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Reportage

"Objectif 2 tonnes" : quand les étudiants de l'ESIEA tentent de réduire leur empreinte carbone

Lors de l'atelier, les étudiants ont réalisé chacun leur tour leur bilan carbone, calculé à partir de leurs habitudes alimentaires ou encore des différents modes de transports qu'ils utilisent.
Lors de l'atelier, les étudiants ont réalisé chacun leur tour leur bilan carbone, calculé à partir de leurs habitudes alimentaires ou encore des différents modes de transports qu'ils utilisent. © Clément Rocher
Par Clément Rocher, publié le 15 septembre 2023
5 min

Réunis en équipes, les nouveaux étudiants de l'ESIEA sont projetés jusqu’en 2050 pour réfléchir aux leviers d’action en faveur de la transition bas carbone. À l'issue de cet atelier de rentrée, les élèves-ingénieurs auront les clés pour donner une approche plus écologique à leur formation.

"Personne ne veut sortir du nucléaire ? Bravo Léa ! Vous avez réussi à convaincre vos camarades !" s'exclame Catherine Teinturier, directrice de la qualité & RSE de l'ESIEA. Le débat était quelque peu serré entre les étudiants sur le fait de rester ou non dans le nucléaire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Cette sensibilisation aux enjeux écologiques s'est déroulée jeudi 14 septembre, lors la rentrée des élèves de prépa intégrée de l’ESIEA, école d'ingénieurs en informatique et numérique à Ivry-sur-Seine (94). Répartis en petits groupes, les nouveaux étudiants ont participé à un atelier pédagogique et immersif intitulé "2 Tonnes".

Pourquoi deux tonnes ? Car pour respecter l’Accord de Paris et limiter le réchauffement climatique au-dessous des 2°C de plus par rapport à l'ère préindustrielle, chaque individu devra limiter ses émissions annuelles de GES à deux tonnes en 2050.

Mais avant de faire le tour des solutions, les étudiants ont réalisé chacun leur tour leur bilan carbone, calculé à partir de leurs habitudes alimentaires ou encore des différents modes de transports qu'ils utilisent. Ils sont loin du compte : alors que le réchauffement est déjà de +1,2°C en 2023, l’empreinte carbone d’un Français est en moyenne de 9,5 tonnes de CO2 par an.

Choisir une action pour agir pour le climat

Le but de l'atelier est donc de faire baisser ce chiffre au maximum. Pendant plusieurs tours, les étudiants agissent comme simple citoyen, puis comme ministre et comme lobbyiste. Ils passeront ainsi de la réalisation d'actions individuelles à la prise de décisions collectives.

Alimentation, transport, énergies… À chaque tour, les élèves se placent autour de la table et choisissent les cartes à leur disposition afin d’agir pour le climat. Dès le premier tour, le bilan carbone affiché sur un ordinateur chute après que les étudiants se sont engagés à arrêter toute consommation de viande ou à devenir flexitarien.

"Vos émissions de gaz à effet de serre ont une réelle influence, précise Catherine Teinturier. L’élevage industriel est une calamité, une catastrophe pour les nappes phréatiques."

Au deuxième tour, les élèves jouent le rôle d’un ministre. "Chacun défend son ministère. Vous avez toutes les cartes en main pour changer l’impact climatique", encourage-t-elle. Tandis que le ministre de l’Agriculture appelle à développer des pratiques agricoles plus durables, le ministre de l’Éducation demande à instaurer un jour sans viande.

Inciter les élèves à s'impliquer

Les élèves sont mis directement dans l’action et peuvent débattre entre eux. "Si l'on n'agit pas assez vite, le climat va encore plus se dégrader", soutient Pierre.

"Cet atelier permet aux étudiants de se projeter. Ils voient les actions qui ont le plus d’impact sur le changement climatique. Ils se rendent aussi compte que certains acteurs ont plus de poids que d'autres dans la prise de décision", explique Sophie Poirier, responsable de la vie étudiante et associative de l’école.

Quelques élèves avaient déjà participé à une Fresque du Climat ou une Fresque du Numérique au lycée. "Il aurait été dommage de proposer le même atelier. Il y avait aussi un côté un peu anxiogène. À la fin, ils étaient un peu frustrés et ne savaient pas ce qu’ils pouvaient faire", affirme-t-elle.

Tous prêts à lutter contre le réchauffement climatique ?

À l’issue de la journée, les étudiants sont-ils réellement prêts à modifier leur mode de vie au quotidien pour devenir acteurs de la transition ? "C’est un jeu sérieux. On s’engage dans le jeu, mais après, on essaye de respecter ses engagements", insiste Catherine Teinturier.

Adrien reconnaît que l’atelier lui a permis de "comprendre les enjeux" et se dit résolu à "tester de nouvelles choses", comme remplacer la viande de temps en temps par des œufs.

Selon lui, il y a aussi une urgence à baisser le prix des trains pour inciter les voyageurs à privilégier ce mode de transport, jusqu'à 60 fois moins polluant que l'avion et 90 fois moins que la voiture, selon l'Ademe.

Léa, quant à elle, est favorable au principe du pollueur-payeur. La Charte de l’environnement intégrée à la constitution précise ainsi que "toute personne doit contribuer à la réparation des dommages qu’elle cause à l’environnement dans les conditions définies par la loi". Elle affirme également vouloir faire plus de covoiturage.

En plus de pousser les étudiants à réfléchir à leur impact quotidien, les conclusions de cet atelier devraient également façonner leur formation et, plus tard, leur vie d'ingénieur.

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