80 ans du Débarquement : des lycéens normands découvrent les États-Unis d'avant-guerre au Mémorial de Caen

Il y a 80 ans, près de 57.000 soldats américains, engagés dans les forces alliées, ont débarqué sur les plages normandes, le 6 juin 1944, pour libérer la France de l’occupation allemande. Mais dans quelle Amérique ces jeunes héros venus d’outre-Atlantique ont-ils grandi ?

Pendant toute la matinée de ce lundi 3 juin, une classe d’élèves de terminale du lycée Malherbe de Caen (14) a parcouru l’exposition "A l’aube du siècle américain 1919 – 1944" au Mémorial de Caen réalisée à l’occasion du 80e anniversaire du Débarquement en Normandie.

Au cours de la visite guidée, les lycéens se sont retrouvés dans l'Amérique des Années folles, marquée par l’âge d’or du cinéma, le développement du star system, l'émancipation de la femme, la naissance du consumérisme et la montée en puissance de l’industrie automobile.

Mais c’est aussi une Amérique frappée par les tensions sociales et raciales et la crise économique avec le krach de Wall Street. Tout cela avant que la guerre ne s’immisce dans le quotidien des Américains, choqués par l’attaque de la base militaire de Pearl Harbor par l'armée japonaise, le 7 décembre 1941.

Plusieurs objets emblématiques de cette époque étaient exposés, comme un micro ayant appartenu au président Franklin D. Roosevelt et la veste portée par Charlie Chaplin dans le film Le Dictateur. "C’était très immersif, très imagé. Cette exposition a permis de mieux se rendre compte de la vie américaine de cette époque", témoigne Louis.

L’histoire politique, sociale et culturelle des États-Unis de l'entre-deux-guerres n’a désormais plus de secret (ou presque) pour ces élèves. "C’était très intéressant de découvrir cette période. On ne l’étudie pas suffisamment en cours d’histoire", estime Marie.

"L’exposition était bien construite, bien expliquée. Il y avait beaucoup de choses qu’on ne savait pas", ajoute Servann, qui a apprécié la partie consacrée au cinéma américain et à ses acteurs les plus célèbres tels que Clark Gable ou Clara Bow.

D'autres élèves ont été plus touchés par la montée de la ségrégation raciale et la mise à l’écart de la société de la population afro-américaine. "On voit qu’ils n’étaient pas acceptés alors que les États-Unis vont se servir d’eux pour contribuer à l’effort de guerre", commente Louise.

Cette ouverture culturelle était intéressante pour ces lycéens qui en savent déjà tant sur l'épisode du Débarquement. "Le Mémorial, c’est un incontournable, un lieu de mémoire. Ce travail qui a été mené était très intéressant pour comprendre d’où venaient les GI's", soutient Stéphane Reigner, leur professeur d’histoire-géographie.

"Depuis l’école primaire, puis le collège, et maintenant le lycée, on voit beaucoup de choses sur le Débarquement. Et même en dehors du programme scolaire. On voit tous les jours un lieu de mémoire : en tant que Normands, on ne peut pas l’oublier. Ici, c’est ancré dans la mémoire collective", affirme Louis.

Ce devoir de mémoire est appliqué au quotidien par ces élèves. Chaque jour, les élèves passent devant une plaque dédiée à deux anciens élèves, Pierre Audigé et Alexis Lelièvre, qui se sont tous deux illustrés en tant que résistants, et fusillés à la prison de Caen en juin 1944.

Une cérémonie d'hommage a été organisée courant avril par les élèves du Conseil de la vie lycéenne, notamment en présence de l’association Mémoires de la Résistance et de la Déportation normandes, afin que chacun puisse se souvenir de leur nom.

Alors que la Normandie accueille des milliers de touristes pour le 80e anniversaire du débarquement, les lycéens comptent bien participer aux célébrations de ce jeudi 6 juin. Louis espère assister à des festivités dans un des villages de l’agglomération de Caen, tandis qu'à ses côtés, un camarade voudrait voir des chefs d’État, comme le président américain Joe Biden, attendu pour la cérémonie internationale à Omaha Beach.

Enfin, Louise et Marie sont enthousiastes à l'idée de se rendre de nouveau au Mémorial pour assister à une cérémonie de commémoration. "Le devoir de mémoire, c’est important. Il faut se souvenir de tout ce qui s’est passé et savoir pourquoi aujourd’hui, on a la chance de vivre dans une démocratie et de pouvoir s’instruire", affirme Louise.