Témoignage

Erasmus+ : un étudiant a testé la mobilité à distance

Erwan a effectué une "mobilité à distance" grâce au programme Erasmus+.
Erwan a effectué une "mobilité à distance" grâce au programme Erasmus+. © Photo fourni par le témoin
Par Pauline Bluteau, publié le 19 juin 2020
6 min

Pendant tout un semestre, Erwan, étudiant en master 1 à l’université de Bordeaux a participé au programme Erasmus+ Virtual Exchange. Une mobilité à distance qui lui a permis de rencontrer d'autres étudiants étrangers à travers des débats sur des sujets d'actualité. Il nous raconte son expérience.

Le programme n’a rien à voir avec la crise sanitaire actuelle et pourtant, il pourrait se développer davantage dans les prochaines années. En deux ans, la plateforme Erasmus+ Virtual Exchange a su réunir 20.000 étudiants européens. Accessible aux 18-30 ans, le dispositif permet de développer l’interculturalité "en complément de la mobilité physique".
Car tout se passe par ordinateurs interposés. Chaque semaine par petits groupes, les étudiants échangent sur des sujets d’actualité, partagent leurs opinions à travers leurs expériences et apprennent à mieux se connaitre. C’est ce qu’a vécu Erwan, 21 ans, durant sa première année de master sciences humaines et sociales, spécialité sciences politiques et sociologie comparatives, à l'université de Bordeaux (33).

Deux heures de débats par semaine

"C’est ma professeur d’anglais qui m’a proposé de participer au dispositif Erasmus+ Virtual Exchange. Je parle couramment anglais et d’après elle, je me serais ennuyé en classe. Le programme a donc remplacé mes cours d’anglais pendant le premier semestre", raconte l’étudiant. En octobre dernier, Erwan s’est donc inscrit à dix séances de deux heures chacune. Après avoir choisi les créneaux qui lui convenaient le mieux, les cours, ou plutôt "les discussions", ont commencé. Le thème abordé : le populisme et le nationalisme en Europe.

"Avant chaque séance, on doit regarder une courte vidéo, souvent une interview d’un universitaire, puis répondre à quelques questions. Cela permet de préparer la discussion et de vérifier qu’on a été attentif, détaille Erwan. Ensuite, pendant deux heures, par groupe de cinq à dix personnes, on échange sur nos idées, on se pose des questions et on partage nos expériences."
Pour éviter les débordements ou au contraire "les blancs et les malaises" comme le craignait Erwan, deux modérateurs sont présents pour animer la discussion. Aucun professeur n'y participe, les débats se font entre jeunes, étudiants ou non.

Des rencontres aussi improbables qu’enrichissantes

Au-delà des débats, les discussions sont l’occasion de découvrir d’autres personnalités. "C’est ce qu’il y a de plus intéressant dans ce dispositif. J’ai pu échanger avec un Allemand, un Italien, un Irlandais mais aussi avec des étudiants venant d’Egypte, de Syrie, de Turquie, de Gaza… Ce sont des personnes que je n’aurais peut-être jamais côtoyées autrement."
D’après Erwan, le plus important n’est pas le niveau d’anglais mais plutôt l’envie de découvrir les autres. Venant tous d’horizons différents, les débats ont été très enrichissants. "Il y avait parfois beaucoup de pertinence et d’analyse, on se posait de vraies questions. Je me souviens d’une séance sur le populisme et les frontières où nous avons assisté au débat entre l’étudiante syrienne et celle de Gaza. Cette dernière nous a aussi raconté ce qu’il se passait quand il y a eu les bombardements en début d’année. On en entendait parler aux infos mais ce n’est pas pareil que d’en discuter avec une personne qui le vit en direct."

Rien ne remplace une véritable mobilité

Malgré cela, pour Erwan, rien de vaut une mobilité physique. Il y a un an, l’étudiant est parti un semestre en Géorgie pour valider sa licence en sciences politiques. Un pays qu’il a particulièrement apprécié. "Dans l’ensemble le programme Erasmus+ Virtual Exchange est sympa mais ce n’est pas comparable avec une ‘vraie’ mobilité : dans les deux cas, d’un point de vue académique, on apprend des choses, mais une mobilité ne s’arrête généralement pas aux cours. Au contraire, quand on part, on veut pouvoir aller boire des verres avec d’autres étudiants, vivre comme les locaux et s’enrichir culturellement, ce qui n’est pas possible à distance."

À la fin de son semestre, Erwan a obtenu une note qu’il a ensuite transmis à sa professeur d’anglais pour valider son master. La présence et la participation pendant les séances sont prises en compte. "Au bout de trois absences, on est exclu du programme." À la rentrée prochaine, les établissements pourraient proposer des cours à distance à leurs étudiants internationaux, en attendant de les voir en présentiel dès que la situation sanitaire le permettra. Une mobilité hybride qui ne se fera pas via cet outil mais qui pourrait inspirer certaines écoles ou universités.

Comment participer au programme Erasmus+ Virtual Exchange

Les seules conditions pour participer au dispositif est d'avoir entre 18 et 30 ans et de faire partie d'un pays membre du programme Erasmus+ (34 pays sont concernés). Pas besoin d'être étudiant et donc de dépendre d'un établissement du supérieur. Plusieurs offres de formations sont proposées sur le site d'Erasmus+, à vous de choisir selon le temps que vous souhaitez y consacrer et votre niveau en langue.

D'après Laüra Hoskins, professeur de langues à l'université de Bordeaux, ce programme s'adresse plutôt à des étudiants ayant un niveau B2 minimum en anglais. Mais attention, cela ne remplace pas un cours universitaire. "La pédagogie n'est pas la même : ce programme peut être soit une première étape pour un étudiant qui hésite à effectuer une mobilité ou un complément, comme cela a été le cas pour Erwan, pour développer d'autres compétences (comprendre d'autres accents, prendre confiance sur sa capacité à échanger...). Pour y participer, il faut avant tout être motivé."

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