Portrait

"Il faut un mental d'acier" : portrait de Marion Joffle, étudiante et championne de nage en eau glacée

Pour Marion, nager en eau glacée est "une véritable occasion de se dépasser".
Pour Marion, nager en eau glacée est "une véritable occasion de se dépasser". © Photo fournie par le témoin
Par Caroline Celle, publié le 26 septembre 2023
1 min

Entre ses études en BTS négociation et relation client, en alternance qu'elle fait en Normandie et la préparation de ses compétitions de ce sport extrême à travers le monde, Marion doit organiser son temps entre travail et entraînements.

On la surnomme le "Pingouin souriant". À 24 ans, Marion Joffle enchaîne les compétitions de nage en eau glacée à travers le monde… tout en menant ses études en Normandie. Sa discipline sportive l’amène à repousser ses limites dans des lacs aux températures extrêmes, à moins de 5°C.

Depuis plusieurs années, Marion bat des records mondiaux de nage. Après avoir obtenu plusieurs médailles d’or en championnat du monde d’ice-swimming, elle a effectué la traversée de la Manche en 2022 et a battu le record féminin en un peu plus de 9h.

Aujourd’hui la jeune femme s’est lancé un défi particulièrement "givré" : nager en eau glacée sur les sept continents du globe. "Cette année, j’ai fait un ice mile (1.000 mètres) dans un lac au Maroc puis en Autriche, relate Marion. Maintenant, mon prochain objectif est le lac de Khövsgöl en Mongolie, en octobre 2023."

Des entraînements cinq fois par semaine en parallèle de ses études

En plus de parvenir à cet objectif, Marion doit valider à la rentrée 2023 sa deuxième année de BTS négociation et relation client, en alternance. La nage en eau glacée est une discipline méconnue et non professionnalisante, et l’étudiante souhaite assurer son avenir en s’orientant ensuite vers un Bachelor en communication.

Contrairement à de nombreux sportifs, Marion ne bénéficie pas d’un planning adapté. Elle s’entraîne avec le club de natation de l’EN Caen, quatre ou cinq fois par semaine. "Avec l’alternance, il y a des périodes où je suis en cours de 9h à 17h et je dois nager le soir, explique-t-elle. Mais au centre aquatique de Carpiquet (14), où je travaille, les horaires sont plus modulables. Je peux souvent aller nager à l’ouverture de la piscine le matin. C’est bien mieux pour commencer la journée !"

Pour répondre présente à ses entraînements, Marion doit avoir une organisation drastique. Elle anticipe donc au maximum, en faisant des plannings sur deux semaines. En plus des entraînements, la nageuse doit s’organiser avec son entreprise et son BTS à l’EM Normandie pour partir en compétition.

Et les absences peuvent être longues. Afin accomplir son défi d’ice-swimming aux quatre coins du monde, elle doit se rendre en Argentine et en Antarctique. Son voyage durera un mois, pour coupler les deux destinations.

"Il faut un mental d'acier"

Marion bénéficie de la souplesse de son BTS, et des jours de congés de son entreprise. Les Normands savent aussi que la championne vit à ce rythme depuis le collège. Elle a commencé les compétitions en eau libre à l’âge de douze ans et nageait alors cinq fois par semaine au club de Lisieux (14), après les cours.

À 17 ans, son entraîneur de l’époque, Philippe Fort, l’a convaincue de tenter la nage en eau glacée, après avoir remarqué qu’elle s’adaptait vite à de telles températures. "Dans ces eaux, on sent la morsure du froid, et on doit aussi apprendre à nager plus vite pour ne pas geler, détaille Marion. C’est une véritable occasion de se dépasser, il faut un mental d’acier. J’adore cette sensation !"

Pour vivre sa passion, la championne a tout de même retardé le moment d’entamer ses études supérieures. Elle a commencé par faire des vacations de maître nageuse : un emploi du temps léger qui lui a permis de s’entraîner matin et soir. La pandémie de Covid, et la mise sous cloche des piscines publiques, ont repoussé son objectif de traverser la Manche, jusqu’en 2022. À la rentrée, la jeune femme a donc repris le chemin des cours.

Faire de sa passion un rythme de vie

Aujourd’hui Marion a un emploi du temps en béton, qui laisse peu de place aux loisirs. "Ce rythme est naturel pour moi parce que la nage en eau glacée me fait vibrer, sourit-elle. Tant qu’on a l’envie et que ce n’est pas une contrainte, on s’adapte facilement à cette routine de vie."

Pour participer aux compétitions d’ice-swimming, Marion a aussi acquis des compétences valorisantes dans le cadre de ses études. Sans cesse à la recherche de sponsors, elle sait maintenant nouer des partenariats avec des entreprises, gérer un budget, assurer la logistique… Pour elle, il s’agit presque d’une troisième activité à plein temps !

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