Reportage

À Bagneux, des élèves imaginent le lycée de demain

Les élèves sur le chantier du futur lycée.
Les élèves sur le chantier du futur lycée. © Maëlle Lions-Geollot
Par Maëlle Lions-Geollot, publié le 11 mars 2024
1 min

À quoi ressemblera le lycée de demain ? Près de 200 lycéens de banlieue parisienne imaginent et préparent la construction du futur lycée public général de Bagneux. L’Etudiant les a accompagné sur le terrain du futur établissement, lieu d'apprentissages et de transmission entre actuels et futurs lycéens.

Le site du premier lycée public général de Bagneux (92), dont le chantier débutera en janvier 2025, ressemble encore à une friche dans laquelle quelques cabanes ont été posées. Mais il est déjà investi par les élèves du lycée professionnel Léonard de Vinci.

S’ils viennent risquer de salir leurs chaussures sur le terrain boueux, c’est pour concrétiser un projet sur lequel ils travaillent déjà depuis plusieurs mois : imaginer et préconcevoir le "lycée de demain".

"Offrir un lycée qui change les manières d’apprendre"

Le projet, porté par l’association locale PPCM (Le Plus Petit Cirque du Monde), le collectif d’architectes "La Preuve Par 7" et la mairie de Bagneux, vise à intégrer habitants et élèves dans la conception du futur lycée, dont l’arrivée est attendue depuis longtemps dans cette ville de banlieue populaire.

"On souhaite offrir un lycée qui puisse changer les manières d’apprendre, ou en tout cas questionner comment on apprend aujourd’hui" explique Julia Desfour, architecte et chargée de mission au PPCM. "Le contexte du changement climatique et de la banlieue, dans ce milieu populaire, amène à s’interroger et à construire différemment", ajoute l’architecte.

Trois autres lycées de la banlieue sud parisienne sont impliqués dans le projet, qui se décline en ateliers autour de thématiques prédéfinies. Ce sont ainsi près de 200 élèves qui, en proposant des pistes d’amélioration pour leur propre établissement scolaire, nourrissent la réflexion sur le futur lycée.

Florent, designer au collectif "Ne rougissez pas !" montre aux élèves comment couper les planches en toute sécurité.
Florent, designer au collectif "Ne rougissez pas !" montre aux élèves comment couper les planches en toute sécurité. © Maëlle Lions-Geollot

Le chantier, un lieu d'enseignement ouvert et pour prendre confiance en soi

Mais il faut aussi mettre la main à la pâte. Alors aujourd’hui, les élèves de 2de de la filière MTNE (Métiers de la transition numérique et numérique) s’attellent à la fabrication de mobiliers, des tables et des chaises, sous l’œil attentif d’un collectif de graphistes. L’objectif ? Créer un espace de rassemblement et de spectacle sur le terrain, dont la maquette a été élaborée lors des précédents ateliers.

"C’est un projet sur lequel on travaille depuis plusieurs mois, alors participer à finaliser le projet, c'est très important" explique David, 16 ans, après s’être appliqué à couper et poncer des planches. "Ça nous aide à apprendre à utiliser nos mains et à travailler au sein d’un groupe", note Chahid, 15 ans, entre deux coups de ponceuse. Il se réjouit "d’avoir la chance de choisir la conception du prochain lycée. Ça fait extrêmement plaisir, ça veut dire qu’on nous fait confiance" ajoute-t-il.

Ainsi, le terrain devient d’ores et déjà un lieu d’apprentissage. "On délocalise les ateliers pour que, dans l’imaginaire collectif, ce soit déjà un milieu d’enseignement ouvert pour les jeunes, mais aussi pour aménager le terrain", explique Julia Desfour.

C’est maintenant à leur tour de couper les planches.
C’est maintenant à leur tour de couper les planches. © Maëlle Lions-Geollot

Une capsule temporelle pour laisser un message aux lycéens de demain

Les élèves veulent aussi transmettre des messages aux futurs lycéens. Alors l’un d’eux a eu une idée : fabriquer une "capsule temporelle", qui sera enterrée sur le terrain et dans laquelle seront déposés des petits mots écrits par les élèves. Elle sera déterrée en 2028, lors de l’inauguration prévue du tout nouveau lycée.

Dans une cabane à quelques mètres du stand de découpage de planches, Sabrina, Léo et Thimothée, 15 ans, s’occupent de peindre la future capsule. Sabrina a une idée pour le futur lycée : rajouter des temps et des espaces de sieste. "On est trop fatigués", affirme-t-elle. Même proposition de Rohanson, 16 ans, qui souhaiterait une meilleure organisation des cours. "Plus on dort, mieux notre cerveau travaille" justifie-t-il.

Une fois peintes, les planches seront utilisées pour confectionner des bancs et la "capsule temporelle".
Une fois peintes, les planches seront utilisées pour confectionner des bancs et la "capsule temporelle". © Maëlle Lions-Geollot

Léo, lui, aimerait davantage de contacts avec les professeurs, et ne pas apprendre en restant "assis sur une chaise". Autres propositions sur la table : choisir le repas à la cantine et la musique de la sonnerie. Des idées qui font l’unanimité.

Leurs messages à destination des futurs lycéens se veulent plus philosophiques. Chahid se souvient de ce qu’il a écrit pour la capsule : "Faites ce que vous voulez et ne pensez pas à l’avis des autres", récite-t-il fièrement. Un joli mot pour qui sera découvert par les premiers élèves de ce lycée qui se veut déjà, littéralement, extraordinaire. "J’espère qu’ils vont nous remercier", sourit Léo en étalant la peinture jaune sur une planche avec son pinceau. "On pourra être fiers de nous", conclut-il.

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