Reportage

Rentrée à Polytechnique : les X2019 en mission commando

Polytechnique
Dernières formalités avant le grand départ pour un stage commando de trois semaines pour les étudiants en première année de l'X. © Florian Dacheux
Par Florian Dacheux, publié le 05 septembre 2019
6 min

#RécitsdeRentrée Episode 1. Depuis le 1er septembre, les élèves de 1ère année du cycle ingénieur de l’Ecole polytechnique effectuent leurs premiers pas sur le prestigieux campus de Palaiseau, dans l'Essonne. Cette semaine dite d’incorporation s’achève ce vendredi soir. Immersion au cœur d’une rentrée imprégnée du caractère militaire.

Il est 8h15 mercredi 4 septembre quand le colonel Bertrand Leduc, chef de corps et directeur de la formation humaine et militaire de l’Ecole Polytechnique, accueille la moitié des primo-entrants. Réunis dans l’amphithéâtre Poincaré, près de 280 élèves en treillis et survêtements écoutent avec attention. Si l’un d’entre eux pique du nez, un gradé surgit pour lui indiquer de se tenir debout quelques minutes. Le ton est donné.

"Je ne m’étais pas préparée mentalement au fait que ça pouvait être si strict mais je m’adapte et ça me plaît, confie Hélène, qui a suivi une CPGE scientifique au Lycée du Parc de Lyon. Nous n’avons vraiment pas 30 secondes de répit. Nous faisons attention à absolument tout. J’ai toujours voulu être prise à l’X, comme ma grand-mère qui était ingénieure à une époque où il n’y avait pas beaucoup de femmes dans ce milieu".

Titulaire d’une licence en maths appliqués obtenue à Paris-Dauphine, Sixtine livre à son tour ses premières impressions : "Franchement, c’est incroyable. Moi qui viens de la filière universitaire, je découvre un autre monde. A la fac, on a tendance à être disséminé. Même le concept de classe n’est pas toujours respecté. Ici on découvre l’ordre, la camaraderie".

Les enseignements de base de l'armée

Après une première journée passée en présence de leurs familles, les élèves de la promotion X2019 (560 élèves dont 125 internationaux) ont dû prendre le pli très rapidement. Si les formalités administratives ont occupé une grande partie de leur temps afin de signer leurs contrats ou encore récupérer leurs équipements, la recherche de stage était l’une des clés de la semaine. Répartis en cinq sections, ils ont pu recevoir le soutien permanent d’élèves de la promotion X2017.

"Les premiers jours, beaucoup ne comprennent pas trop cet aspect militaire, confirme Marin, nommé chef de section en tant qu’élève entrant en 3e année. C’est pourquoi on y va progressivement avec bienveillance. Mon rôle est de les introduire au monde militaire. Il n’y a plus de prépa. Ils sont tous au même niveau et en uniforme. Cette période de césure arrive au bon moment car après leurs deux ou trois années de prépa, ils ont besoin de se découvrir eux-mêmes".

Autour d’Alodie, également chef de section, de renchérir : "On leur enseigne les bases de l’armée comme l’ordre serré, marcher au pas, les commandements. On sent qu’ils ont un peu d’appréhension par rapport au monde militaire, qu’ils ne sont pas très attirés, mais c’est davantage par méconnaissance. Il ne faut surtout pas qu’ils aient peur de sortir de leur zone de confort".

Départ pour trois semaines dans la Creuse

Pour aider les élèves à dénicher une première expérience professionnelle adaptée à leur personnalité, l’équipe pédagogique a organisé un forum dans le grand hall en invitant divers professionnels du monde civil et militaire désireux de prendre en stage des Polytechniciens. "Ils peuvent être des modèles pour nos élèves, assure Emilie Mulliez, responsable RH de l’association Espérance Banlieues. On travaille avec des écoles qui sont situées dans des quartiers prioritaires et on aimerait qu’ils puissent y enseigner les mathématiques et les sciences". Chargée de mission chez la Fédéeh pour les jeunes en situation de handicap, Eglantine Marette abonde dans le même sens : "Leur vraie valeur ajoutée, c’est leur maturité, leur capacité à se saisir d’un sujet et à travailler en équipe".

Samedi 7 septembre, toutes et tous partiront au camp de la Courtine, situé dans la Creuse. Pendant trois semaines, ils suivront la formation militaire initiale de l’X, une étape cruciale dans le cursus de cette école fondée en 1794 et militarisée par Napoléon 1er en 1804. L’occasion de tester leurs limites à travers des activités telles que le parcours d’obstacle, l’escalade ou la course d’orientation. Mais aussi d’aborder les notions de leadership et de savoir-être enseignées dans les stages de management.

"La cohésion va être fondamentale, témoignent de concert Elisa et Jacques, issus respectivement du lycée Henri IV à Paris et du lycée Sainte-Geneviève de Versailles. C’est un peu un saut dans l’inconnu mais c’est l’occasion de se dépasser. En prépa, on apprend l’efficacité. Ici, c’est la rigueur, le sens des responsabilités, la prise de décisions, l’anticipation".

A l’issue du camp, toutes et tous partiront en stage de formation humaine pour une durée de quatre à six mois. "Dans tous les cas, ce sera une bonne expérience, à condition de s’y investir à 200%", conclut le colonel Leduc. Ces ingénieurs en herbe ont semble-t-il compris le message pour arriver fin prêts en avril 2020 pour le début des cours.

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