Décryptage

Droit de l’environnement : un cursus plébiscité par des étudiants engagés

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Par Marion Allard-Latour, publié le 25 janvier 2023
5 min

Face à l’urgence climatique, l’intérêt pour les formations en droit de l’environnement grandit chez les étudiants. Entre prise de conscience et volonté de travailler en lien avec cette thématique, six jeunes en licence et en master de droit livrent leur témoignage.

En France, il existe peu de cursus en droit de l’environnement de niveau licence (bac+3). Les élèves intéressés par la matière doivent souvent attendre le master pour se confronter à un apprentissage plus proche de leurs attentes.

Louise, étudiante à l’Université de Rouen Normandie, le confirme : "d’un point de vue programmatique, il n’y a pas de référence au droit de l’environnement" en licence. Pour cette étudiante de troisième année, l'intérêt est venu d'un enseignant : "Lorsque j'étais à Nantes, un professeur nous donnait un cours sur ces sujets. Il essayait de nous sensibiliser."

En licence de droit, une introduction à l'environnement

Dans d'autres universités, les élèves de licences ont droit à une introduction plus importante au droit de l'environnement. "En L2, j’ai eu un cours qui m’a passionnée, explique Apolline, étudiante en L3 à l’Université Savoie Mont Blanc. Auparavant, je n’avais jamais entendu parler de cette filière. Nous avons abordé plusieurs questions comme les normes Natura 2000, le domaine maritime, les espaces protégés…"

"Aujourd’hui un étudiant en droit sera forcément confronté à ces questions. En licence, ils apprennent plus les aspects généraux", explique François Guy Trébulle, co-directeur du master droit de l’environnement à Paris I.

Spécialisation en master

D'autres sont venus au droit de l’environnement par leur expérience personnelle. Pour Yaëlle, un voyage en Inde a été le déclic. "Dans ce pays, j’ai vu l’extrême pauvreté accolée à une extrême richesse. Mais aussi une très grande pollution, raconte l’étudiante en L3 à la fac de Montpellier. Quand je suis rentrée, je me suis demandée si j’allais trouver un métier qui répondrait à des enjeux immédiats et matériels ou au contraire partir sur une voie où je serais plus en accord avec moi-même."

Brunéline, qui suit une double licence de droit/philosophie à l’université Jean Moulin Lyon III, est "intéressée par ce thème depuis cinq ans". En dernière année, elle compte aussi poursuivre en master de droit de l’environnement. "Ma fac propose quatre masters spécialisés dans ce domaine. J’aimerais suivre celui dédié à la gouvernance des risques environnementaux."

Des cours qui font écho à l'actualité

La nouvelle génération qui suit ce cursus est d’autant plus sensibilisée au changement climatique qu’elle en connaît les causes et les conséquences. Elle affinera ses choix après la licence, comme Thibaut en master 2 à Rennes : "Il y a 50% d’écologie avec l’étude des écosystèmes, puis 50% de droit européen de l’environnement, etc." "En ce moment, nous avons du droit privé de l’environnement. Parmi les problématiques, nous pouvons voir comment les atteintes peuvent être réglées", poursuit-il.

Pour Lilou, en première année de master à Nantes, deux matières lui semblent importantes par rapport à l’actualité : "Les grands principes du droit de l’environnement, avec tout ce qui se rattache au développement durable. Et le droit international de l’environnement."
Même si "beaucoup de personnes sont anxieuses par rapport au réchauffement climatique", les études de Lilou la rende "assez optimiste sur le chemin que l’on prend".

De nombreux débouchés professionnels

Les étudiants qui s'engagent dans cette voie ont-ils un avenir ? "Il n’y a pas de protection de l’environnement sans sa traduction en droit, estime François Guy Trébulle. Les matières juridiques seront indispensables aux transitions environnementales et écologiques." Parmi les champs juridiques qui seront affectés, il cite notamment "le droit de l’urbanisme, le droit de la propriété ou le droit des contrats".

L’enjeu pour les étudiants demeure donc le choix de leur future profession. Si leurs idées ne sont pas encore arrêtées, ces étudiants ont déjà plusieurs options. Louise évoque "un poste dans une collectivité locale ou dans une association de protection des animaux, en tant que juriste par exemple."

De son côté, Apolline aimerait "peut-être travailler au sein d’un parc régional. Je suis en phase de recherche de stage pour découvrir des métiers." Yaëlle voudrait œuvrer auprès d’ingénieurs sur le plan juridique, "afin de rendre leurs projets viables dans le secteur du droit". Brunéline se voit plus dans des collectivités territoriales ou alors avocate spécialisée : "Cela montre que le métier change."

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