Décryptage

Après une licence pro, quelles sont les possibilités d’entrée en master ?

poursuite en master après une licence pro
De plus en plus de diplômés de licence professionnelle choisissent de continuer leurs études plutôt que l'insertion professionnelle. © Acento Creativo/Adobe Stock
Par Catherine Piraud-Rouet, publié le 06 juin 2023
5 min

Faire une licence professionnelle n’est plus synonyme d’insertion obligatoire à bac+3. Un nombre croissant de diplômés choisissent de poursuivre leurs études, en L3 générale ou, surtout, en master. Une voie qui demeure toutefois étroite, réservée aux meilleurs dossiers et à un projet précis.

Pour lui, pas question de se cantonner au bac+3. En 2021, sa licence professionnelle de l'université de Strasbourg (Unistra) en poche, Tristan décide de poursuivre en master "Sciences des matériaux". "Mon objectif c'est d'enrichir mes connaissances dans le domaine et pouvoir prétendre à un poste d’ingénieur d’études", explique le jeune homme.

Des poursuites d'études variables selon les licences pro

Fini, en effet, le temps où la licence pro rimait quasi obligatoirement avec entrée directe dans la vie active. "Si elle continue à avoir pour vocation première l’insertion professionnelle, la licence professionnelle, depuis l’arrêté du 6 décembre 2019, peut permettre à jusqu’à 50% des étudiants d’aller plus loin", informe ainsi Lionel Nicod, vice-président formation à Aix-Marseille Université (Amu).

Ces poursuites d'études sont cependant plus ou moins adaptées en fonction des disciplines. "Après une licence pro, la poursuite d'études est a priori moins fréquente en sciences et technologies que dans des secteurs comme l’information ou la communication, où la plus-value est plus importante de décrocher un bac+5", analyse Rachel Schurhammer, doyenne de la faculté de chimie à l’Unistra.

A la clé, des écarts considérables. Ainsi, à l’Amu, la part des étudiants de licence pro poursuivant en master va de 8% à 25% suivant les secteurs. D'ailleurs, le choix de poursuivre en master est bien plus fréquent que celui de changer de voie vers une licence générale. "Les profils et les projets des étudiants de licence professionnelle, pour la plupart issus de BTS, ne sont pas adaptés à un retour vers un cursus plus théorique", estime Lionel Nicod.

Une forte sélectivité à l’entrée en master

Mais attention, la poursuite d'étude en master après une licence pro n'est pas simple puisque les masters sont sélectifs. "Nous n’avons aucun quota de places, précise Lionel Nicod. Toutefois, de manière générale, l’admission en master est réservée aux meilleurs étudiants d’une promotion, avec examen du dossier académique et du projet professionnel par une commission pédagogique."

Cependant, nul besoin d’être major de promo pour intégrer un master. "J’ai terminé ma licence pro avec 11 de moyenne seulement, témoigne Tristan. Ce qui a dû faire mouche, c’est ma lettre de motivation, dans laquelle j’ai mis en avant mon alternance chez Arkema, qui m’avait permis d’acquérir des connaissances et des compétences pointues dans le domaine des polymères." Cette sélectivité repose sur la nécessité de coller au marché du travail. "En chimie, l’emploi est de dix postes au niveau licence pro pour un au niveau master", relève Rachel Schurhammer.

Les responsables de formation pointent aussi le risque d’échec. L’adaptation des diplômés de licence professionnelle à des cours bien plus théoriques peut être rude, au moins au début. "Au premier semestre de M1, je n’ai pas dépassé le 8 de moyenne et j’ai dû cravacher, se souvient Tristan. Mais dès le second, j’avais trouvé mes marques, notamment grâce au stage, où j’étais nettement plus dans mon élément. Et aujourd’hui, je boucle mon M2 !"

Opter pour la formation continue, une alternative pour les diplômés de licence professionnelle

Les responsables de formation invitent aussi les diplômés désireux d’évoluer d’intégrer le marché du travail, puis d’opter pour la formation continue. C’est la voie choisie par Geoffrey, 25 ans, diplôme d'une licence professionnelle spécialité 'Grande distribution' obtenue en 2018 à l’AMU.

"Après ma licence pro, j’ai été embauché comme responsable adjoint de magasin en CDI au sein du supermarché où j’avais fait mon alternance, témoigne-t-il. En 2020, pour booster mon évolution vers le poste de directeur de magasin, j’ai repris les études en mastère 'Stratégie commerciale' à l’IPAG… Aujourd’hui, à 25 ans, je suis à la tête de 40 salariés !"

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