Décryptage

La prépa BCPST est-elle toujours la voie royale pour devenir vétérinaire ?

La prépa BCPST est-elle encore la voie royale pour accéder aux études vétérinaires ?
La prépa BCPST est-elle encore la voie royale pour accéder aux études vétérinaires ? © Basicdog/Adobe Stock
Par Clément Rocher, publié le 01 mars 2024
7 min

Avec l'ouverture du recrutement des écoles nationales vétérinaires au niveau post-bac, le nombre de places pour les candidats issus de la prépa BCPST a chuté ces dernières années. Les voies d'accès aux études de vétérinaire se diversifient, la prépa n'étant plus majoritaire. Elle offre néanmoins d'autres perspectives aux étudiants qui en font le choix.

Avec la mise en place d'un concours post-bac en 2021, les quatre écoles nationales vétérinaires (ENV) offrent désormais des parcours et voies d'accès plus diversifiés aux jeunes pour accéder à ces études.

Cette nouvelle voie d’accès intervient juste après le bac, par un concours national avec inscription sur Parcoursup. A la rentrée scolaire 2024, les écoles vétérinaires accueilleront ainsi 280 étudiants de première année, soit 70 élèves par école, un nombre devenu équivalent à celui des profils venus de prépa.

Cette réforme a en effet eu un impact sur la filière historique d'accès à la formation de vétérinaire, la prépa BCPST (biologie, chimie, physique et sciences de la Terre). Avec, à la clé, une baisse conséquente du nombre de places pour les candidats issus de BCPST, alors que la prépa était jusqu'à présent la voie privilégiée pour se lancer dans des études vétérinaires.

Face au succès de l'accès post-bac aux études de véto, la prépa est-elle toujours une voie royale pour devenir vétérinaire ? D'autant que le nombre de voeux pour la prépa BCPST baisse sur Parcoursup depuis deux ans. Décryptage de l'évolution de la prépa BCPST pour devenir vétérinaire.

La prépa BCPST reste une voie de recrutement importante pour les études vétérinaires

D'abord, la classe préparatoire BCPST reste encore et toujours une voie de recrutement importante pour les étudiants en dépit de la diminution du nombre de places. Au total, 280 étudiants seront recrutés en deuxième année d’études vétérinaires, soit un nombre équivalent de places en post-bac.

"On recrute des étudiants qui, pour certains d'entre eux, se sont présentés au concours post-bac, affirme Jean-François Beaux, président de l'Union des professeurs de prépas agro-véto (UPA). La filière est à peu près identifiée par les lycéens pour la profession de vétérinaire."

Néanmoins, force est de constater que la filière perd en attractivité ces dernières années. En 2023, 67.000 vœux en prépa BCPST ont été formulés sur la plateforme Parcoursup contre 77.000 vœux en 2021. Une baisse de 15% qui n'inquiète pas Jean-François Beaux.

"Cela reste considérable pour remplir les 3.000 places en prépa BCPST. Il n'y a pas de crainte à avoir sur la filière d'autant qu'on a une augmentation de places pour intégrer les écoles d'ingénieurs en agronomie. Il faut réussir à montrer aux étudiants l'intérêt de tout ce qui relève de l'ingénierie", confirme-t-il.

"Je ne pense pas que la prépa soit la voie royale"

Clément, étudiant de 24 ans, avait pour sa part un parcours tout tracé. Aujourd'hui en cinquième année d'études à Oniris Nantes, il a suivi deux années de prépa BCPST au lycée Le Fresne, à Angers (49). "Je savais que je voulais devenir vétérinaire même si la prépa nous prépare aussi bien aux concours agro que véto."

"Je ne pense pas que la prépa soit la voie royale mais c'est une voie qui permet de réfléchir à son projet, de découvrir d'autres horizons et de ne pas se fermer de portes. Une grande partie de ma promotion voulait faire des études vétérinaires mais certains se rendent compte qu'ils n'ont pas le niveau ou veulent faire carrément autre chose dans l'agronomie, la géologie."

En effet, la profession de vétérinaire reste beaucoup idéalisée par les jeunes. "Il ne faut pas fantasmer le métier mais il faut que ce soit une démarche assez construite. On dénote parfois un manque de maturité dans les raisons qui motivent un jeune à devenir vétérinaire", assure Laurence Deflesselle, directrice générale d'Oniris Nantes.

"Je ne voyais pas d'intérêt à aller en prépa"

Certains jeunes sont néanmoins sûrs et certains de leur projet d'études dès le lycée. Âgé de 21 ans, Noé, étudiant en troisième année à Oniris Nantes, fait partie de cette première génération à avoir intégré une école nationale vétérinaire au niveau post-bac. "Je ne voulais pas repousser à deux ans mon entrée dans une école", affirme-t-il.

Le jeune homme, intéressé par les animaux de rente et d'élevage, ne voulait pas intégrer une classe préparatoire. "La prépa propose un programme encore plus général que les premières années d'études vétérinaires et le niveau en maths est beaucoup trop poussé, alors je ne voyais pas d'intérêt à aller en prépa", témoigne Noé.

Depuis plus d'un an, il étudie aux côtés des étudiants venant de prépa. "Je ne constate pas de différence de niveau entre nous. Mais ce qu'ils ont en plus, c'est une meilleure méthode de travail qu'ils ont eu l'occasion de mettre en pratique et de peaufiner", affirme-t-il.

La voie post-bac reste sélective pour intégrer une école vétérinaire

Tout le monde s'accorde à dire qu'il faut tenter sa chance au concours post-bac. "Aujourd'hui il faut tenter la voie post-bac dans tous les cas. On dit aux lycéens qu'ils n'ont rien à perdre à mettre un vœu pour cette voie", affirme Laurence Deflesselle.

Attention, ce parcours reste néanmoins sélectif. Chaque année, entre 4.500 et 5.000 candidats tentent le concours post-bac. "La voie post-bac va sélectionner d'emblée ceux qui sont plus attachés aux études vétérinaire", assure Jean-François Beaux.

Ainsi, la directrice d'Oniris Nantes recommande de sélectionner des vœux en prépa, BUT, BTSA ou licence pour les candidats qui veulent à tout prix intégrer une école vétérinaire.

Bien que le recrutement post-bac a pour vocation de devenir "la référence de recrutement en France" selon le ministère de l'Agriculture, la prépa peut encore compter sur de nombreux adeptes. A chacun de trouver sa voie qui lui correspond le mieux pour faire une belle carrière de vétérinaire.

Pour rappel

Un candidat venu de prépa, BTSA, BUT, licence, ne peut pas se présenter plus de deux fois au concours d’entrée aux écoles nationales vétérinaires.

Au total, les quatre ENV ouvrent 720 places au concours : 280 pour les post-bac (70 places par école), 280 pour les prépas BCPST (70 places par école), 160 places (40 places par école) après un BTSA, un BUT ou une licence.

Les quatre écoles nationales vétérinaires accessibles par concours commun sont : l'EnvA, l’école nationale vétérinaire d’Alfort, Oniris, l’école nationale vétérinaire, agroalimentaire et de l’alimentation de Nantes, VetAgro Sup près de Lyon et l'EnvT, l’école nationale vétérinaire de Toulouse.

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