Portrait

Les débuts de Sophie, jeune diplômée dentiste

Par Virginie Bertereau, publié le 27 février 2009
1 min

Sophie Sarrazin n’a pas le look d’une arracheuse de dents. Et pourtant… Cette jeune femme de 26 ans est bel et bien chirurgien-dentiste à Gradignan (33). Après un bac S obtenu en 2000, Sophie rejoint la fac Bordeaux 2 en PCEM1 (première année du premier cycle des études médicales) pour étudier la masso-kinésithérapie. "On m’avait dit que la filière médecine était réservée aux meilleurs élèves. Finalement, la formation de kiné demande autant de travail… En arrivant à l’université, je me suis sentie perdue. Je venais d’un lycée privé où j’étais très encadrée. J’ai échoué". Pour sa deuxième PCEM1, l’étudiante voit plus large et s’inscrit également aux concours de médecine et d’odontologie (l’étude et le traitement des dents). "Cette fois-ci, j’ai été admise en kiné et dentaire. J’ai choisi dentaire car je préférais faire de longues études".

Des remplacements pour débuter


En fin de cinquième année, Sophie obtient son CSCT (certificat de synthèse clinique et thérapeutique), ce qui lui permet d’exercer. Au cours de sa sixième et dernière année d’études, la jeune femme commence ainsi à remplacer des chirurgiens-dentistes en congés. Des remplacements d’une journée, d’une semaine, de quinze jours... "C’est très courant pour débuter. On trouve ces postes grâce au bouche-à-oreille, au conseil de l’Ordre (qui établit une liste d’annonces), à la presse spécialisée ou à Internet. En l’occurrence, j’ai consulté dentiste-remplacant.com, un site créé par le docteur Laurent Dussarps, alors assistant hospitalo-universitaire à la fac de Bordeaux". Une rencontre importante dans le parcours de la dentiste. "Je l’ai remplacé à son cabinet le temps d’une garde le 15 août 2006. Ensuite, une fois ma thèse soutenue en septembre 2007, il m’a proposé une collaboration". La jeune femme n’a pas connu de période d’inactivité. "En général, quand on veut trouver un remplacement ou une collaboration, on en trouve. Parfois, il suffit juste de changer de coin".

Découverte du terrain


Ainsi, lorsque le docteur Dussarps est absent, Sophie prend le relais. "Je travaille à mi-temps. Je ne détiens pas de part dans le cabinet comme on peut en avoir en tant qu’associé. Je reverse 40 % des bénéfices que je touche pour la location du matériel et l’utilisation du fauteuil. Cette façon de travailler permet de découvrir le terrain en douceur. Certains diplômés s’associent en sortant de la fac, mais ce n’est pas facile. Au début, on ne sait pas comment fonctionne un cabinet. D’autre part, si – pour une raison ou pour une autre – j’ai envie de partir, il suffit que je fournisse un préavis de trois mois. Revers de la médaille : je suis sur un siège éjectable". Par rapport aux remplacements ponctuels, la collaboration permet également de suivre les patients sur le long terme (donc de les fidéliser) et de réaliser des actes plus intéressants.

Sans filet


Sophie est dentiste "généraliste" : elle pratique tous les soins dentaires, y compris les plus ardus comme les extractions de dents. "Aujourd’hui, je suis plus à l’aise qu’à mes débuts même si j’ai encore beaucoup de choses à apprendre ! La fac nous forme bien, mais sur le terrain on doit travailler sans filet. Nos décisions ne sont validées par aucun professeur. Il faut avoir confiance en soi et montrer au patient que l’on sait ce que l’on fait". Autres difficultés que la jeune femme a dû affronter : remplir la paperasse ("on ne s’en rend vraiment compte que dans le feu de l’action") et créer sa patientèle. "Il existe deux types de collaboration : celles qui sont déjà créées et celles où tout est à faire. Ce fut mon cas. Au début, il m’est arrivé de ne soigner que deux patients dans une matinée…".
Aujourd’hui, Sophie touche des gains variables selon les mois. "En janvier 2009, par exemple, j’ai fait 6.000 € de chiffre d’affaires. Si on déduit les 40 % alloués au docteur Dussarps et les charges (retraite, taxe professionnelle, URSSAF…), j’ai gagné 1.700 €. En remplacement, je touchais davantage car je n’avais pas de charges à payer. Par exemple, lorsque je suis partie travailler un mois à la Réunion en janvier 2008, j’ai empoché 4.000 €".

Un avenir (quasi) assuré


Les chirurgiens-dentistes peuvent rester longtemps en collaboration. "Mais c’est sûr que c’est mieux d’être propriétaire d’un bien", reconnaît Sophie. "Pour l’instant, je continue d’apprendre. Ensuite, on verra ! Je pourrai créer un cabinet, en reprendre un ou m’associer. C’est ce que font la plupart des dentistes. Aujourd’hui, au niveau national, on dénombre plus de départs à la retraite que de jeunes qui arrivent sur le marché. Il n’y a donc pas d’inquiétude à avoir…".

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