Témoignage

"Compliqué", "Pas une priorité" : seuls trois jeunes sur dix iront voter ce dimanche aux élections européennes

Le Parlement européen, à Strasbourg.
Le Parlement européen, à Strasbourg. © Charles URBAN/REA
Par Clément Rocher, publié le 05 juin 2024
1 min

Une forte abstention est attendue à l’occasion des élections européennes, en particulier chez les jeunes de 18 à 25 ans. En cause : un manque de connaissances sur l'Union européenne et ses institutions.

À l’approche des élections européennes, qui se tiennent ce dimanche 9 juin, l’abstention risque d'être la grande gagnante de ce rendez-vous démocratique, notamment chez les lycéens et étudiants.

Seuls trois jeunes sur dix ont en effet prévu de se rendre aux urnes, selon les résultats d'une enquête menée par l'Anacej, en partenariat avec les Jeunes Européens et Animafac.

Manque d'expérience politique

Pour certains jeunes, c’est la première fois qu'ils sont en âge de voter. "Je n’ai pas assez d’expérience dans la politique pour avoir un vote réfléchi. C’est compliqué de commencer par les élections européennes, il y a beaucoup de candidats, beaucoup d’informations…", constate Victor, élève de terminale au lycée Ronsard à Vendôme (41).

Tout juste âgé de 18 ans, le jeune homme reconnaît ne s’être encore jamais vraiment intéressé à la politique. En effet, que ce soit avec sa famille ou ses amis, les élections européennes ne sont pas un sujet de discussion. Il souhaite simplement observer afin de se forger une opinion et prendre position lors du prochain scrutin.

Mathéo, étudiant en PASS à l’université de Lille (59), affirme pour sa part qu'il manque de temps pour se renseigner sur les élections. "Pour l’instant, ce n’est pas dans la priorité des choses", explique-t-il.

Mal-inscription, désintérêt : les raisons de l'abstention

"On sait que la participation des jeunes sera extrêmement basse. C’est quelque chose qui est totalement prévisible", intervient Jean-Yves Dormagen, professeur de sciences politiques à l'université de Montpellier (34).

Alors comment expliquer cette désaffection des jeunes pour les élections européennes ? "Il y a d’abord la mal-inscription, soit le fait de ne pas être inscrit sur son lieu de résidence", poursuit-il. On estime que quatre jeunes sur dix ne sont pas en mesure de voter dans la ville où ils habitent.

Par ailleurs, les jeunes montrent moins d'intérêt pour la politique que leurs aînés. "Ce n’est pas un phénomène conjoncturel, les jeunes sont en moyenne moins politisés. Il y a une dimension de l’habitude dans le vote : plus vous avez l’habitude de voter, plus vous votez. On se politise avec le temps", soutient Jean-Yves Dormagen.

"Les jeunes se sentent éloignés de la politique traditionnelle. C’est lié à un manque d’éducation à la citoyenneté européenne. On a du mal à comprendre pour qui on va voter ce dimanche", ajoute Laure Niclot, présidente des Jeunes Européens.

L'Union européenne, une grande inconnue

En effet, seulement un jeune sur deux déclare être bien informé sur l’Union européenne, ses institutions et son fonctionnement. "Sans mentir, je n’ai pas eu l’occasion d’apprendre beaucoup de choses sur la politique européenne pendant mon parcours scolaire. Je connais seulement les grandes lignes", illustre Romy, étudiante à l’IUT de Clermont Auvergne à Moulins (03).

Une méconnaissance qui ne concerne d'ailleurs pas que les jeunes. "Personne ne connaît l’Europe, ni les jeunes, ni les vieux : son fonctionnement échappe à peu près à tous les électeurs. Peu de gens pensent que les résultats des élections auront des conséquences importantes sur l’avenir du pays", affirme Jean-Yves Dormagen.

"Pourtant, quand on va sur le terrain, on voit qu’il y a un intérêt. Quand on leur dit que si l’Europe disparaissait, si on était gouverné par des dirigeants qui ne reflètent pas vos idées, on pourrait perdre plein de droits pour la jeunesse", souligne Laure Niclot, qui appelle la jeunesse à faire entendre sa voix ce dimanche.

Climat, Erasmus : deux raisons de voter

Les jeunes qui se sentent plus concernés sont motivés par certaines thématiques, comme l'écologie. Romy attend par exemple que les décideurs politiques mettent en place davantage de normes sur le plan écologique au niveau européen. "Les changements doivent s’effectuer à plus grande échelle. Je compte bien me renseigner avant de voter pour faire les choses correctement", confirme-t-elle.

Pour Alexandra, élève de terminale au lycée Saint-Michel de Picpus à Paris (75), l’Union européenne peut aussi avoir de l'importance avec le programme Erasmus+. "C’est pratique pour voyager, c’est une ouverture sur le monde", affirme-t-elle.

Comme Romy, la jeune femme souhaite prendre le temps avant de décider de son vote. "Je veux avoir plusieurs points de vue pour bien peser le pour et le contre. C’est important de voter pour l’avenir de la France et de l’Europe", affirme-t-elle.

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