Interview

Nathalie Elimas : "Nous voulons intégrer de nouveaux profils dans l'éducation prioritaire"

Pour Nathalie Elimas, la mise en place de contrats locaux d’accompagnement "s'inscrit dans le cadre d'une politique de lutte contre les inégalités sociales et territoriales à l'école."
Pour Nathalie Elimas, la mise en place de contrats locaux d’accompagnement "s'inscrit dans le cadre d'une politique de lutte contre les inégalités sociales et territoriales à l'école." © Clément Rocher
Par Clément Rocher, publié le 26 février 2021
4 min

La carte de l’éducation prioritaire sera-t-elle bientôt révisée ? L'Etudiant fait le point avec Nathalie Elimas, secrétaire d’État chargée de l’Éducation prioritaire, sur la première phase d'une expérimentation autour de contrats locaux d'accompagnement qui sera menée à la rentrée de septembre dans 172 établissements de 3 académies.

Le secrétariat à l’Éducation prioritaire est une première sous la Ve République. Quel constat faites-vous au sujet de l’éducation prioritaire aujourd’hui ?

L’éducation prioritaire, ce sont d'abord des moyens alloués aux établissements scolaires pour garantir la réussite des élèves. Aujourd’hui, elle se trouve dans une logique de zonage, les établissements se situent en REP (Réseau d’éducation prioritaire) ou en REP+. Ce dispositif ne concerne actuellement qu’un peu plus de 20% de nos élèves. Cela veut dire que nous avons une zone grise avec des publics et des territoires qui répondent à des indicateurs mais qui pourtant n’ont pas de moyens parce que les établissements n’ont pas été labellisés en 2015.

À la prochaine rentrée, vous allez expérimenter la mise en place de contrats locaux d’accompagnement. Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit ?

Cette initiative s'inscrit dans le cadre d'une politique de lutte contre les inégalités sociales et territoriales à l'école. Cette expérimentation des contrats locaux d'accompagnement va permettre de donner des moyens en fonction des besoins de chaque établissement. L'objectif est de réduire les disparités et d'élargir la carte de l'éducation prioritaire afin d'intégrer de nouveaux publics et de nouveaux territoires qui n'étaient jusqu'à présent pas pris en compte par la carte des REP.

À quels nouveaux publics et territoires pensez-vous en particulier ?

Ce nouveau dispositif vise à intégrer de nouveaux profils dans l'éducation prioritaire. Nous souhaitons aussi apporter une réponse aux besoins des établissements situés dans les territoires ruraux, car l'éducation prioritaire concerne aussi la ruralité et les petites villes. Nous avons également un sujet majeur qui est celui de la mobilité.

Comment avez-vous choisi les établissements participant à cette expérimentation ?

Les académies de Lille, Nantes et Aix-Marseille ont été choisies en fonction de leurs caractéristiques sociales, géographiques et économiques. Cela donne une idée de ce que cela pourrait donner sur le territoire national. Le choix des établissements concernés à l'intérieur de ces académies s'appuie sur une série d'indicateurs nationaux et d'indicateurs propres aux académies qui permettent de déterminer les besoins liés aux "unités éducatives", c'est-à-dire les écoles, les collèges ou les lycées. J’ai également demandé à ce qu’on soit attentif aux "écoles orphelines" et aux lycées professionnels.

Comment sera évaluée cette expérimentation ?

Nous travaillons à la mise en place de critères d’évaluation qui permettent d’en mesurer les effets et d’apporter des éléments de correction éventuels. Nous n'excluons pas la possibilité d’élargir l’expérimentation des contrats locaux d'accompagnement à d’autres académies pour la rentrée 2022. Si jamais cela ne fonctionne pas, nous nous arrêterons.

Que vont devenir les REP ?

Il faut être clair, je ne touche pas en l’état à la carte REP et REP+. Le quotidien des élèves en éducation prioritaire ne changera pas. Les moyens alloués à cette carte restent eux aussi totalement inchangés. Cette expérimentation constitue une voie parallèle avec des moyens propres, ce n'est pas non plus une réforme.
La liste prévisionnelle des écoles et établissements scolaires bénéficiaires d'un contrat local d'accompagnement est désormais rendue publique. À ce stade, il est prévu que 172 établissements rentrent dans l’expérimentation à partir de la rentrée prochaine. La liste comprend 99 écoles, 33 collèges et 40 lycées.

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