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Reportage

A Vesoul, des lycéens découvrent le monde de la recherche

Dans le bureau de Manuel Grivet, une structure moléculaire représentant la géométrie d’une zéolithe permet au physico-chimiste d’expliquer le rôle de ce minéral.
Dans le bureau de Manuel Grivet, une structure moléculaire représentant la géométrie d’une zéolithe permet au physico-chimiste d’expliquer le rôle de ce minéral. © Camille Jourdan
Par Camille Jourdan, publié le 24 juin 2024
1 min

Découvrir le monde de la recherche et donner vie aux théories scientifiques. C'est le but du dispositif "Une classe, un chercheur", qu'ont suivi ces lycéens de Vesoul, en classe de 1re spécialité physique en anglais.

Plongés dans l’obscurité, les élèves de 1re du lycée Edouard Belin de Vesoul (70) observent les rayons verts d’un laser. Leur exercice est d’observer et de caractériser la composition moléculaire d’un matériau ; c’est la "spectroscopie Raman".

Un peu pointu, pour des lycéens ? C’est normal : ils sont en immersion au laboratoire Chrono-Environnement de l’université de Franche-Comté. Leur classe participe au dispositif "Une classe, un chercheur", mis en place dans l’académie de Besançon.

Immersion dans le monde des sciences dures

Créé en 2005 par la Société française de physique à l’occasion de l’année mondiale de la physique, ce programme perdure et s’est même étendu à l’académie voisine de Dijon. Des dispositifs similaires existent aussi dans d’autres académies, notamment en Normandie ou à Limoges.

Le principe : permettre la rencontre entre des élèves du secondaire – collèges et lycées – et un chercheur, un enseignant-chercheur ou un doctorant. Sur la seule académie de Besançon, "plus de 22.000 élèves ont pu profiter de ces échanges" en près de 20 ans, assure Manuel Grivet, maître de conférences à l’initiative de ce programme à l’université de Franche-Comté. Plusieurs disciplines sont mobilisées : la physique, la chimie et la SVT.

"C’est une manière sympa d’expliquer ce qu’est notre métier et peut-être de donner envie aux élèves de poursuivre leurs études en sciences", résume Sarah Meyer. Enseignante-chercheuse en chimie et en physique, elle a suivi cette année la classe de 1re du lycée Edouard Belin.

Des notions adaptées au niveau des lycéens

"Elle est d’abord venue dans notre classe nous présenter son métier, ses études, et une partie de ses recherches", racontent Hugo et ses amis. Chaque chercheur organise deux, voire trois temps d’échange avec la classe qui lui a été préalablement attribuée. "Je constitue des binômes entre l’enseignant du secondaire qui inscrit ses élèves au dispositif, et un chercheur, décrit Manuel Grivet. J’ai affecté Sarah Meyer à cette classe, qui suit une spécialité de sciences physiques en anglais."

La chercheuse leur présente en effet le fonctionnement de la spectroscopie Raman dans la langue de Shakespeare. Un exercice qui ne pourrait pas être fait avec n’importe quelle classe . "On adapte notre langage au niveau des élèves", rassure la chercheuse, qui a choisi, pour cette dernière séance, de faire visiter les laboratoires à "sa" classe.

À la découverte du quotidien des chercheurs

Toute la matinée, les élèves arpentent donc les couloirs de l’université de Franche-Comté, à la rencontre de collègues de Sarah Meyer. Chacun d’entre eux a préparé un atelier pour présenter son travail. Dans le bureau de Manuel Grivet, une structure moléculaire représentant la géométrie d’une zéolithe permet au physico-chimiste d’expliquer le rôle de ce minéral. "On l’étudie notamment pour stocker le tritium, qui sera mis en œuvre dans le cadre des futures centrales nucléaires à fusion", détaille Manuel Grivet.

Au sous-sol, les élèves découvrent ensuite la salle de conservation des carottes sédimentaires, ou encore les spectromètres Gamma, qui permettent d’étudier les éléments radioactifs de celles-ci pour en faire des datations. Attentifs aux explications de Sarah Meyer et de ses collègues, ils peuvent même découvrir certains outils spécifiques de recherche, comme le fameux laser pour la spectroscopie Raman. Ils s’échangent alors des lunettes pour protéger leurs yeux du faisceau vert.

Du concret et des vocations

"Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait des disciplines aussi variées au sein d’un seul établissement", s’étonne Giulia, l’une des élèves de la classe. "Moi, je ne savais pas que les chercheurs géraient eux-mêmes les prélèvements de carottes sédimentaires, remarque de son côté Hugo. Je connaissais davantage la partie en laboratoire."

"Cette visite leur apporte un aspect concret, s’enthousiasme Rozenn Nouvel, leur professeure de sciences physiques. Ils retrouvent de petits éléments de leurs cours, donc ils voient que ce qui est purement scolaire pour eux est en fait le quotidien de certains chercheurs ! J’en vois certains qui rechignent d’habitude à faire leurs exercices, mais qui ici semblent intéressés", sourit l’enseignante.

"Une classe, un chercheur" s’inscrit dans le "plan national d’action destiné à développer l’intérêt des jeunes pour les études scientifiques". "Il est important d’éveiller la conscience scientifique, d’autant plus celles de jeunes qui n’ont pas encore choisi leur parcours", estime Manuel Grivet. Dans la classe de 1re du lycée Edouard Belin, cette visite semble avoir renforcé certaines aspirations, comme celles d’Isalys : "J’aimerais travailler dans la médecine ou la physique-chimie, en tant que maître de conférences. Maintenant, j’ai une meilleure idée de ce que peut être ce métier."

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