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Sciences po, Mines d’Alès, Cours Florent, etc. : le supérieur est confronté aux agressions sexuelles

Violences sexuelles dans le supérieur
Une manifestation contre les violences sexuelles dans le supérieur a rassemblé plusieurs centaines de personnes samedi 6 mars. © Teresa SUAREZ/REA
Par Cécile Marchand-Ménard, publié le 08 mars 2021
5 min

#Sciencesporcs, #Minestoo… Les répliques du séisme #Metoo se multiplient dans l’enseignement supérieur. Les élèves de ces écoles prestigieuses réclament des mesures fortes.

"Quand une première victime prend la parole, c’est plus simple de parler à son tour", explique une porte-parole de l’association Les Callisto. Le collectif créé en août 2020 a collecté 36 témoignages d’élèves du Cours Florent, relatant des faits de violences sexistes et sexuelles.

De même, depuis début février, les étudiantes des différents Sciences po prennent la parole sous le #Sciencesporcs. Relayées par le compte Instagram "memespourcoolkidsfeministes", elles exposent des faits de viols, harcèlement et agressions sexuelles. Une enquête pour viol présumé a depuis été ouverte à Toulouse, une autre à Strasbourg et deux à Grenoble pour agression sexuelle.

Une étudiante sur dix victime d’agression sexuelle durant ses études

Une étudiante sur dix déclare avoir été victime d’agression sexuelle durant ses études et une sur vingt de viol,

selon l’Observatoire étudiant des violences sexistes et sexuelles dans le supérieur (OEVSSS). "Nous ne nous faisons pas d’illusion, c’est pareil dans toutes les écoles", affirme une étudiante de l’IMT Mines d’Alès, membre du collectif Clitoliste.

Début février, ce collectif diffuse un communiqué sur les réseaux sociaux, encouragé par le #Sciencesporcs. Il fait état de sept viols et 17 agressions sexuelles, à la suite de 48 témoignages recueillis durant le premier confinement. "Le mec s’est donc permis de passer sa main sous mon tee-shirt", "Il a tenté de me forcer en me serrant les bras pour m’arrêter de bouger", lit-on sous le #Minestoo.
Dans son rapport, l’OEVSSS relève qu’une minorité des victimes déclare avoir informé son établissement d’une agression, notamment par peur de ne pas être prise au sérieux. Une porte-parole des Callisto souligne également que le prestige et l’entre-soi cultivés par certaines écoles favorisent un climat de méfiance : "beaucoup d’étudiantes sont terrifiées à l’idée de parler car elles ont peur que ça leur retombe dessus. La plupart des témoignages reçus sont ceux d’anciennes étudiantes, qui ne sont plus sous emprise, n’ont plus ce besoin de reconnaissance".

Des réactions "timides" des écoles

Face à ces témoignages glaçants, les réponses des écoles sont inégales. Jean-Louis Chaupin, secrétaire général des Mines d’Alès assure : "comme tout établissement public, nous avons des obligations. Nous avons donc informé le procureur concernant l’ensemble des témoignages reçus". Il assure par ailleurs élaborer "depuis plusieurs mois un plan d’actions pour faire de l’école un lieu sûr". Ce protocole comprend notamment la mise en place d’une interlocutrice dédiée depuis septembre 2020.
Du côté des universités, si les cellules d’accueil et d’écoute devaient être opérationnelles sur chaque campus à la rentrée 2018, leur mise en place n’est pas généralisée ni connue de tous. L'OEVSSS note que plus d'un quart des répondants déclarent ne pas savoir s’il existe dans leur établissement des structures prenant en charge ce type de situations et près d’un cinquième considèrent qu’il n’en existe aucune.
De manière générale, les campagnes de prévention et les sanctions à l’encontre des agresseurs sont jugées insuffisantes. "Les réponses de l’école sont timides car la réputation est en jeu. Nous ne travaillons pas contre elle mais pour créer un environnement sain et sécurisé pour les victimes et les élèves", explique la porte-parole des Callisto, alors que le collectif est visé par une plainte pour diffamation de la part du Cours Florent.
Frédéric Montfort, directeur de l'établissement, a déclaré dans un communiqué que "le combat contre le harcèlement est également notre combat". "À ce jour, peu de mesures sont prises. Le sujet est tellement important que les choses doivent impérativement changer plus rapidement", insiste une membre de Clitoliste.

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