Enquête

Jeunes diplômés : 7 réflexes pour trouver un emploi en pleine tempête économique

Découvrez plusieurs conseils si dans quelques mois vous allez vous lancer dans le monde du travail.
Découvrez plusieurs conseils si dans quelques mois vous allez vous lancer dans le monde du travail. © Pixel-Shot / Adobe Stock
Par Etienne Gless, publié le 07 mai 2020
10 min

2019 aura été la dernière année faste pour l’emploi des jeunes diplômés. La crise sanitaire et économique chamboule les projets des diplômés arrivant sur le marché du travail en 2020. Témoignages et stratégie de survie pour affronter un monde du travail en mode dégradé.

"Mon contrat de stage se finit en mai. Après je n’aurai plus d’emploi et il n’y a pas d’embauche. Je ne sais pas trop ce que je vais faire".

Comme des dizaines de milliers de jeunes diplômés 2020, Félix ingénieur en fin d'études, est inquiet et dans l’incertitude complète pour son entrée dans la vie active (voir encadré).

L’arrivée en septembre prochain sur le marché du travail des diplômés 2020 s’avère épouvantable. 500.000 emplois détruits en France au premier trimestre 2020, gel des recrutements, taux de chômage qui pourrait bondir en France de 8,1% début 2020 à 11,5% en fin d'année passant de 2,7 à 4 millions de chômeurs... Que faire pour lancer malgré tout votre carrière dans les mois qui viennent ? L'Etudiant a identifié 7 pistes auprès des spécialistes du recrutement.

1- Décalez votre entrée sur le marché du travail et suivre une formation

Le marché de l'emploi s’annonce très dur de juillet à décembre prochain. Pourquoi ne pas poursuivre un cursus de formation durant 6 mois pour n’arriver sur le marché du travail qu’en janvier ou février 2021 quand il commencera à rebondir ? Vous pouvez envisager de suivre une formation complémentaire à votre formation principale et ainsi vous spécialiser davantage, ce qui constituera un plus face à d’autres candidats.

Autre tactique : décrocher un nouveau stage ou une alternance de quelques mois qui vous donneront toujours de l’expérience professionnelle et faciliteront l’obtention d’un poste par la suite. Beaucoup d’entreprises vont continuer à assurer leur rôle de formateur et proposer un volume important d'offres de stages et d’alternances. D'autant que les employeurs font le calcul qu’un stage gratifié ou un apprenti rémunéré en pourcentage du Smic reviennent toujours moins cher qu’un jeune diplômé !

2- Intégrez le principe de réalité

Vous êtes diplômé d'une grande école de commerce et vous ne jurez que par un poste de marketing dans le luxe chez LVMH, Kering ou L'Oréal ? Peut-être va-t-il falloir réviser vos prétentions à la baisse. "Attention à ne pas se laisser bercer par ses rêves. Vous aurez vite fait de perdre 8 ou 9 mois de votre vie professionnelle à ne jamais trouver le job idéal ou trouver un poste en CDD, en intérim et mal payé au lieu de se réorienter vers des voies d’emploi plus ouvertes", prévient Sacha Kalusevic directeur senior chez Page Personnel. "Beaucoup de jeunes diplômés qui arrivent n’ont entendu parler que d’années fastes pour l’emploi des jeunes diplômés depuis près de 10 ans. C’est fini".

Le recruteur voit deux obstacles internes à surmonter pour la nouvelle génération qui arrive en 2020 sur le marché du travail : primo, croire que leur insertion professionnelle sera aussi facile que leurs aînés. Secundo, faire passer la quête de sens et de valeur dans leur travail avant le principe de réalité. La quête d’un job qui a du sens était la grande tendance manifestée par les étudiants AVANT la crise sanitaire. Ne la perdez pas de vue mais redescendez sur terre : les précédentes promotions avaient le vent dans le dos, vous vous le prenez en pleine face !

3- Moins d’offres ? Faites plus de candidatures !

Avant la crise du Covid-19, beaucoup de jeunes candidats étaient appelés directement par les cabinets de recrutement ou les employeurs dont certains devaient faire la danse du ventre pour les séduire. De leur côté les candidats postulaient avec parcimonie. Fini de faire le difficile ! Vous devez changer rapidement d’approche. Plutôt que de postuler au cas par cas uniquement auprès d’entreprises qui vous plaisent, il faut changer de stratégie et miser sur un volume plus grand de candidatures.

"Comme il y aura moins d’offres de postes, vous devez multiplier les candidatures pour augmenter vos chances d’être vu", explique Sacha Kalusevic. "Plus vous serez vus plus vous aurez de chances d’être appelé et convoqué à des entretiens. Plus vous ferez d’entretiens plus vous maximiserez vos chances d’être au final embauché. C’est mathématique". Donc postulez aux offres régulièrement voire tous les jours et misez sur une stratégie de volume.

