#Anti2010 : comment aider mon enfant face au cyberharcèlement ?
Le hashtag "Anti2010" remet sur le devant de la scène le cyberharcèlement dont les plus jeunes font souvent les frais. Voici des solutions pour réagir en tant que parent et accompagner son enfant.
Le hashtag "Anti 2010", qui regroupait les contenus moquant les élèves de sixième sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, a cumulé jusqu'à 40 millions de vues, avant que la plateforme ne le supprime en fin de semaine dernière. Cette visibilité d'un mouvement massif de harcèlement a fait réagir jusqu'au ministre de l'Éducation nationale, qui a appelé les chefs d'établissement à la vigilance.
Au collège, les sixièmes davantage ciblés
"La particularité de Tiktok est que les vidéos sont diffusées au-delà de son cercle de contacts et peuvent rapidement être vues par des milliers de personnes", explique Margaux Déage, sociologue au CNRS qui a travaillé sur le cyberharcèlement. Dans ce cadre, "les appels à la haine sont très vite visibles".
Si cette année, TikTok a été une caisse de résonance, "selon les enquêtes nationales menées depuis 2010, les sixièmes sont toujours davantage la cible de brimades voire de coups que les élèves plus âgés, et sont victimes d'une sorte de 'rituel de passage'".
Signaler systématiquement les contenus haineux en ligne
En tant que parent ou proche, il n'est pas toujours facile de savoir comment y faire face. D'abord, pour la chercheuse, il est de la responsabilité de tous de signaler systématiquement les contenus haineux sur les plateformes. Il est également nécessaire de bloquer tous les comptes des harceleurs, s'ils sont identifiés, et d'éviter d'être en profil public. En outre, "on peut parler avec son enfant de la dernière vidéo TikTok comme de sa journée d'école car les réseaux sociaux sont des lieux de socialisation comme les autres."
"Il faut discuter avec son enfant et surtout l'écouter, abonde Alexandre Thuillier, responsable de la communication numérique de l'association Hugo, qui lutte contre le harcèlement scolaire. Il ne faut pas évacuer cette question d'un 'ça va aller', mais lui dire qu'on va agir, que la situation n'est pas normale." Ensuite, il est nécessaire de "documenter" les faits, donc de faire systématiquement des captures d'écran. Si les enquêtes pénales pour cyberharcèlement n'aboutissent que rarement, il est important d'avoir des preuves à partager quand on va voir le professeur principal ou le directeur.
La communication parent-enfant, clé de la lutte contre le cyberharcèlement
Olivia Mons, porte-parole de l'association France Victimes, conseille d'observer les changements de comportement éventuels, "un enfant volubile qui devient taiseux" par exemple. Et si le sujet est difficile à aborder frontalement, "on peut contourner en parlant des copains: 'est-ce que tu as vu untel se faire embêter ou un autre tenir des propos blessants ?'" et réagir dès les premiers signaux.
Quand le harcèlement est identifié, elle suggère de consigner* tout ce qui se passe avant de saisir le corps éducatif. "L'élève ne sera pas forcément pour. Il faut insister sur le fait que ce n'est pas sa responsabilité mais celle de ses parents que de le protéger. Il doit comprendre que ce qui touche à son intégrité, ce qui le met mal à l'aise, n'est pas normal et qu'il peut en parler." Enfin, il ne faut pas hésiter à solliciter de l'aide grâce aux différents numéros spécialisés** .
Une prise de conscience collective
Pour Olivia Mons, la question du harcèlement ne peut se régler qu'à une échelle globale, "pour éviter, par exemple, qu'un ancien harcelé ne devienne harceleur". D'où l'importance de la vigilance du corps enseignant et administratif, et des campagnes de prévention menées depuis plusieurs années. "Il y a une véritable prise de conscience des pouvoirs publics et cela commence à porter ses fruits", estime-t-elle.
Une impression confirmée par Margot Déage, qui a remarqué la réaction d'autres jeunes sur les réseaux sociaux : "Certains ont fait des vidéos pour dénoncer le hashtag, alors même qu'il n'est pas facile de réagir à ce type de mouvement de masse, car on peut soi-même devenir une cible."