Témoignage

Après leurs études, ils ont choisi de faire un VIE au Canada

Travailler au Canada, un rêve pour de nombreux Français.
Travailler au Canada, un rêve pour de nombreux Français. © Adobe Stock/Dodor_Inna
Par Juliette Chaignon, publié le 24 juillet 2023
6 min

Comme Lucie, Simon, Mathieu, Florian et Louis, un peu plus de 750 jeunes de 18 à 28 ans choisissent chaque année le Canada pour réaliser leur volontariat international en entreprise. Attirés par une expérience à l’international, une expatriation facile et une qualité de vie supérieure, ces jeunes diplômés racontent.

"Je suis d’abord venue en stage et quand j’ai évoqué mon envie de rester à Montréal, une ville que j’ai vraiment bien aimée, mon entreprise m’a proposé de faire un volontariat international en entreprise (VIE)", raconte Lucie, 25 ans, en poste depuis sept mois.

Pour la volontaire en marketing dans le secteur du tourisme, ce contrat était une "opportunité facile de rester". Il faut dire que Business France, l’institution chargée des VIE, facilite l'installation : obtention du visa, achat du billet d’avion, souscription à une assurance santé, signature du contrat…

Avec des conditions si favorables, rares sont les volontaires qui ne se réjouissent pas de leur expérience canadienne. Comme Lucie, la majorité des jeunes en VIE au Canada travaillent à Montréal. En 2022, 755 volontaires se sont installés dans ce pays d’Amérique du Nord, accueillis dans 238 entreprises. Le contrat peut durer entre six mois et deux ans, souvent proposé sous la forme d’un engagement d’un an renouvelable.

Une première expérience professionnelle bénéfique avant le VIE

Mû par "l’envie de voyager et de découvrir un autre pays", Simon, 25 ans, cherchait à travailler à l’étranger depuis la fin de son double-master en mécanique, matériaux et génie civil. "Avec le VIE, tu pars en ayant déjà l’emploi, ce n’est pas comme un PVT (permis vacances-travail, NDLR). Tu gardes aussi les avantages français comme les six semaines de congés ou une fiscalité simplifiée", souligne l’ingénieur.

Simon s’y est repris à deux fois avant d’être accepté en VIE : "J’avais essayé de postuler en fin d’études aux offres du site de Business France mais je n’avais pas eu de réponse." Le diplômé en ingénierie a donc travaillé un an dans un bureau d’études avant de retenter sa chance. Son conseil : travailler un an avant de postuler. "À l’étranger, l’expérience professionnelle est plus importante que les diplômes et les stages et l’alternance ne sont pas toujours suffisants."

Viser une entreprise française

Un autre moyen de s’engager en VIE est d’être embauché dans une entreprise française ayant des activités au Canada, puis de postuler aux offres internes de VIE. "Cela facilite tout, on connaît déjà le fonctionnement de l’entreprise", précise Lucie.

Mathieu, 25 ans, a, lui, effectué une candidature spontanée auprès d'une entreprise de conseil en informatique en signalant son intérêt pour l’international. Un VIE a donc été créé pour lui. "J’ai travaillé seul pendant trois mois avant d’être rejoint par mon patron. C’est une très bonne opportunité : je fais le métier que je veux et je participe à développer l’entreprise en Amérique du Nord", ajoute Mathieu, amené à prospecter des clients de New-York ou en Floride.

Il arrive en effet que certains volontaires effectuent leur VIE seuls, chargés le plus souvent d’implanter leur entreprise sur le marché nord-américain. "Cela fait gagner en autonomie et en responsabilité, constate Simon. C’est valorisé au retour en France". Louis*, 25 ans, en VIE dans une grande banque française, apprécie lui d’être "bien suivi" avec des "points réguliers de son manager".

Vivre au Canada, un "choc culturel"

Au-delà de l'entreprise, les volontaires internationaux installés à Montréal partagent la même satisfaction : une ville vivante et très sûre avec "plein d’animations gratuites l’été", une ambiance "relax", la nature jamais très loin, la proximité des États-Unis et des Caraïbes… Un sentiment peut-être décuplé à Toronto où s'est installé Florian, 25 ans, ingénieur dans le domaine ferroviaire.

Selon lui, la ville est "plus chère" mais "il y a toujours quelque chose à faire". "Toronto, c’est plus le rêve américain, avec beaucoup de buildings", ajoute le jeune homme, ravi d’avoir côtoyé des collègues de 20 nationalités durant deux ans. "C’est encore plus multiculturel que Montréal", assure-t-il.

Au Québec, s'"il n’y a pas le choc de la langue", le "choc culturel" est bien présent aussi, note Lucie. "Cela reste très nord-américain", estime-t-elle. "Ici, tout le monde se tutoie, même les clients que l’on prospecte", s’amuse Mathieu, qui "a eu du mal à s’habituer". Louis recommande néanmoins de "ne pas arriver en terrain conquis et de s’intéresser vraiment aux Québécois".

Et pour ceux qui s'inquiètent du choc des températures, la proximité de Toronto avec le lac Ontario est un atout. La ville offre des sorties à la plage en été et la température ne descend pas en dessous de -10°C l’hiver, contrairement à l’hiver québécois et ses -30°C. L’occasion de "se mettre au ski de fond et au patin à glace", à condition "d’être bien équipé", explique Mathieu.

Avec autant de demandes d'expatriation, les places deviennent chères. Le consultant alerte sur la difficulté à trouver un logement à Montréal, plus souvent en colocation, solution deux fois moins coûteuse qu’un appartement loué seul.

Entre 2.500 et 3.000 euros d'indemnité

Seul point noir de l’expérience : une rémunération variable. L’indemnité est revue tous les trois mois. Le barème de base, autour de 2.500 euros par mois à Montréal et 3.000 euros à Toronto, est fixé par Business France mais le montant est le même pour tous les VIE d’une même zone du Canada (4 zones), peu importe le métier. Le montant varie tout de même en fonction des primes et avantages accordés par l’employeur.

"Je vis tout de même confortablement : je fais des sorties et je pars en week-end", nuance Lucie pour qui, la principale difficulté est surtout de rester loin de ses proches. Malgré l'accueil chaleureux des Montréalais, la distance semble difficile à gérer même si elle s'est promis de vivre "l’expérience à fond".

* Le prénom a été modifié.

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