Décryptage

Ouverture sociale : les écoles d'ingénieurs veulent attirer plus d'élèves boursiers

Le taux moyen de boursiers est de 30% en écoles d'ingénieurs contre plus de 38% au niveau national.
Le taux moyen de boursiers est de 30% en écoles d'ingénieurs contre plus de 38% au niveau national. © Adobe Stock/BillionPhotos.com
Par Clément Rocher, publié le 19 septembre 2023
4 min

Les bourses constituent l’une des aides financières les plus répandues pour financer ses études. Et les écoles d'ingénieurs le savent : pour élargir leur vivier, il faudra attirer davantage de jeunes boursiers.

Une inscription en école d’ingénieurs nécessite un investissement financier plus ou moins important selon le statut de l’établissement. Une année de scolarité en école publique coûte en moyenne 600 euros alors que les étudiants dépensent entre 7.000 et 12.000 euros pour rejoindre une école privée.

La bourse, qu'elle soit interne à une école ou attribuée sur critères sociaux, permet aux étudiants de financer leur parcours d'études,

Un étudiant sur quatre en école d'ingénieurs est boursier

En école d'ingénieurs, 37.000 étudiants sont bénéficiaires d'une bourse attribuée par l’État, soit près d’un étudiant inscrit sur quatre, selon une note d’information statistique publiée par la CDEFI (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs).

"Les écoles d'ingénieurs cherchent à accueillir l’ensemble des jeunes qui ont la capacité de poursuivre des études, quelle que soit leur origine sociale. Parmi eux, certains sont issus de familles un peu moins favorisées et ont la possibilité d’être boursiers", explique Philippe Dépincé, président de la commission formation et société de la CDEFI.

À Bidart (64), près de 28% des étudiants de l'ESTIA sont titulaires d'une bourse. "C'est un public qui a besoin d'être accompagné pour suivre des études longues et exigeantes, auxquelles ils ne sont pas forcément bien préparés par leur environnement. La promotion sociale est un des devoirs des établissements d'enseignement supérieur", assure Patxi Elissalde, directeur de l'école.

Parmi les élèves boursiers, certains sont issus de la prépa TSI (technologie et sciences industrielles), accessible après un bac techno, ou de la prépa ATS (adaptation technicien supérieur), accessible après un BTS. "Accueillir des boursiers ou des gens issus de filières diverses permet, par les échanges, d’enrichir sa compréhension des grands enjeux de société. Cela fait partie de la formation de l’ingénieur", poursuit le directeur.

Des bourses internes proposées par les écoles

Les écoles d’ingénieurs proposent également des aides financières, comme des bourses internes. Près de 8.700 étudiants-ingénieurs bénéficient de bourses attribuées par les établissements. La moitié d'entre eux sont inscrits dans une école privée.

Cette aide peut être bénéfique pour les personnes non éligibles aux bourses du Crous. C'est le cas de Gauthier, étudiant en deuxième année à l'ESB (École supérieure du bois), à Nantes (44), qui n'a plus le droit à la bourse de l'État depuis cette rentrée.

"J'ai rempli un formulaire présentant ma situation économique et mon dossier a été retenu par l'école. J'ai droit à 2.000 euros par an." Gauthier a également travaillé cet été en contrat saisonnier dans une banque pour mettre de l'argent de côté. "Mes parents financent une partie de mes études et le reste, c'est sur mes fonds propres", explique-t-il.

Le jeune homme reconnaît que, sans le soutien de l'école, poursuivre ses études se serait avéré plus compliqué. Et il ne s'agit pas uniquement de payer la facture de l'école, de 5.750 euros par an. "J'aurai dû faire une croix sur le sport et les sorties culturelles. La bourse offre un certain confort financier, je compte moins chaque centime", affirme-t-il.

Attirer les élèves boursiers, une priorité des écoles d'ingénieurs

Les écoles d’ingénieurs ont du retard en matière d'accueil des étudiants boursiers par rapport à d'autres formations de l’enseignement supérieur français. Le taux moyen de bénéficiaires de bourses est en effet de 30% en écoles d'ingénieurs contre plus de 38% au niveau national.

Première explication : l'autocensure des populations plus modestes. "L’accueil des élèves boursiers représente notre capacité à être attractif pour ceux dont les écoles d’ingénieurs ne sont pas forcément la première destination dans leur poursuite d’études", souligne Philippe Dépincé. De fait, les écoles d'ingénieurs accueillent en majorité des étudiants issus de milieux aisés.

Après l'autocensure, le coût de la scolarité pèse souvent dans les décisions d'orientation des jeunes. "Pour beaucoup d'étudiants et de familles, c'est dur de suivre des études, estime Patxi Elissalde. Cela demande des sacrifices économiques."

Pour élargir leur vivier et pousser la mixité sociale, les écoles d'ingénieurs ouvrent de plus en plus leurs portes aux filières autres que la prépa scientifique. Il s'agit notamment de la licence, du BTS ou du BUT, qui comptent plus d'étudiants boursiers. La fin de la voie royale ?

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