Décryptage

Selon l'OVE, la précarité touche davantage les femmes, les étudiants étrangers et les boursiers

Selon l'OVE, 32% des étudiants ont été au moins une fois en situation de découvert bancaire et 12% ont connu soit des retards soient des impayés de factures.
Selon l'OVE, 32% des étudiants ont été au moins une fois en situation de découvert bancaire et 12% ont connu soit des retards soient des impayés de factures. © Thomas VANDENBERGUE/REA
Par Amélie Petitdemange, publié le 18 mars 2024
1 min

Près d’un tiers des étudiants n'a pas assez d’argent pour couvrir leurs besoins, selon une étude publiée en mars 2024 par l’Observatoire national de la vie étudiante.

Trois étudiants sur dix estiment ne pas avoir assez d’argent pour couvrir leurs besoins mensuels et 26% éprouvent des fins de mois difficiles ou très difficiles, selon une enquête menée par l'OVE (Observatoire national de la vie étudiante) en 2022-2023.

Par ailleurs, 32% des étudiants ont été au moins une fois en situation de découvert bancaire et 12% ont connu soit des retards soient des impayés de factures (loyers, agios, gaz ou électricité) depuis la rentrée. "Tous les indicateurs convergent donc pour rendre compte de l’ampleur de la précarité étudiante, qu’elle soit subjective ou objective", indique l'OVE dans son étude.

Des étudiants étrangers particulièrement vulnérables

Derrière ces chiffres se cachent des grandes inégalités. Ainsi, quatre étudiants étrangers sur dix éprouvent des difficultés financières telles qu’il leur a été impossible de faire face à leurs besoins, contre 16% des étudiants de nationalité française.

La tranche d’âge joue également : plus les étudiants avancent en âge, plus ils sont précaires. Ces difficultés financières concernent 28% des plus de 25 ans, 19% des 22-23 ans et 8% des moins de 18 ans.

Des aides insuffisantes

Les femmes sont également davantage touchées par la précarité, puisqu’elles sont 21% à être en situation de précarité économique, contre 19% des hommes.

Sans surprise, les étudiants qui ne vivent pas chez leurs parents sont également beaucoup plus vulnérables que les autres. C’est également le cas des étudiants boursiers et de ceux qui exercent une activité rémunérée.

Les aides publiques viennent en aide aux étudiants les plus précaires, mais pas suffisamment. Les boursiers sont en effet 23% à être précaires, contre 18% de la population étudiante. L’enquête a été menée avant l'augmentation de 37 euros des bourses, entrée en vigueur à la rentrée 2023.

Un quart des étudiants ont un emploi décorrélé de leurs études

Dans ce contexte, 44% des étudiants exercent une activité rémunérée pendant l’année universitaire. Pour certains, elle est liée aux études (dont contrat en alternance ou contrat doctoral). Mais ce n'est pas le cas pour un quart des étudiants.

Les activités rémunérées qui entrent en concurrence avec les études concernent surtout les étudiants étrangers, les étudiants plus âgés et ceux qui proviennent d'un milieu social défavorable.

Le travail rémunéré en cours d’études est perçu de diverses manières selon les étudiants : si environ trois étudiants sur quatre (76%) considèrent que leur activité rémunérée permet une amélioration de leur niveau de vie, 59% des étudiants estiment également que leur job étudiant leur est indispensable pour vivre. Cette situation concerne plus fréquemment les étudiants d’origine sociale populaire.

Parmi les étudiants qui exercent une activité non liée aux études, 21% sont vendeurs ou caissiers dans le commerce ou la distribution, 19% sont serveurs, cuisiniers, réceptionnistes ou concierges et 18% gardent des enfants.

Les différences sociales persistent aussi pour la santé

Globalement, les étudiants ont une représentation de leur état de santé qui est positive : près de trois quarts d’entre eux se jugent en bonne ou en très bonne santé. Cependant, ce jugement varie selon le profil des étudiants.

Les femmes, les étudiants étrangers et les étudiants d’origine sociale modeste se déclarent proportionnellement un peu moins souvent en bonne ou très bonne santé. "Ce sont ces publics qui ont le plus souffert de la crise sanitaire et se trouvent en vulnérabilité économique", explique l'OVE.

Des écarts qui concernent notamment la santé mentale, puisque 44% des femmes ont déclaré avoir été dans un état de détresse psychologique lors du mois précédent l’étude, contre 26% des étudiants en général. Les étudiants étrangers sont aussi plus touchés (42% contre 25% des Français), ainsi que les étudiants d'origine populaire (41% contre 30% des classes supérieures).

Prés d'une étudiante sur quatre a renoncé à un soin

Le non-recours aux soins pour motif financier est également plus élevé chez ses profils. Ainsi, 38% des étudiantes et 29% des étudiants déclarent avoir renoncé au moins une fois à des examens ou soins médicaux au cours de l'année passée pour des raisons financières.

Une étude dédiée spécifiquement à la santé des étudiants, également lancée par l'OVE, sera publiée d'ici quelques mois.

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