Stages, apprentissage, emploi : comment les universités vous arment durant la crise sanitaire
Dans les universités, les services d’aide à l’insertion professionnelle s’adaptent à la situation sanitaire pour accompagner les étudiants dans leurs recherches de stage et les jeunes diplômés dans celles du premier emploi. Le tout en essayant de vous remobiliser si le moral n’y est plus !
"À la fin du confinement nous avons vu arriver les demandes des futurs diplômés qui terminaient leur parcours en juin. Ils étaient paniqués à l'idée que beaucoup d’entreprises allaient peu recruter et que le marché de l’emploi tournait au ralenti", observe Géraldine Ludger, responsable du service Orientation et insertion de l’Université de Paris.
Pour eux, l'université a déployé un cycle d’accompagnement renforcé d’une semaine. Baptisée "semaine de la transition vers l'emploi", l'opération consistait en deux à trois ateliers quotidiens de coaching intensif pour préparer leur insertion. "Elle a été renouvelée à la rentrée pour les diplômés du mois de septembre".
Recherches de stages difficiles, départs à l'étranger repoussés, perspectives d'insertion sur le marché de l'emploi limitées... alors que la crise s'installe cet automne, les universités adaptent leur accompagnement, plus individualisé et souvent à distance.
Ateliers "recherche d'emploi" et forums entreprises sous de nouveaux formats
"Booster son CV et sa lettre de motivation", "Réussir son entretien de recrutement", "Trouver un stage", "Utiliser les réseaux sociaux pour sa recherche d’emploi"… À l’Université de Tours, la maison de l’orientation et de l’insertion professionnelle a fait basculer beaucoup d’ateliers en distanciel, mais d’autres restent maintenus en "présentiel", en petits groupes. Idem à l'Université Savoie Mont-Blanc : "Nous maintenons notre traditionnelle semaine 'Emploi entreprise', coorganisée par le BAIP (Bureau d'aide à l'insertion professionnelle) et le Club des entreprises", explique Laurent Guichard, vice-président en charge de la formation et de l’orientation.
Plus possible de faire venir 300 professionnels sur place ? L'événement de grande ampleur s'adapte aux contraintes sanitaires et bascule en mode distanciel du 16 au 19 novembre, sur les trois campus de l'université : "Nous mobilisons 25 intervenants professionnels pour deux conférences par jour et par campus, précise Laurent Guichard. De même, nous maintenons le forum des stages et le job dating dédié à l'alternance".
"Notre posture face à la crise c'est d'être dans la continuité et l’adaptation plutôt que dans la communication de crise. Tous les événements qui rythmaient l’année trouvent leur déclinaison à distance. Nous continuons d’accompagner les jeunes vers l’emploi. Nous adaptons les procédures mais sans dramatiser les enjeux".
Accompagner, c'est aussi rassurer étudiants et jeunes diplômés
Les services d'insertion professionnelle des universités accordent aussi plus d'importance à la dimension psychologique. "Avec la crise sanitaire, beaucoup d'étudiants et diplômés sont fragiles psychologiquement. Le fait de ne plus aller en cours, de ne plus rencontrer leurs camarades les a isolés et fragilisés", explique encore Géraldine Ludger.
Les ateliers collectifs ou l'accompagnement individuel intègrent cette dimension psychologique et proposent de la remobilisation : avant de commencer le travail intensif sur la thématique du CV, de la lettre de motivation ou de la préparation à l’entretien, les animateurs consacrent du temps à l'écoute : "Comment allez-vous ? Comment vivez-vous les choses actuellement ?"
Un questionnement qui permet de mettre à jour les inquiétudes et de proposer des solutions et remobiliser les étudiants. "Beaucoup de questions portent sur le manque d'expérience : le stage a été réduit, remplacé ou annulé, comment se présenter face à un recruteur ? Nous leur montrons que même en l'absence de stage, ils ont développé des compétences transférables tout au long de leur cursus : les étudiants de master, en particulier, ont effectué des jobs étudiants durant leur cursus, fait partie d’associations, organisé des voyages de groupe le weekend... Ils réalisent que l’expérience acquise n’est pas seulement l’expérience académique !" Tout ceci compte dans une candidature.
De plus en plus, les universités essaient de créer un réseau d’anciens. L’université Sorbonne-Paris Nord s’est ainsi dotée au printemps 2020 d’une plateforme 'Alumni' pour soutenir l’insertion professionnelle de ses futurs diplômés. L'université d'Aix-Marseille a lancé son réseau en 2019. Au départ, la plateforme en ligne comprenait cinq composantes pilotes qui disposaient déjà d’un réseau Alumni propre : la faculté de pharmacie, l’IUT, l’institut d’administration des entreprises (IAE), Polytech Marseille et la faculté de droit et de sciences politiques. "Mais progressivement toutes les composantes de l’université ouvrent la leur", précise Nathalie Teissier, enseignant-chercheur et chargée de projet. L'université aussi a de puissants réseaux pour votre insertion !