Portrait

Paris 2024 : ces scientifiques "captent" les sportifs pour améliorer leurs performances

Les trois fondateurs de la start-up Phyling utilisent la science pour améliorer les performances des sportifs de haut niveau.
Les trois fondateurs de la start-up Phyling utilisent la science pour améliorer les performances des sportifs de haut niveau. © École polytechnique - J.Barande
Par Florian Dacheux, publié le 14 février 2019
4 min

À la tête d’une start-up depuis leur thèse, trois diplômés de l’École polytechnique et de l’ENS Cachan conçoivent des capteurs d’analyse de données pour les sportifs de haut niveau. En ligne de mire : les Jeux olympiques de 2024, à Paris.

Chaque jour, Romain Labbé, Pierre-Olivier Barrioz et Jean-Philippe Boucher, 27 ans, se dépassent pour leur start-up Phyling. Leur projet est né en plein cœur de leurs trois années de thèse sur la physique du sport. Leur objectif ? Accompagner les entraîneurs sportifs de haut niveau dans la collecte et l'analyse de données utiles à l’amélioration des performances de leurs athlètes.

"Les objets connectés sont nombreux dans le domaine sportif. Mais dès que l’on va voir les sportifs professionnels, on se rend compte qu’ils n’utilisent rien, explique Romain, le président de Phyling, un féru de voile, passé par le département mécanique de l’ENS Cachan. Les matériels ne sont jamais adaptés pour eux."

Montrer à un entraîneur ce qu'il ne voit pas

Fort de ce constat, le trio développe depuis un peu plus d’un an des capteurs de précision pour mesurer et diagnostiquer les leviers d'amélioration d’un athlète. Installés dans les locaux du laboratoire d’hydrodynamique de l’X (LadHyX), ces chercheurs ont un bureau et un atelier à disposition pour mener à bien leur projet dans le cadre du programme d’X-UP, l’accélérateur des start-up du Drahi X-Novation Center de l’X.

"Nous avons souhaité trouver une technologie pour lever toutes les incertitudes et montrer à un entraîneur tout ce qu’il n’était pas capable de voir, explique Jean-Philippe, diplômé de l'école et qui pratique le judo. Cela permet de mesurer les efforts embarqués sur le matériel des sportifs. Cela ne modifie pas le ressenti des athlètes, cela le quantifie."

Des capteurs dans les crampons

À l’heure actuelle, ils travaillent pour le rugby, en collaboration avec le corps médical de la section professionnelle du Racing 92. Mais aussi pour la Fédération française de pentathlon moderne et son pôle France situé à l’INSEP.

"Pour le rugby, nous intégrons des capteurs dans les crampons, précise Romain. Cela permet par exemple de détecter et d’anticiper un seuil de fatigue ou de blessure. Pour le pentathlon et le tir, on mesure l’interaction entre le doigt du tireur et la queue de détente. Désormais, l’entraîneur dispose d’une tablette et voit en temps réel la progression du doigt. Il lui est ainsi possible d'appuyer ses intuitions avec des données précises."

En route pour les JO 2024

L’équipe de Phyling prévoit de décliner cette technologie dans de nombreux sports tels que la voile, le tir à l’arc, l’aviron ou encore le cyclisme. Au-delà de Tokyo en 2020, ils visent clairement les Jeux olympiques 2024 qui auront lieu à Paris. "Nous sommes en train de nous faire un nom et notre objectif est d’être bon dans tous les sports d’ici 2024, pour une ouverture à l’international", conclut Romain.

Intégrés aux recherches liées au programme Sciences 2024 initié par le ministère des Sports et piloté par l’École polytechnique, Romain, Jean-Philippe et Pierre-Olivier ont bien compris que les premières places se jouaient à quelques centièmes de secondes. Des petits détails qui pourraient valoir des médailles de plus à la France.

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