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Un poulailler, un défi vélo, une recyclerie et des difficultés : les éco-délégués font le bilan

80% des éco-délégués estiment que leur rôle est utile.
80% des éco-délégués estiment que leur rôle est utile. © Adobe Stock/Tartila
Par Léo Braillon, publié le 17 juin 2024
5 min

Au collège ou au lycée, les éco-délégués terminent l'année en ayant pu mener des projets écologiques dans leurs établissements. Néanmoins, certains restent parfois sur leur faim avec la volonté d’en faire plus.

Depuis quatre ans, l’élection des éco-délégués est obligatoire au collège et au lycée. Une mission qui a su trouver le bon public. Selon une étude des associations Jeunes Générations Ecologiques et Ma Petite Planète, l'immense majorité des éco-délégués sont sensibles à l’écologie (92,6%), et 80% d’entre eux estiment que leur rôle est utile.

Louna, Thibaud et Soann étaient tous trois éco-délégués cette année. S’ils admettent que ce rôle leur a permis de réaliser plusieurs projets, ils émettent tout de même plusieurs critiques et soulignent certains points à améliorer.

Des projets concrets

Les éco-délégués ne manquent pas d’idées pour promouvoir l’écologie dans leur établissement. Poulailler, compost ou collectes de dons pour des associations, certains veulent faire bouger les choses.

Actuellement en 1re au lycée Cassin de Bayonne (64), Thibaud est éco-délégué depuis la classe de 6e. Il explique que cette année plusieurs projets écologiques ont été réalisés dans son lycée par le biais des éco-délégués. "Nous avons organisé un défi vélo pour sensibiliser aux mobilités douces avec un système de prix pour motiver les élèves. Cela a plutôt bien marché. Nous entretenons aussi un potager évolutif et puis une fois par trimestre, on organise un ciné-débat à entrée gratuite."

Louna de son côté, élève de 4e au collège Les hauts de l'arc de Trets (13), a mis en place, avec d’autres éco-délégués, une recyclerie pour que les élèves et les profs donnent des vêtements qu’ils n’utilisent plus. Ces derniers sont revendus lors d’une opération friperie. Cela permet ainsi de promouvoir la seconde main.

Manque d'investissement

Bien que de tels projets parviennent à voir le jour, les éco-délégués sont unanimes : ils pourraient faire mieux. Plusieurs causes expliquent cette frustration.

La première, ce sont les contraintes posées par l’administration de leur établissement. Soann par exemple, élève de terminale au lycée Gustave Eiffel de Bordeaux (33), met en avant le fait que l’administration n’est pas toujours derrière les éco-délégués. "Certains adultes nous freinent. Le lycée prône le travail scolaire plus qu’autre chose. On n’a pas beaucoup de places pour nos projets. Et on sent qu’ils s’en fichent un peu quand on leur en parle."

Pour lui, ces barrières s'accompagnent d'un manque d'implication des autres élèves dans les projets des éco-délégués. "On est 12 à vraiment s’impliquer. Si on était 50, on aurait plus de crédibilité et plus de poids, c’est un cercle vertueux."

Thibaud observe également qu’une grande part des éco-délégués n’est quasiment pas investie : "Au lycée, il y a plus de personnes qui se présentent qu’au collège, à cause de Parcoursup. Il y en a qui sont élus, mais qu’on ne voit pas de l’année. J’ai l’impression qu’il y a un calcul de ce côté." Pour certains, être éco-délégués servirait donc plus de ligne sur le CV que d’opportunité pour promouvoir l’écologie.

Gagner en légitimité

Cela ne fait que quelques années que l’obligation d’organiser une élection d’éco-délégués existe, ces derniers sont pourtant relativement lucides sur leur situation. Il y a encore un manque de légitimité.

"Quand on parle d’éco-délégués, dans la tête des gens, ce sont ceux qui jettent les déchets à la fin des cours. Personne n’est renseigné", constate Soann. "La tâche est souvent perçue comme ingrate", approuve Thibaud. Le problème majeur selon eux, c’est le manque de communication. "Ce qui est compliqué, c'est d’attirer l’attention de tous les élèves, de communiquer sans être trop lourd."

Soann ajoute qu’il faudrait également plus impliquer les autres élèves. "Il faudrait plus de consultation pour s’adapter au bien-être. Par exemple, sur le problème de puits à chaleur avec une cour très bétonné et le fait qu’il n’y ait pas assez d’ombre. Tout ce qui concerne le bâti scolaire. Les élèves sont eux-mêmes concernés."

Malgré les freins, une expérience bénéfique

Malgré tout, l'expérience reste globalement bénéfique. Louna, qui considère que cette responsabilité ne lui a "pas pris beaucoup de temps cette année", souhaite rassurer les futurs éco-délégués.

Elle invite les collégiens et lycéens à se lancer, en leur livrant un conseil : "Il faut vraiment savoir s’imposer et surtout insister. En développant son idée et en amenant la réflexion, l'administration voit que le projet est sérieux et peut donc se pencher dessus et nous aider à le mettre en place."

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