Décryptage

Enquête AFEV 2017 : les jeunes ne se sentent pas écoutés par les politiques

35 % des jeunes de 15 à 30 ans s'engagent tous les ans dans la vie publique.
35 % des jeunes de 15 à 30 ans s'engagent tous les ans dans la vie publique. © plainpicture/Maskot
Par Baptiste Legout, publié le 03 avril 2017
1 min

À quoi aspirent les jeunes de 15-30 ans ? Réalisée pour le compte de l’AFEV, l’enquête 2017 de l’Observatoire de la jeunesse solidaire a fait le point. Les résultats dressent le portrait d’une génération en quête de bonheur et de sens.

Le paradoxe est frappant. Si 80 % des jeunes interrogés par l'AFEV (Association de la fondation étudiante pour la ville) se déclarent épanouis dans leur activité professionnelle ou leurs études, ils sont aussi 60 % à ne pas avoir le sentiment de participer à la construction de la société. "Comme l'exprime le sociologue Jean Viard, nous sommes dans une société du bonheur individuel et du malheur collectif, résume Thibault Renaudin, le secrétaire général de l'AFEV, pour justifier ces résultats. L'enquête montre le décalage d'une jeunesse en recherche de bonheur personnel, mais en manque de reconnaissance de la part du monde politique, dans lequel elle ne se reconnaît pas."

null

Ce constat n'empêche pas les 15-30 ans d'avoir des idées et des aspirations. Dans le top 5 des regrets, ressort le manque de tissu associatif de proximité et de consultations auprès des citoyens. Au niveau des attentes, 52 % des sondés se prononcent pour un service civique sur la base du volontariat, et 24 % pensent même qu'il devrait être obligatoire.

Lire aussi : Présidentielle 2017 : comparez les programmes des candidats pour les jeunes

Pour une vie politique plus morale

À l'image de l'ensemble de la société, les jeunes se prononcent pour une moralisation de la vie politique. "Les jeunes Français pensent globalement la même chose que les autres sur de nombreux sujets", constate Thibault Renaudin. 62 % d'entre eux souhaitent ainsi interdire à un candidat ayant été condamné de se représenter à une élection, et 55 % sont pour l'interdiction du cumul des mandats. La reconnaissance du vote blanc récolte par ailleurs 47 % des suffrages. Autre souhait grandement partagé : la réforme des institutions pour donner plus de pouvoir au peuple (47 %).

Vive l'Europe !

La génération des 15-30 ans n'hésite pas non plus à afficher son attachement à l'Europe. 80 % des répondants souhaitent ainsi que la France reste membre de l'Union européenne. Pour justifier leur positionnement, ils évoquent principalement la stabilité économique et la libre circulation des personnes dans l'espace Schengen. Du côté des 20 % se prononçant pour une sortie, la dépendance aux décisions des autres pays et aux lois européennes est l'argument le plus souvent cité, devant l'immigration, pour justifier leur volonté d'émancipation.

null

Lire aussi : Brexit : le gouvernement britannique rassure les étudiants européens

L'orientation professionnelle, une priorité

Le volet "éducation" de l'enquête met en avant le souhait d'une meilleure intégration de l'orientation professionnelle dans le système éducatif, citée dans les priorités par 43 % des sondés. Autres préoccupations : encourager la solidarité (38 %) et le respect des règles et de l'autorité (40 %).

Du côté de l'emploi, l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée monopolise l'attention. 85 % des jeunes le considèrent comme l'une de leurs attentes principales vis-à-vis du monde du travail, devant les bonnes relations entre collègues (76 %) et la stabilité de l'emploi (68 %). Enfin, 75 % d'entre eux pensent que l'économie collaborative (Uber, Airbnb, etc.) est positive.

null

Des jeunes plus impliqués qu'ils ne le pensent

En conclusion, Thibault Renaudin dresse un bilan optimiste, en contradiction avec les nombreux préjugés touchant cette génération. "Le sort qu'on réserve aux 15-30 ans est compliqué, avec un taux de chômage élevé et des problèmes de logement généralisés. On leur renvoie une image fausse de jeunes égoïstes, violents et fixés derrière leurs écrans. Et pourtant, ils sont 35 % à s'engager tous les ans dans la vie publique, ce qui nous met au deuxième rang des pays européens derrière la Finlande." De quoi dresser le portrait d'une génération particulièrement investie et impliquée, mais n'ayant pas conscience de l'être.

Méthodologie

L'enquête de l'Observatoire de la jeunesse solidaire a été réalisée du 10 au 19 janvier 2017 par téléphone auprès d'un échantillon national de 502 jeunes âgés de 15 à 30 ans, représentatifs de la population française. Annuelle, elle vise à observer le rapport des jeunes à la société sous différentes thématiques.

Pour la deuxième fois (après 2012), période électorale oblige, elle traite du rapport des jeunes avec la vie politique et les sujets au cœur de la présidentielle, tels que l'Europe et l'emploi.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !