Enquête

Crise économique : comment les diplômés de 2009 s’en sont sortis ?

En 2009, 36% des jeunes titulaires d'un bac+4/5 étaient à la recherche d'un emploi.
En 2009, 36% des jeunes titulaires d'un bac+4/5 étaient à la recherche d'un emploi. © LIGHTFIELD STUDIOS / Adobe Stock
Par Etienne Gless, publié le 06 mai 2020
6 min

Diplômés 2020, découvrez comment vos aînés diplômés en 2009 ont fait face à "la pire récession économique depuis l’après-guerre", causée par la crise des subprimes. Petit coup d’œil dans le rétroviseur pour savoir ce qui vous attend et quelles concessions vous devrez peut-être envisager de faire pour entrer en emploi. Mais rassurez-vous : un diplôme protège toujours fortement du chômage.

Diplômés en 2020, la pandémie de coronavirus mettant un coup d'arrêt général à la bonne marche de l'économie, vous vous imaginez déjà comme la nouvelle "génération sacrifiée" ?

Petit coup d’œil dans le rétroviseur pour savoir ce qui vous attend, même si l’histoire n’est écrite nulle part et ne se répète pas. Déjà, en 2009 et 2010, vos aînés affrontaient "la pire récession économique depuis l’après-guerre" ! Lors de cette récession, liée à la crise financière mondiale de 2008, la situation des diplômés entrés sur le marché du travail s’était fortement dégradée. Quelles leçons en tirer ?

En 2009 : hausse du nombre de jeunes diplômés bac+4/5 en recherche d’emploi

L’Agence pour l’emploi des cadres (APEC), qui fait partie du service public de l’emploi (avec Pôle emploi et les missions locales), avait mené, en 2010, une enquête auprès des jeunes diplômés bac+4/5 de 2009. L’entrée sur le marché du travail s’était avérée beaucoup plus difficile pour cette promotion confrontée à un retournement de conjoncture majeur.

Conséquence d’une météo économique épouvantable, 30% des jeunes diplômés étaient à la recherche de leur premier emploi en 2010, contre 25% en 2009. Si l’on y ajoute les jeunes qui cherchaient déjà un second emploi après un CDD ou une mission courte, ce sont au total 36% des jeunes titulaires d'un bac+4/5 qui étaient en recherche d’emploi (soit 4 points de plus que la promotion diplômée en 2008).

Dans ces circonstances, la durée de recherche d’emploi s’allonge : 5,8 mois en moyenne pour la promotion 2009 contre 5,4 pour la promotion précédente. Les postes disponibles se raréfiant, les jeunes sortants de la promotion 2009 se trouvaient même en concurrence avec des diplômés de l’année précédente, plus expérimentés qu’eux.

Les diplômés de grandes écoles, mieux insérés ?

La situation était un peu meilleure pour les jeunes diplômés des grandes écoles membres de la Conférence des grandes écoles (CGE). Après une très bonne année 2008, la plupart des indicateurs avaient marqué le pas en 2009 et confirmé leur tendance à la baisse en 2010 tout en restant à de hauts niveaux malgré la crise économique qui affectait tous les secteurs.

Ainsi, 76,4% des jeunes diplômés (ingénieurs ou managers) 2009 ont trouvé un emploi dans les deux mois après leur sortie de l’école. Une baisse de 7 points par rapport à la promotion 2008 : 83,3% étaient en emploi moins de deux mois après l'obtention de leur diplôme.

Les diplômés 2009 ont dû faire des concessions pour décrocher un poste : davantage de contrats précaires, des salaires moindres. Ainsi, 71,4% de diplômés 2009 étaient en CDI contre 78,9% des diplômés 2008 (-7,5 points). Le salaire annuel moyen était en léger recul : 32.006 € pour les diplômés 2009 d’une école de la CGE contre 32.750 € pour la promotion 2008.

Le cas des diplômés ingénieurs

Selon une enquête de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (Cdefi), le salaire brut annuel médian des jeunes ingénieurs diplômés en 2009 atteignait 31.500 €. Une baisse de 500 € par rapport à la promotion précédente (-1,56%). Les jeunes ingénieurs de la promotion 2009 ont été plus nombreux à accepter un CDD : 29% contre 23 l'année précédente (-6 points). Si les trois quarts des jeunes ingénieurs avaient trouvé un CDI en 2008, en 2009 ils n’étaient plus que 64% (-15 points).

Les sans diplômes, premières victimes de la crise

Rassurez-vous, un diplôme de l’enseignement supérieur continue de protéger largement du chômage. Et sur le long terme, l’effet de la crise économique n’est pas stigmatisant pour votre carrière : dès que la conjoncture s’améliore un peu, le rattrapage s’effectue assez rapidement en termes de salaire comme de statut et de conditions d’emploi.

Les principales victimes de la précédente récession furent les jeunes sans qualification. 700.000 jeunes étaient sortis du système de formation initial il y a 10 ans. 2 sur 10 étaient sortis sans diplôme ou avec juste le niveau du diplôme national du brevet, 4 sur 10 avaient un diplôme de l’enseignement secondaire (CAP, bac…) et 4 sur 10 un diplôme de l’enseignement supérieur. Seulement 10% des diplômés de l’enseignement supérieur étaient au chômage contre 46% des jeunes sans diplôme, 27% pour les diplômés d’un CAP et 18% pour les titulaires du bac. En 2020 aussi le diplôme restera votre meilleur passeport pour trouver un emploi !

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