Décryptage

Canicule, crise énergétique : quelle est la bonne température pour étudier ?

Pour l'hiver prochain, le gouvernement recommande de ne pas chauffer à plus de 19°C en raison de la crise énergétique.
Pour l'hiver prochain, le gouvernement recommande de ne pas chauffer à plus de 19°C en raison de la crise énergétique. © Adobe Stock/martinprague
Par Dorothée Blancheton, publié le 19 septembre 2022
5 min

Entre la canicule et les restrictions de chauffage dues à la crise énergétique, la température dans les classes joue aux montagnes russes. Des conditions loin d’être idéales pour étudier...

Cette année, avec la canicule, le thermomètre a vu rouge. Et les salles de classes ont affiché des températures records. "Ma classe est située au dernier étage, plein sud, sans volet. En été, la température y monte très vite au-dessus de 30 degrés", explique Marie-Laure, professeur de physique-chimie en Normandie. Et pourtant, la région n’est pas la plus touchée. Stéphane*, enseignant en Occitanie, se souvient avoir eu 34 degrés dans la sienne.

A contrario, pour l'hiver prochain, le gouvernement recommande de ne pas chauffer à plus de 19°C en raison de la crise énergétique. "Dans les salles exposées au nord au rez-de-chaussée, c'est supportable l'été mais il fait froid en hiver ! Si les salles du haut sont chauffées à 19°C, ça veut dire qu'il fait 14 ou 15 dans les salles du bas", déclare Marie-Laure.

Des bâtiments mal adaptés

Les bâtiments scolaires ne sont pas adaptés. L’air y circule mal et les fenêtres situées dans les étages s’ouvrent très peu pour des raisons de sécurité. Certains cours sont dispensés dans des préfabriqués. Rares sont les établissements qui disposent de ventilateurs.

"Dans un département voisin, un collège tout neuf a dû fermer quelques jours tellement la chaleur dans les classes était insupportable. Je crois que les fenêtres avaient des malfaçons", confie Stéphane. Pour étudier ou passer un examen, Grégory, professeur de français dans la Manche, reconnaît que "c’est très gênant. Mais qu’il fasse chaud ou froid, je n’ai jamais vu de mesures particulières. Le mot d’ordre c’est de tenir bon", ajoute-t-il.

Des inégalités face aux températures

Cela a un impact sur les conditions d'études. "Les élèves ont peu d'énergie et ont du mal à se concentrer", témoigne Marie-Laure. Stéphane se rappelle même d’élèves ayant fait des malaises il y a quelques années.

La température des bâtiments comporte aussi un enjeu d'égalité : passer son bac quand il fait 22°C à Brest ou 28°C à Toulouse n’offre pas les mêmes conditions de réussite. "Si le confort thermique n’est pas optimal, ça génère plus d’inconfort, de difficulté à se concentrer, explique Dr Alice Desbiolles, médecin de santé publique. Ça ne permet pas de se sentir bien ni d’être dédié à sa tâche car ça demande une consommation d’énergie plus importante pour maintenir l’équilibre de sa température interne."

20°C, température idéale pour étudier

Le Code du Travail n’évoque pas de température limite pour travailler. Toutefois la norme ISO 7730:2005 relative au confort thermique recommande une température entre 20 et 22°C dans les bureaux. Lorsqu’elle est supérieure à 30°C, l’INRS (l'institut national de recherche et de sécurité) estime qu’elle présente un risque pour les salariés exerçant une activité sédentaire et un danger au-dessus de 33°C.

"La température optimale pour étudier peut dépendre aussi des individus, du nombre de personnes dans la pièce, du genre... La température optimale pour les femmes est un petit peu plus élevée que pour les hommes, mais on est aux alentours de 20 degrés", confirme le médecin, auteure de "L’éco-anxiété : vivre sereinement dans un monde abîmé" (éd. Fayard).

Quelles solutions ?

Dans cette délicate équation, la chaleur est plus problématique que le froid. Alors pour l’éviter, faut-il faire cours dehors à l'ombre ? Pas forcément, car en période de canicule, la température est parfois plus supportable à l’intérieur. "Souvent dans les écoles, il y a très peu d’ombrage c’est contre-productif d’aller étudier dehors. Mais s’il y a de l’ombre et que les élèves sont à l’abri des UV, ça peut être une solution", estime le Dr Desbiolles.

Le principal levier reste la qualité des bâtiments scolaires, leur isolation, ainsi que la végétalisation des cours d’école. En attendant, chacun doit bien s’hydrater en cas de grosse chaleur et se couvrir davantage pendant l'hiver pour ne pas trop monter le chauffage.
*Le prénom a été changé

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