plus qu'aujourd'hui avec la réforme", rappelle El Mouhoub Mouhoud.

La hausse des frais pour les classes les plus aisées risque-t-elle d’avoir des effets négatifs sur le recrutement ? Le président n’y croit pas. Au contraire, ces nouvelles mesures apportent un espoir de davantage de diversité : "nous souhaitons montrer que quel que soit votre profil, vous pouvez venir à Dauphine. L’essentiel est d’avoir les compétences requises, certifie El Mouhoub Mouhoud. Plus on élargit le vivier, plus on multiplie la probabilité qu’à compétences égales nous ayons des profils plus diversifiés".

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