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Reportage

En pleines législatives, ces lycéens s'engagent contre l'extrême droite

Des militants de l'USL en plein tractage sur le marché de Valenton.
Des militants de l'USL en plein tractage sur le marché de Valenton. © Williane Djermoune/Rachel Rodrigues
Par Rachel Rodrigues, Willane Djermoune, publié le 04 juillet 2024
4 min

Pendant les législatives, un groupe de jeunes engagés milite et distribue des tracts sur un petit marché du Val-de-Marne. Une scène presque banale, à un détail près : encore au lycée, ces jeunes n'ont pas le droit de vote, et sont encore en période d'examens.

"Ça ne sert à rien d’avoir six personnes au même endroit !" Une pile de tracts Nouveau Front populaire à la main, les militants élaborent une stratégie, avant de se mettre en quelques secondes en ordre de marche. Gwenn Thomas-Alves, président de l’Union syndicale lycéenne, un mouvement étudiant engagé à gauche, et sa stagiaire Anna, partent à la conquête des électeurs dans les allées du marché du Valenton (94).

Dorian et Lys-Aura, élèves d’un lycée voisin, occupent une des entrées du marché et distribuent des professions de foi à tour de bras. Dans une circonscription très marquée à gauche, le jeune âge de ces militants n’est visiblement pas un obstacle : "On pourrait croire qu’on nous ignore, mais au contraire, on donne plus de tracts que la plupart des gens autour de nous". Les passants sont en effet plutôt bienveillants avec les lycéens.

Entre barrage républicain et bac de français

On en oublierait presque les sacrifices que font ces jeunes pour trouver le temps de militer. "On a cours jusqu’à 16 heures puis on enchaîne avec des tractages, des porte-à-porte… On se met à réviser seulement vers 20h30 !" Mais il en faut plus pour décourager Dorian et Lys-Anna, actuellement en 1re. C'est la poussée de l’extrême droite aux élections européennes de juin qui leur a donné envie de s'engager.

Ainsi, quand ils ont croisé par hasard Louis Boyard, le jeune député (LFI) de leur circonscription, à la gare de Villeneuve Saint-Georges, ils lui ont spontanément proposé de s’engager à ses côtés. "Ce n’est quand même pas tous les jours, une dissolution de l’Assemblée nationale", confie l’un d’eux.

Dorian et Lys-Aura ont décidé de s'engager aux côtés du députés LFI sortant Louis Boyard.
Dorian et Lys-Aura ont décidé de s'engager aux côtés du députés LFI sortant Louis Boyard. © Willane Djermoune/ Rachel Rodrigues

L'Union syndicale lycéenne engagée avec le Nouveau Front populaire

Du côté de Gwenn Thomas-Alves et Anna, on sent moins d'improvisation : les deux militants bénéficient de leur expérience au sein de l’Union syndicale lycéenne,

Face à la grande peur provoquée par la montée de l’extrême droite en France, le mouvement a mis son organisation et ses près de 3.500 militants au service du NFP. Dans un mois de juin rythmé par les réponses de Parcoursup et les épreuves du bac, le calendrier n'est pas le plus simple pour des lycéens. "Il y a un relai naturel entre élèves qui ont besoin de réviser et ceux qui ont déjà passé leurs épreuves. On ne va pas demander aux élèves qui passent leur grand oral d’aller faire un tractage", précise le président du syndicat.

Anna, de son côté, n'a pas encore d'épreuve à passer : elle a choisi de faire son stage de 2de avec l’USL. "Ce n’est pas à 18 ans qu’il faudra choisir un parti au hasard !" confie-t-elle. Ce jour-là, elle n'en est pas à son premier tractage : elle a déjà arpenté plusieurs circonscriptions franciliennes pour mener la campagne électorale. Elle a même pu suivre des cours de communication, pour rendre son travail militant le plus efficace possible : "On nous a appris quels logos mettre, où et quand placarder les affiches, etc."

Polarisation des mouvements lycéens

Si le militantisme dans les lycées reste marginal – "un étudiant sur quinze", selon les lycéens de Valenton – les clivages émergent bel et bien. "Dans notre lycée, on a une grosse partie professionnelle, et là-bas, ils sont presque tous d’extrême droite. Ils font des blagues très gênantes, racistes, homophobes… La communication est très compliquée", assure Dorian.

Même constat pour l’USL, qui déplore la montée de la violence et la renaissance de La Cocarde Etudiante, syndicat d'extrême droite.  "En février, l’équipe dirigeante de l’USL a été suivie par des militants d’extrême droite, pour nous frapper", s’alarme Gwenn Thomas-Alvès. Les mouvements lycéens n'échappent pas à la polarisation observée nationalement : même chez ceux qui n'ont pas encore l'âge de voter, les engagements politiques sont scindés par une forte radicalité, entre la gauche et l'extrême droite.

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