Découverte

Une vingtaine d'établissements du supérieur adoptent le test Task, nouveau Toeic de l'écologie

Le test Task comporte 112 questions sur l'écologie et la solidarité.
Le test Task comporte 112 questions sur l'écologie et la solidarité. © Adobe Stock/Benoît
Par Thibaut Cojean, publié le 31 mars 2023
5 min

Alors que l'enseignement supérieur opère sa transition écologique, un nouveau test a été déployé dans 18 écoles et universités françaises, le Task. Objectif : créer, à la manière du Toeic, un outil de certification universel des connaissances des enjeux socio-écologiques pour leurs étudiants.

Le compte à rebours d'1h20 défile plus vite que les 112 questions, souvent longues et précises, sur l'écologie et la solidarité. Pour chacune, une bonne réponse à cocher parmi les quatre proposées, suffisamment soignées pour être toutes crédibles.

Depuis le 1er mars, les étudiants d'une vingtaine d'universités et d'écoles de commerce et d'ingénieurs françaises peuvent passer le test Task, qui prend la forme d'un Toeic de l'écologie. Il a été conçu par le mouvement français Sulitest, qui "part du principe que les décideurs manquent de connaissances" sur les enjeux de la transition socio-écologique, explique Pierre Schulz, responsable du déploiement de l'outil.

Un test complémentaire aux cours sur les transitions

"Task va nous permettre de créer un langage en commun, d'avoir des bases de comparaisons", annonce Jaclyn Rosebrook, responsable de la soutenabilité de Grenoble école de management. Pour les écoles, le questionnaire est avant tout considéré comme une manière universelle de certifier les connaissances. "Ce n'est pas un outil de formation mais d'évaluation, souligne Maud Chassande, responsable de la transformation écologique de l'Essec. Il faut déjà avoir les connaissances pour le passer."

Les établissements qui le déploient ont donc en commun d'avoir déjà opéré la transformation de leurs grilles de programmes pour y inclure la transition écologique. Les écoles d'ingénieurs Junia ont, par exemple, développé un outil de formation en ligne sous la forme d'un jeu vidéo, où les étudiants, plongés sur la Terre de 2040, passeront de monde en monde pour explorer les enjeux de transitions, de climat ou de biodiversité. "Task sera leur évaluation à la fin du premier monde", explique Franck Chauvin, responsable RSE du groupe.

À l'université Paris-Saclay, Task sera également considéré comme un outil complémentaire. "De la même manière qu'on enseigne l'anglais et pas le Toeic, il n'est pas question d'avoir un enseignement adapté à Sulitest", explique Laurent Audouin, chargé de mission auprès de la vice-présidence développement soutenable.

Approche systémique de l'écologie

À l'unanimité, les responsables de formation saluent la "robustesse" du questionnaire, rédigé par une dizaine d'experts. Les 112 questions du test sont puisées aléatoirement dans un vivier de plusieurs centaines, qui ne s'arrêtent pas à la compréhension du climat ou du système Terre. Elles font également le tour des accords internationaux, des migrations climatiques, de l'adaptation, des inégalités sous toutes leurs formes ou encore de la justice climatique.

"Beaucoup d'autres enjeux sont reliés au climat, justifie Pierre Schulz. Les interconnections sont mises en valeur, pour une compréhension systémique des enjeux et non en silos." Un gage de qualité pour Franck Chauvin, mais aussi un gain de temps : "Task donne une vision globale qui aurait nécessité du temps en interne, car nous ne sommes qu'ingénieurs."

Task comptera-t-il dans les diplômes ?

À la manière du Toeic dans les écoles de commerce, cette certification deviendra-t-elle incontournable pour décrocher son diplôme ? Certains référents y voient une bonne idée, mais devront discuter de cet arbitrage avec les directions académiques de leurs écoles. Rien d'urgent : dans la plupart des cas, atteindre l'objectif donné de 75% d'étudiants certifiés prendra quelques années.

L'Essec envisage aussi de faire passer le test deux fois, à l'arrivée dans l'école puis à la fin du parcours, pour mesurer la progression des étudiants. Selon Maud Chassande, "c'est plus pertinent que de demander un score minimal, car certains étudiants partent de très haut".

La question de la certification du test n'est pas unanime. Par exemple, l'Ecole nationale des Ponts ParisTech ne souhaite pas conditionner le diplôme au passage de Task. "Les connaissances sont utiles, mais pas suffisantes, on ne veut pas omettre les approches par compétences", justifie Emeric Fortin, responsable des formations au développement durable.

Un nouveau tests à valoriser sur un CV

Quant aux universités, "la loi [les] contraint, rappelle Laurent Audouin. Task n'a pas vocation à faire partie d'un diplôme universitaire." Mais puisque les étudiants pourront y passer le test un nombre illimité de fois, il sera "un moyen de se tester, de se challenger, de voir où ils en sont et de se mesurer aux autres".

Dans tous les cas, Task "sera valorisable sur les CV et les pages LinkedIn de ceux qui l'auront passé", rappelle Jaclyn Rosebrook, qui admet qu'elle n'était pas convaincue au départ. "J'ai été convertie, car cet outil garantit une base minimum de compréhension des enjeux et aucun dirigeant ne pourra dire ensuite qu'il ne savait pas."

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