Reportage

Ingénieuses 2019 : le combat pour la féminisation des écoles d'ingénieurs continue

Les lauréats d'Ingénieuses 19 autour de la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal.
Les lauréats d'Ingénieuses 19 autour de la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal. © Clément Rocher
Par Clément Rocher, publié le 24 mai 2019
6 min

Seulement 27 % des filles s'orientent vers les écoles d'ingénieurs. Trop peu aux yeux des pouvoirs publics qui visent 40%. Le concours Ingénieuses 2019 qui a récompensé, le 17 mai dernier, des élèves ingénieures, veut encourager l'inclusion des femmes dans le monde de l'ingénierie.

Bien plus qu'une cérémonie de récompense, le concours Ingénieuses 2019, qui se tenait à Paris le 17 mai dernier, veut susciter une réflexion sur l’orientation des étudiantes pour combattre les stéréotypes au quotidien. Pour Jacques Fayolle, président de la CDEFI (Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs), l'événement représente " une opportunité unique de mettre en lumière les actions des écoles " et de " transmettre des valeurs auprès des collégiennes et des lycéennes ".
"Je salue l’engagement des lauréats et l’action des territoires ", déclare Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, présente à la cérémonie, lors de son discours. La mobilisation pour l’inclusion des femmes dans le monde de l’ingénierie est une source de préoccupation pour le gouvernement. Le ministère souhaite davantage de mixité au sein des écoles d’ingénieurs.
Les établissements manquent en effet d’étudiantes dans leurs effectifs : seulement 27% de filles s’orientent vers cette filière. Certaines spécialités, notamment dans l’informatique et le numérique, possèdent un taux de féminisation particulièrement faible.

Objectif : 40% d'étudiantes ingénieures en 2020

L'objectif pour le ministère est d'atteindre le chiffre de 40% d’étudiantes ingénieures pour l’année 2020. " On y travaille très activement […] Les filles ne se sentent peut-être pas à l’aise seules ou à deux dans une promotion masculine ", confirme Frédérique Vidal. Il n’est cependant pas à l’ordre du jour de mettre en place des quotas dans les écoles d’ingénieurs ou des points bonus dans les examens.

" La non-hiérarchisation des vœux a permis aux jeunes femmes d’être plus ambitieuses ", affirme la ministre au sujet de la plate-forme Parcoursup. La disparition de cette hiérarchie permettrait effectivement de lever les barrières : les jeunes élèves se sentiraient davantage en confiance afin de postuler dans les formations qu’elles souhaitent.

Les étudiantes sont encore nombreuses à pratiquer l’autocensure et les barrières psychologiques demeurent difficiles à briser. " Les femmes doivent davantage faire leurs preuves que les hommes […] Le fait que nous soyons des femmes ne doit pas influencer nos parcours ", a insisté Frédérique Vidal lors de son discours. Un combat que les écoles d'ingénieurs semblent prêtes à mener avec acharnement.
" Chaque école prend des initiatives. Elles envoient des élèves ambassadeurs au niveau des collèges, des lycées. Dans les classes préparatoires, des jeunes femmes viennent parler des disciplines scientifiques […] Cela contribue à déverrouiller le système ", soutient la ministre.

Les ingénieures ont la parole

Sarah est étudiante en quatrième année à l’ESTACA en spécialité automobile, et présidente de l’association Pégase qui vise à initier les enfants aux sciences. " Je suis également responsable de la communication d’un projet dont l’objectif est de monter une écurie de course automobile 100% étudiante dans laquelle on va pouvoir faire de l’ingénierie mécanique ", annonce-t-elle.
Cette lauréate du prix de l'élève-ingénieure de France a été récompensée pour son implication dans la lutte contre les stéréotypes de genre. " C’est important pour moi de m’investir dans cette lutte. Il ne faut pas hésiter à poser des questions, c’est justement ce qui va nous amener à savoir si oui ou non une carrière d’ingénieure peut nous plaire. C’est important de faire ce qu’on aime et de pouvoir s’épanouir ", conclut la jeune femme.
Meriem a, elle, remportée le prix de l’élève-ingénieure du Maghreb. Elle est actuellement en cinquième année à l’ESI d’Alger en informatique et est une membre active de la communauté féministe Women Techmakers. " Quand je me fixe un objectif, je me dis toujours que je dois l’atteindre. Je me fais confiance. Maintenant mon objectif est d’obtenir mon diplôme d’ingénieur."
Cécilia est en deuxième année à l’ENSI Poitiers, dans la formation Energie, et est présidente de l’association " Les Ingénieuses " de l’établissement, qui a organisé différents projets. " Nous avons réalisé des chroniques radio sur le campus autour de portraits de femmes dans le domaine scientifique, mais aussi en art, en politique… Cela permet aux gens de découvrir que les femmes sont tout aussi capables que les hommes. "
Le projet qui tient le plus à cœur à Cécilia ? " C’est la réalisation d’un court-métrage qui retrace le parcours d’un jeune homme du lycée jusqu’à l’entreprise, dans une société où les rôles homme/femme ont été inversés. Elle n’hésite pas à encourager les jeunes femmes à devenir ingénieure. " On essaye de combattre ces freins pour inciter les étudiantes à se tourner vers les sciences. Tout est possible, qu’on soit homme ou femme. " À bon entendeur...
Liste des lauréates de l'opération Ingénieuses 2019 :
• l’ENSI Poitiers, école lauréate du prix de l’école la plus mobilisée
• l’IMT Mines Albi, école lauréate du prix du projet le plus original
• l’ESIGELEC, école lauréate du prix pour l’enseignement de l’égalité femmes-hommes
• Sarah CROMER, élève-ingénieure de l’ESTACA, lauréate du prix de l’élève-ingénieure France en partenariat avec l’AUF
• Meriem BAKRI, élève-ingénieure de l’ESI Alger, lauréate du prix de l’élève-ingénieure Maghreb en partenariat avec l’AUF
• Elisabeth EUDE, diplômée de l’INSA Rennes, lauréate du prix de la femme ingénieure

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