4- Orientez-vous vers un métier qui va recruter davantage

La stratégie du virage sur l’aile peut être payante. Si vous avez suivi une formation spécialisée en marketing, les offres risquent de ne pas être légions dans les mois qui viennent. Pourquoi ne pas se spécialiser dans la vente où il y aura toujours de l’emploi. "Donnez une connotation plus orientée commerciale à votre CV", préconise Sacha Kalusevic.

D'autres secteurs vont continuer à recruter des volumes importants de jeunes diplômés : si vous avez une spécialité en finance pourquoi ne pas négocier un virage vers les métiers de l’audit, un secteur de l’économie toujours très actif même en période de crise

. Les métiers de la comptabilité et de la gestion ne sont pas toujours des métiers rêvés ni de passion mais ils recrutent en permanence : période économique faste ou vaches maigres, on n’a toujours besoin de compter les sous !

5- (Ré)apprenez à vous vendre

Le rapport de force s’est inversé entre le candidat et le recruteur ! Dans le monde d’avant, il n’était pas rare que l’entreprise doive séduire l’étudiant, futur jeune diplômé, pour venir signer et travailler chez elle. Dans le monde d’après vous devrez davantage faire l’effort de vous "vendre" aux recruteurs. "Ce qui fera la différence entre deux jeunes diplômés qu’on souhaite embaucher sera sa capacité à démontrer son engagement, à travailler, son envie de s’investir et de réussir", prévient Sacha Kalusevic. Dans votre recherche d’emploi gardez du temps pour peaufiner votre profil LinkedIn, vous entraîner aux entretiens et soigner votre pitch de présentation.

6- Fixez-vous une date limite pour décrocher le job de vos rêves

Vous n’êtes pas du genre à faire des concessions ? Vous souhaitez un job qui a du sens et en phase avec vos valeurs ? "Dans ce cas, fixez-vous une deadline de 3 ou 6 mois pour voir si votre CV 'accroche ou pas' et trouver l’emploi de vos rêves dans le domaine que vous souhaitez et investissez vous à fond dans sa recherche", conseille le recruteur de Page Personnel. "Mais soyez capable après avoir cherché 3 ou 4 mois dans le marketing ou l'événementiel sans trouver, de stopper votre recherche et de vous orienter vers une seconde voie, un segment de marché qui recrute à coup sûr comme la vente. Cela vous permettra plus tard de rebondir vers le poste que vous souhaitez".

Encore une fois ne perdez pas 8 ou 9 mois pour réaliser que vous ne trouverez pas le poste idéal. "Vous risquez d’être en décalage par rapport aux autres candidats", prévient Sacha Kalusevic. Le chemin le plus court vers l’épanouissement professionnel n’est pas forcément la ligne droite !

7- Envisagez des plans alternatifs comme l’entrepreneuriat

Beaucoup d’entreprises sont créées pendant les périodes de crise : il s’agit souvent de créer son propre emploi pour des personnes qui ont perdu le leur. Rejoindre une start-up ou se lancer dans la création de sa propre activité en période de crise peut être une solution si vous avez des envies d’entrepreneuriat. N'hésitez pas à faire appel à la cellule entrepreneuriat ou l'incubateur de votre école quand ils existent. La période est difficile mais créer votre structure dans les mois qui viennent vous permettra de profiter à fond de la période de rebond quand la croissance repartira.

Félix, ingénieur en fin d'études : "Je vais peut-être devoir accepter un job qui ne correspond pas à mon projet"

"Je viens de finir mon stage de fin d’études et je me demande ce que je vais faire : mon contrat de stage se finit en mai. Après je n’aurai plus d’emploi et il n’y a pas d’embauche". L’avenir professionnel est incertain pour Félix, ingénieur en fin d’études à UniLaSalle à Beauvais, qui termine un double diplôme en éco conseil à l’université du Québec à Chicoutimi.
"Avec toute ma promo on se demande ce qu’on va faire. On n’a pas trop de pistes", poursuit Félix. "J’attends de voir comment va évoluer la situation. L’économie va-t-elle tourner au ralenti durant 2 ou 3 mois, un an voire toute l’année 2021 ? ll y a de grandes chances qu’il y ait une récession et donc moins d’embauches.
Je souhaitais travailler au Canada mais je me pose la question de rentrer en France, me rapprocher de ma famille et de mes amis pour me sentir plus en sécurité en attendant de voir comment les choses tournent. Je vais peut-être devoir accepter des jobs qui ne correspondent pas à mes projets. Mieux vaut avoir quand même un emploi même si ça ne correspond pas vraiment à ce que je veux faire plutôt que d’attendre sans avoir de travail."

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