Ils préparent l’école de demain : rencontre avec les gagnants du prix de l'action éco-déléguée 2023
Le prix de l’action éco-déléguée récompense chaque année des élèves d’école primaire, de collège et de lycée qui s’engagent pour le développement durable dans leur établissement. Pour les gagnants de cette année, il était question d’écologie mais aussi d’égalité des genres et de santé.
C’est au pied du platane du jardin du ministère de l’Éducation nationale, sous un soleil matinal parisien, ce vendredi 23 juin, que les éco-délégués de quatre établissements, de l’école au lycée, ont été récompensés pour leurs actions.
Une cérémonie qui s'est déroulée en présence du ministre Pap Ndiaye et de la climatologue Valérie Masson-Delmotte, vice-présidente du groupe 1 du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur le climat, et, cette année, présidente du jury).
"Nous avons mis l’accent sur des projets qui n’étaient pas simplement des petites actions juxtaposées, mais qui avaient un sens dans leur ensemble", a expliqué la scientifique, qui a visionné les vidéos des 70 établissements présélectionnés, sur un total de 263 candidatures. Un "ballon d’oxygène" pour la climatologue, qui a participé à la rédaction du dernier rapport alarmant du GIEC sur le changement climatique.
Pap Ndiaye, le ministre de l'Éducation nationale, et la climatologue Valérie Masson-Delmotte ont assisté à la remise des prix./ Maëlle Lions Geollot.
Des projets qui (re)façonnent l’espace
Les convictions écologiques commencent dès le plus jeune âge. Pour preuve, les élèves de CM1 et CM2 de l’école primaire de Marson (51), récompensés pour leurs actions de réduction des déchets et de sensibilisation. Mais surtout pour la gestion de leur "aire terrestre", une parcelle de 2.500m² de terrain prêtée par la mairie et entièrement gérée par les élèves, qui se sont attelés à régénérer la végétation pour accueillir la biodiversité.
La verdure, les éco-délégués du collège Blanche Odin à Bagnères-de-Bigorre (65), l'ont invitée au sein même de leur établissement. Après avoir compris que leur collège "n’était pas assez résilient face au changement climatique", ces collégiens ont travaillé sur des plans de remodélisation de leur cour de récréation. Avec en premier lieu, la plantation de végétation pour créer des îlots de fraîcheur.
"Là, c'était un travail de végétalisation, mais ce qui va suivre, c’est aussi un travail de réaménagement de la cour", explique Timéo, éco-délégué, en 3e.
Toute une reconception de la cour dont l’objectif est aussi de favoriser l’égalité de l’occupation de l’espace entre les filles et les garçons, après avoir remarqué que seuls les garçons jouant au foot occupent le centre de la cour.
Distributeur de serviettes hygiéniques au collège
Une meilleure inclusion des filles au collège, c’est justement la motivation des éco-délégués du collège Saint-Joseph à Janzé (35), en Bretagne, prix collège ex-aequo et coup de cœur du jury. Ces élèves de 4e et de 3e ont mis en place des distributeurs de serviettes hygiéniques jetables ainsi qu’un atelier couture pour fabriquer des serviettes lavables en tissu bio.
C’est Romane qui a proposé l’idée après avoir constaté qu’avoir ses règles, "c’est compliqué au collège". Les jeunes filles se sont rendues dans chaque classe pour expliquer leur projet, une initiative qui a su déconstruire ce sujet encore trop tabou au collège. "On leur montre qu’en soi, en parler, ce n'est pas gênant", explique Gwenn.
Venir au lycée à vélo, une "éco-responsabilité"
Les éco-délégués du lycée du Couserans, à Saint-Girons (09), se sont de leur côté intéressés à l'accès à leur établissement. Après avoir identifié les freins à l’utilisation du vélo, les lauréats ont proposé une sensibilisation à la sécurité routière et ont travaillé sur des aménagements sécurisés aux abords du lycée. Finalement, tous ont pris le guidon pour une journée vélo sur une voie verte, une aventure à laquelle se sont joints les membres d’un autre lycée du secteur. Une mobilité douce qui, selon l'équipe, permet à chacun de se "forger une éco-responsabilité".
"On ne pensait pas que notre projet serait porté aussi haut et qu’on irait aussi loin", s’enthousiasme Anna, en terminale.
Et ça ne s’arrête pas là. Car le ministre a annoncé un petit changement dans le règlement du concours : l’année prochaine, ce seront eux, les éco-délégués 2023, qui choisiront leurs successeurs. Une jolie façon de passer le flambeau.
